Clin d’oeil aux “bals montés”, ou parquets de bals, populaires en province dans les années 80/90, et photographiés par Joffrey Pleignet dans l’Est de la France, entre 1992 et 1994
C’est dans les départements de la Haute-Saône, du Doubs et du Jura, que les parquets de la série BALS ont été photographiés par Joffrey Pleignet, avec son Polaroïd SX 70. Ils se font désormais rares, mais l’on peut parfois en apercevoir lors de certaines manifestations culturelles. L’époque où il était courant d’aller à un bal monté date d’un temps que les moins de 20 ans n’ont pas connu, et pour cause : si les parquets existent depuis 1920, l’apogée des parquets montés se fait dans les années 80 et 90, ce sont alors de véritables discothèques ambulantes où les jeunes, et les moins jeunes, s’y retrouvent pour danser et faire des rencontres. Les bals montés sont souvent intégrés à des fêtes foraines, ils sillonnent les campagnes de village en village, lors d’un circuit annuel, mais cette itinérance se déroule parfois sans aucune autre attraction que le bal lui-même. Ils sont souvent montés à la périphérie des villages, sur les stades, des terrains vagues ou des parkings, afin d’éviter aux riverains les nuisances sonores et les stationnements de véhicules.
La profession a pratiquement disparu
Si toutes les structures sont fabriquées selon un modèle qui varie peu, elles se composent d’une charpente métallique, de panneaux de métal ou de bois, d’un plancher, d’une toile de bâche, de mobilier et d’une façade décorative, c’est-à-dire les mêmes caractéristiques que les manèges/métiers des forains : place aux couleurs vives et aux jeux de miroirs. Chaque bal se différencie alors par sa façade, mais aussi par sa programmation, notamment celle du disc-jockey, souvent le père, le fils ou un ami de la famille qui a monté le bal, mais les familles d’exploitants pratiquent aussi la location de leurs structures.
De bal en bal…
Chaque établissement possède sa clientèle, elle aussi itinérante, n’hésitant pas à faire au moins une vingtaine de kilomètres pour aller danser le week-end, et pour savoir où se trouve le bal, il suffit de lire le quotidien régional du samedi. “Les bals sont montés le jeudi et le vendredi, la sono et les lumières le samedi, l’ensemble est démonté le lundi et le mardi. Ils ne peuvent être alors photographiés que le dimanche et le lundi. Ceci implique un besoin d’instantanéité dans le processus photographique justifiant l’utilisation du procédé Polaroïd.” Joffrey Pleignet, octobre 1994. Les amateur·rice·s des bals montés, notamment des familles d’exploitants et de leur clientèle, peuvent se référer à l’ouvrage Nos P’Tits Bals Perdus.
Au cours des dernières décennies, la fête et la nuit ont particulièrement changé. La crise sanitaire qui sévit depuis mars 2020 (Covid-19) entraîne une catastrophe économique sans précedent pour les exploitants de nombreux établissements, tels que les clubs, les discothèques. Certains ont déjà mis la clé sous la porte, et qui sait combien d’autres le feront s’ils ne peuvent pas rapidement reprendre leur travail. Qui sait si, un jour prochain, l’on ne reverra pas fleurir les bals montés pour soutenir des DJs en tournée…