Avec Pohreb, paru le 2 septembre 2025 sur le label slovaque Mappa, Richard Hronský transforme ses souvenirs en un rituel sonore. Bruits domestiques, chants d’oiseaux, orgue, fujara et voix se croisent dans une cérémonie intime où chaque son devient gardien de la mémoire
À travers cet album, Hronský explore le deuil non comme une fin mais comme une résonance persistante. Entre archives personnelles et paysages sonores et ambient, il invite l’auditeur·ice à une méditation universelle sur le temps, la disparition et la transmission. L’expérience déborde du cadre familial pour toucher un territoire partagé, celui où nos absences s’accompagnent de beauté…
Échos de la maison

Craquements de parquet, souffle d’appareils, enregistrements accumulés depuis l’adolescence : ces fragments constituent la trame de Pohreb. L’album s’écoute comme on feuillette un album photo, mais ici les images vibrent et respirent, chaque détail sonore prolongeant une présence disparue. Le choix des instruments n’est pas anodin. L’orgue joué par Oliver Hronský, la voix d’Adela Mede, le violoncelle et la fujara de Viliam Solovic composent une fresque où tradition et modernité dialoguent. La fujara, flûte pastorale slovaque, agit comme un fil conducteur reliant l’intime à l’héritage collectif.
“For me, the sound is more powerful than the photograph itself” — Richard Hronský
Préserver l’impermanent

Enregistré entre Bratislava et Athènes, produit par Hronský et masterisé par Adam Badí Donoval, l’album traverse des espaces géographiques et émotionnels. Ici, le son se dresse comme un contrepoids à l’oubli : plus fort que la photographie, il conserve la chaleur et l’élan de ce qui fut. Mourir, puis renaître dans l’écoute ? Si le deuil affleure à chaque instant, Pohreb se déploie avant tout comme une expérience de renaissance intérieure. Les sons ne figent pas la perte : ils l’animent, la font circuler, jusqu’à offrir une forme de paix. Chaque auditeur·ice, même sans partager ces souvenirs familiaux, peut y reconnaître ses propres échos. Dans ce disque, la mémoire ne s’efface pas : elle se rejoue, fragile et vibrante, au rythme des sons. Une manière de rappeler que, même dans la perte, l’écoute peut ouvrir des espaces de beauté et de partage.