Initiative : Philippi Music Project

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La musique c’est l’arme du futur (Fela Kuti)” ! Cette citation de l’inventeur de l’afrobeat sonne comme une prédiction, notamment quand, au milieu de Cape Town, un noir sud-africain et un blanc originaire de Bretagne s’associent pour libérer la créativité effervescente des townships via la création d’un studio d’enregistrement professionnel dans un conteneur recyclé

L’initiative est singulière et tout autant respectable. Si Fela parle d’arme, les créateurs du Philippi Music Project préfèrent ne pas s’attarder sur le modèle quasi obsolète de l’industrie musicale, et n’entendent pas non plus le révolutionner. En revanche leur combat se résume simplement : comprendre les évolutions et s’adapter en faveur de la créativité ; connecter les gens pour favoriser l’apprentissage et le développement des talents dans les communautés locales ; permettre aux musiciens des townships d’utiliser une infrastructure professionnelle sur leur terrain et de le faire savoir… Ceux qui survivent ne sont pas les plus forts mais ceux qui savent s’adapter.

 

Cette belle histoire débute en 2014. Sibusiso Nyamakazi, écrivain, MC et Musicien de 24 ans est impliqué dans plusieurs projets d’’élévation sociale, au sein et autour de la communauté de Philippi. Il rencontre des étudiants en innovation sociale de l’Université de Cape Town et sympathise rapidement avec Baptiste Guillemet, jeune diplômé de l’ESSEC Business School et coorganisateur du festival Sachô Galiero en Limousin.

 

Sibusiso Nyamakazi & Baptiste Guillemet – Philippi, Cape Town © Lena Posch

 

Afin d’évaluer combien de personnes ont besoin d’aide, ils créent en 2014 un concours de musique qui donne naissance à “Reclaiming The Bass”, une compilation éclectique de dix titres (pour une centaine de participants). Le constat est clair : d’une part l’énergie et la créativité des jeunes artistes des townships est bouillonnante, d’autre part il n’y a encore aucune structure pour les enregistrer et les promouvoir…

 

Ceux qui désirent se produire doivent dépenser beaucoup d’argent (sortir du Township, louer un studio et son ingénieur…) et n’ont pas toujours le bon réseau, sans parler de l’accueil. La vision de ces deux jeunes est alors simple et efficace : leur offrir une plate-forme pour qu’ils puissent apprendre, produire, échanger et ils l’espèrent, connecter leur plate-forme à l’écosystème musical du Cap pour combler le fossé avec les autres cantons… Ainsi naquit le “Philippi Music Project” (PMP).

 

 
En 2015, ils trouvent un emplacement idéal dans le centre d’affaires sécurisé de Phillipi village : un conteneur recyclé de douze mètres de long. Après de nombreux voyages ces conteneurs ont souvent une deuxième vie en devenant des habitations, des résidences universitaires.

 

 

Ce local leur est attribué, il est parfait pour la suite de leur projet mais a besoin d’être converti et équipé aux normes avant de devenir le studio d’enregistrement professionnel rêvé. Le PMP a déjà reçu plusieurs soutiens et établit quelques partenariats, et l’équipe a récemment lancé une campagne de crowdfunding sur IndieGoGo. Cet argent doit servir aux travaux d’isolation, d’insonorisation ainsi qu’à l’achat et l’installation de matériel (micros, casques, table de mixage, carte son, logiciels…).

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
Le projet recense de nombreux artistes, talentueux et sérieux, et tous souhaitent utiliser un matériel adéquat, mais aussi apprendre à s’en servir, puis à transmettre. Avec le Philippi Music Project, Sibusiso Nyamakazi et Baptiste Guillemet souhaitent :
  • distribuer 840 heures de temps de studio pour un tarif abordable.
  • accueillir 500 artistes issus des townships dans le studio
  • accueillir 250 artistes aux ateliers et aux Masterclass
  • organiser 12 évènement dans les townships
  • accueillir 1800 personnes aux évènements, dont 50% extérieurs aux townships
  • récolter des évènements près de  4300 Euro (boissons, nourriture, transport…)

 

Sibusiso Nyamakazi travaille à temps plein pour PMP, d’autres ont rejoint l’équipe : Lena Posch s’occupe du design, de la vidéo et Ludwig Peter donne un coup de main pour le financement participatif, ils ne leur manquent que votre soutien ! Cette campagne se termine le 24 juin, si toutefois vous ne pouvez pas les soutenir financièrement, partagez et parlez en afin que leur projet puisse exister.

 

Leur rêve ? Développer d’autres studios professionnels dans des conteneurs recyclés (parfois mobiles) pour permettre à plus d’artistes isolés de s’exprimer via l’apprentissage et la création.
Notre rêve : que PMP soit une référence pour s’étendre à d’autres Townships, mais aussi à d’autres pays où de nombreux artistes isolés seraient bien heureux d’avoir ce genre de structure et d’encouragements sous la main !
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