FEWS : un groupe post post-punk

22 min de lecture
Démarrer

Après l’album Means, FEWS poursuit sa route avec un nouveau titre : LaGuardia

2016, FEWS savoure la sortie de l’album Means et enchaîne sur une tournée Européenne, en première partie des PIXIES. Janvier 2017, le groupe dévoile le single LaGuardia et poursuit sa tournée en Europe, nous les avons rencontré le 22 février lors de leur escale Parisienne au Supersonic.

 

FEWS est un quatuor masculin Anglo Américano-Suédois. Quand Fred, l’un des membres, envoie une démo à PIAS, il ne suffit que de quelques jours pour avoir un retour très enthousiaste et la décision de faire un album, produit par Dan Carey (Tame Impala, Lianne La Havas, Bat For Lashes, Franz Ferdinand, The Kills…).
Means, leur premier album, est l’un des albums rock repéré dans l’année 2016, dans un registre post-punk, voire post post-punk… Lorsqu’on y accorde un peu de temps, Internet permet d’en savoir un peu plus sur ces quatre musiciens qui se présentent à nous avec des prénoms, des surnoms. Les membres de FEWS semblent vouloir cultiver un doux mystère, et brouiller les pistes, alors jouons leur jeu…

 

Si Means déroule dix titres puissants en moins de 40 minutes, Fews se plaît à solliciter la spontanéité de son jeu sur les scènes d’Europe, c’est leur façon de faire le plein d’énergie. Ils emmagasinent aussi des idées de titres, et le groupe bosse sur de nouvelles chansons, mais une tournée prend du temps et ils doivent se poser pour travailler sérieusement.
“On a besoin de s’asseoir et d’en parler, sinon c’est toujours entre deux concerts que quelqu’un lance un truc et on se dit “ah oui, pourquoi pas”, mais en fait et cela ne donne pas grand-chose. Il faut tout le monde dans la même pièce pour bien travailler.” (Fred)
 

 

FEWS nous reçoit au Supersonic (Bastille), le groupe s’apprête à jouer une nouvelle fois à Paris : “On adore, avec Londres et Brighton, Paris est l’une de nos villes préférée pour jouer (Lulu). Oui c’est toujours spécial, et intense, quand on joue ici (David)”
Et c’est le cas ! Choisir une place un peu en retrait de l’avant-scène se révèle être une bonne idée pour apprécier le concert, car un pogo endiablé accompagne Fews jusqu’au bout. L’avant salle vibre si fort que le groupe coupe la musique quelques secondes afin de calmer deux énergumènes apparement plus intéressés par la bagarre que par la musique… L’incident est vite oublié, l’énergie du groupe se propage et fédère, on plonge dans le son de FEWS et ses nombreux effets, les mélodies nous transportent, leur musique est un régal authentique partagé. Une seule envie, un nouvel album, une nouvelle tournée.

 

 

Interview

 

Houz-Motik : Avez-vous déjà imaginé à quoi ressemblerait votre musique sans électricité ?
FEWS : … ouch
Rusty : ce serait vraiment horrible… (rires)
David : probablement, oui, en fait
Fred : ouais
David : ce ne serait alors peut-être plus que de la batterie (rires)
Rusty : ouais, seulement de la batterie et que des batteurs
David : Je pense que l’on peut tous jouer de nos instruments de façon acoustique, mais bon…
HM : cela vous rendrait triste ?
David : ouais !

 

Fred : ce serait horrible (rires), cela ne sonnerait vraiment pas bien.

 

Rusty : ouais, notre musique sans effet, ça craint.

 

HM : En fait, si cela peut vous rassurer, l’électricité ne devrait pas disparaître, enfin pas maintenant…

 

Fred : exact.

 

David : on ne sait jamais… (rires)

 

Lulu : peut-être que oui, peut-être que non.

 

tous : (rires)

 

David : au Royaume-Uni peut-être…

 

Rusty : oui, le Royaume-Uni pourrait ne plus en avoir.

 

HM : à cause du brexit ?

 

FEWS : exact, absolument !

 

Lulu : je pense que l’on a dépensé à tort un bon paquet de fric dans le nucléaire

 

HM : les années qui viennent verront une croissance des énergies renouvelables. Il y a d’ailleurs beaucoup plus d’opportunités pour produire sa propre électricité, en production autonome le solaire fonctionne pas trop mal, l’hydraulique aussi…

 

Lulu : je vis sur un bateau, je devrai y arriver…

 

HM : votre musique est un bel hommage à la transe, en tout cas par son approche répétitive et hypnotique. C’est quelque chose que vous partagez seulement dans votre musique, ou vous expérimentez également des moments de “laisser aller” dans votre quotidien ?

 

Fred : oui je pense

 

HM : tu pratiques donc ?

 

Fred : ouais…  (rires)

 

Rusty : oui, enfin, c’est juste une question de distance

 

Fred : ouais… je suis d’accord ! Je vais trouver un exemple d’ici peu de temps…

 

Tous : (rires)

 

David : je suis d’accord, on a nos tous moments, c’est comme une sorte d’instinct.

 

Lulu : hey non, je n’ai pas de transes moi !

 

Fred : (rires)

 

David : sérieux ?

 

Lulu : Au mieux je médite, mais je n’entre pas en transe…

 

David : je crois que tu es toujours en transe mais que tu ne t’en rend pas compte, en fait c’est ça le truc.

 

HM : la méditation c’est un peu une forme de transe, non ?

 

Lulu : oui carrément !

 

Rusty : tu as déjà médité… ?

 

Lulu : oui

 

HM : sur son bateau…

 

Lulu : exact, le jour où je n’avais plus d’électricité.

 

Tous : (rires)

 

Lulu : plus sérieusement, j’essaie de méditer avant de m’endormir, et je trouve ça super.

 

HM : et tu fais des rêves lucides ?

 

Lulu : non, mais aujourd’hui lorsque l’on était sur la route dans le van, j’ai rêvé que l’on allait se crasher, et que ce n’était pas beau à voir…

 

David : merde…

 

Lulu : oui je ne me souviens que de cela

 

Fred : (rires)

 

Lulu : je me suis réveillé du genre : “putain merde ! … Et ouf tout va bien”

 

David : ouais, tant mieux !

 

 

HM : il y a une grosse part d’électro chez fews, notamment avec vos effets…

 

Fred :  oui carrément, on adore le côté répétitif et les montées. On adore la musique électronique, c’est vraiment très inspirant.

 

David : Bien sur, on joue beaucoup sur les répétitions, mais si nos morceaux sont plus courts que des tracks deep house on adore jouer avec les montées et les breaks. En fait on est autant sensible aux compositions qu’à notre façon de jouer de nos instruments et des effets, et on aime être présent avec nos sons qui se croisent et s’empilent.

 

HM : il y a des groupes électro que vous écoutez particulièrement ?

 

FEWS : il y en a un paquet !

 

Fred : j’essaie de penser à une chanson où l’on est tous d’accord.

 

Tous : (rires)

 

Fred : Zonderling avec le titre Zonderling ! Il faut écouter ça, c’est bon. Je trouve que la construction de ce morceau est absolument parfaite, ça part au bon moment, c’est un super morceau.

 

David : oui, c’est bon !

 

HM : parmi vos goûts éclectiques entre rock, pop, electro, drone… Brian Eno pourrait être une influence commune ?

 

Lulu : oh je ne crois pas. Par exemple l’autre jour j’ai passé du Brian Eno dans le van et je n’ai pas ressenti une connexion globale, en fait ce n’est pas une influence directe.

 

David : oui, et je crois même que l’on est tous les quatre assez différent, notamment lorsque l’on parle de musique.

 

Fred : oui je suis d’accord.

 

Rusty : oui, en fait c’est un peu comme si l’on employait les mêmes mots mais prononcé d’une façon différente.

 

FEWS : oui !

 

HM : mais comment vous êtes vous rencontré ? en boîte ?

 

David : sur Internet en fait

 

Fred : oui Internet, Myspace

 

HM : sérieux ?

 

David & Fred : nous deux oui

 

David : je connais Rusty d’un autre groupe et Lulu nous a été recommandé par notre producteur, il se connaissait d’un autre groupe à Londres, avant on avait un autre bassiste mais c’est lui désormais.

 

Lulu : tu vois, c’est ça l’effet brexit !

 

David : oui et maintenant on est tous les quatre, depuis environ un an.

 

Rusty : hey, on n’aurait pas un anniversaire à fêter d’ici quelques jours ?

 

Lulu : un anniversaire ?

 

Rusty : oui, le tien au sein du groupe…

 

Lulu : oh, mon anniversaire de groupe ! Mais c’était il y a déjà quelques jours

 

Fred : sérieux ?

 

David : le 14 février, non ?

 

Fred : Mais pourquoi ne l’a t on pas encore célébré ?

 

HM : on fait la fête tout de suite ?

 

Fred : ouais, et du coup ça va être bien sauvage ce soir, je peux le garantir, j’ai hâte !
 
FEWS : un groupe post post-punk
 

 

HM : quelle est votre grande ambition dans la vie ?

 

Fred : wouah… lourd !

 

Tous : (rires)

 

Rusty : c’est difficile comme question

 

David : ouais c’est difficile

 

Lulu : perso, je ne veux pas d’un vrai métier, ni d’emprunt, ni de femme ! Je reste à l’écoute des combines pour ne pas manquer d’argent. Mon ambition est…

 

David :  devenir riche !

 

Lulu : ouais, être riche, libre de tout… Mais en fait, je suis assez généreux avec les thunes.

 

Fews : (rires)

 

Fred : c’est vrai, il est généreux.

 

Rusty : je me demande bien quelle est mon ambition, je crois que je n’en ai pas vraiment… En tout cas cela ne me tracasse pas trop en fait.

 

David : je pense que mon unique ambition quotidienne est d’être riche

 

Fred : (à David) la tienne ? (rires)

 

HM : ça l’est en fait pour pas mal des gens…

 

Lulu : je ne sais pas trop pour les autres, mais sincèrement j’aimerai juste faire de la musique, prendre du bon temps avec les potes, et je n’ai pas d’autres ambitions que celle la

 

David : je suis d’accord avec toi

 

HM : à défaut de savoir ce que tu désires, le plus important est de savoir ce que tu ne veux pas.

 

Lulu : carrément ! Du coup ça y est, on a trouvé notre ambition : on ne sait pas.

 

 

HM : votre vision du monde actuelle correspond à celle que vous imaginez du futur ?

 

Rusty : pas vraiment

 

Fred : le monde d’aujourd’hui, putain non alors

 

Lulu : c’est assez dur d’y penser.

 

David : d’une certaine façon le monde est vraiment fichu, alors le truc c’est de réussir à s’en sortir.

 

HM : ce serait quoi votre option “mise à jour” pour un monde meilleur ?

 

FEWS : wow…

 

Fred : réussir à faire en sorte qu’il n’y ai plus de cons ? Et surtout : rester hydraté !

 

David : oui mais comment fait-on ?

 

Rusty : ouais, il y a pas mal de gens qui ne vont pas arrêter d’être stupide, on en fait quoi ?

 

Fred : oui tu as raison

 

David : il n’y a que des gens négatifs ici (rires)

 

Tous : (rires)

 

Fred : oui en fait il n’y a que des guerriers de la fête là…

 

Rusty : c’est pour ça que c’est difficile d’avoir de l’ambition, car il n’y a en fait pas d’espoir

 

FEWS : exact !

 

HM : Michel Houellebecq a dit ou écrit : “n’ayez pas peur du bonheur car il n’existe pas”

 

David : mmmh intéressant

 

Lulu : moi je pense que l’on peut être heureux dans ce monde, si l’on sait rester naïf…

 

David : oui c’est vrai

 

Lulu : je ne prête pas trop d’attention aux nouvelles lorsque l’on est en tournée, et je me sens plutôt bien avec ça.

 

David :  ouais

 

Lulu : quand je n’ai rien à faire, je vais lire la presse, et je vois que tout le monde est dirigé par l’argent, les grosses sociétés, et il y a tellement de corruption…

 

FEWS : (rires)

 

Lulu : non mais c’est vrai, il n’y a qu’un petit pourcentage de gens qui détient l’ensemble des richesses…

 

FEWS : c’est vrai

 

Lulu : du coup je trouve ça cool de passer du bon temps, et de boire avec des potes… Et puis parfois de manger un bout.

 

FEWS : (rires)

 

HM : il faudrait demander aux gens d’oublier les infos pendant au moins une semaine et de se consacrer à leur passion ?

 

FEWS : mais carrément !

 

Lulu : oui et d’essayer de garder une part de naïveté face aux infos globales

 

David : ouais, et en même temps je crois que les gens ont besoin de savoir ce qui se passe dans le monde

 

HM : et toutes ces infos, ça affecte votre musique lorsque vous composez ensemble ?

 

Fred : bien sur que cela nous touche !

 

David : ouais

 

Rusty : cela ne touche pas directement notre musique, mais individuellement très probablement, du coup cela se ressent sûrement dans notre musique.

 

David : il y a quelque chose d’intéressant à imaginer que c’est le monde qui nous entoure qui crée notre musique car, d’une certaine manière, il fait de nous ce que nous sommes…

 

Rusty : oui

 

David : hmmm intéressant.

 

Rusty : oui, très intéressant

 

Fred : ouais ouais… Les étoiles ont envoyé à nos âmes…

 

Tous : (rires)

 

Rusty : l’astrologie…

 

Tous (rires)

 

HM : bien que votre musique soit répétitive, vous veillez à ne pas trop vous répéter à chaque prestation?

 

David : non mais le truc est que, personnellement, je joue de la guitare, je chante et je ne suis pas très bon. Du coup je ne peux pas refaire la même chose à chaque concert car j’en suis incapable ! Alors il se passe toujours un truc nouveau, bon ou mauvais…

 

Lulu : Je pense qu’on essaie tous de faire un meilleur concert, et je crois qu’après plusieurs années à la basse dans des groupes, j’essaie chaque soir d’être meilleur…

 

David : ouais, je passe aussi par là !

 

Lulu : en fait je suis peut-être pire qu’avant, mais j’y bosse, et l’on pense toujours aux choses nouvelles que l’on pourrait faire, ou que l’on voudrait faire mais que l’on ne réussit pas

 

FEWS : (rires)

 

David : je pense que c’est super-important en tant que groupe qu’il se passe toujours un nouveau truc, de tester de nouvelles choses, on peut garder la même formation, mais il ne fait pas arrêter de se re inventer, sinon on s’ennuie vite.

 

HM : certains d’entre vous sont dans d’autres groupes en parallèle de celui-ci ?

 

David : mmmh, non pas vraiment, enfin, un petit peu…

 

Lulu : hmmm, ça pourrait être l’occasion d’annoncer en avant premiere mondiale du projet DogDogDog, ou ChienChienChien

 

David : ouais trop cool

 

Tous : (rires)

 

Lulu : c’est un projet qui a déjà huit ans

 

Tous : (rires)

 

Lulu : il n’y a pas encore eu de sortie, mais ça va venir ! Le Chien arrive bientôt.

 

Tous : (rires)

 

David : ouais, faites gaffe !

 

Lulu : Wouf

 

Tous (rires)

 

HM : quel est ton chien préféré ?

 

Lulu : hmmm, c’est dur, mais j’aime bien les gros chiens en général. Les petits pas trop.

 

HM : les petits sont trop agressifs ?

 

Lulu : trop ! Moi j’aime les gros chiens, qui sont un peu fous, avec des trucs d’humains. Il pourrait par exemple venir ici, et se faire une place sur le canapé avec nous, histoire de partager ce bon moment. En mode “chill”, ça c’est mon genre de chien !

 

HM : un truc à ajouter, un dernier mot ?

 

David : je n’ai rien à ajouter, désolé…

 

Rusty : le seul truc que je pourrai ajouter, c’est que j’ai faim

 

David : (rires) cela devrait toujours être nos derniers mots  : “j’ai faim”

 

Tous : (rires)
 
FEWS TOUR
 
 

Fondateur de Houz-Motik, coordinateur de la rédaction de Postap Mag et du Food2.0Lab, Cyprien Rose est journaliste indépendant. Il a collaboré avec Radio France, Le Courrier, Tsugi, LUI... Noctambule, il œuvre au sein de l'équipe organisatrice des soirées La Mona, et se produit en tant que DJ. Il accepte volontiers qu'on lui offre un café...

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Article précédent

PRINCE EN STREAMING !

Prochain article

“Communication” le nouvel album de Bobmo