Sous l’éclat feutré des nuits berlinoises, Monty Luke rouvre ses archives. Avec Late Night Edits III, paru le 3 septembre 2025, le producteur et DJ assemble quatre pièces réanimées, longtemps inachevées, pour en extraire une matière sonore aussi intime que dansante
Avec Late Night Edits III, paru le 3 septembre 2025, Monty Luke poursuit sa série d’explorations nocturnes. Quatre edits house sortis de ses archives, longtemps restés inachevés, trouvent ici une nouvelle vie : du mystère hypnotique de Stabbed – (Theme From) Chicago à l’énergie ouest-coast de Deep Beats (Vinyl Edit), jusqu’au souffle introspectif de Jazzie Drifting et au sulfureux inédit avec Klaus Kinski. Un disque mémoire et réinvention, pensé comme une confidence de nuit berlinoise…
Quand l’inachevé devient moteur

Dans ce troisième volume, Monty Luke confie avoir ressorti des fragments « restés inachevés depuis longtemps ». L’inachevé devient alors un moteur créatif : matière brute qu’il polit avec précision, jusqu’à transformer ses propres doutes en élan rythmique. On entre par Stabbed – (Theme From) Chicago (ML’s Voodoo Edit), retravaillé sans certains samples originaux pour plus de tension et de mystère. Vient ensuite Deep Beats (Vinyl Edit), plongée dans un EP culte de la côte ouest des années 90, qui retrouve ici une nouvelle vigueur, comme si le passé se connectait directement au dancefloor d’aujourd’hui.
“Another batch of edits from DEEP in my vaults. A couple of these had been sitting unfinished for quite some time until recently.” — Monty Luke.
Atmosphères et dérives

Avec Jazzie Drifting, la pulsation se fait aérienne, plus contemplative que frontale. L’edit dessine un espace de respiration, presque cinématographique, où la nuit prend des contours plus introspectifs. Puis arrive l’inattendu : Culture Beat feat. Klaus Kinski – Der Erdbeermund. Ce titre, déjà fou en 1989 avec la voix de Jo Van Nelsen, est une version ultra rare puisqu’elle n’avait jamais été commercialisée ; la famille Kinski s’y est toujours opposée. La voix de Kinski injecte une dimension sulfureuse et charnelle, troublante et fascinante… Après Late Night Edits I & II sortis plus tôt en 2025, ce troisième volet confirme la cohérence d’une série : une exploration où Luke puise dans ses propres « vaults », oscillant entre mémoire personnelle et réinvention collective.
Dans le paysage actuel, où l’edit est devenu une forme artistique à part entière, Monty Luke impose sa signature, subtile et discrète, mais redoutablement efficace. Late Night Edits III capte un entre-deux : la nostalgie des morceaux d’hier et l’urgence des nuits de maintenant. Ni démonstratif ni décoratif, c’est un disque à écouter dans le noir, comme une confidence qui ne s’épuise pas au fil des écoutes.