Redécouvert et réédité avec des inédits bouleversants, The New Folk Sound of Terry Callier révèle un artiste trop longtemps resté dans l’ombre. Entre folk, jazz et spiritualité, ce premier album de 1968 est un chef-d’œuvre minimaliste et mystique, qui trouve enfin l’écho qu’il mérite
Publié dans l’indifférence en 1968, The New Folk Sound of Terry Callier est aujourd’hui reconnu comme l’un des joyaux méconnus de la musique américaine. Porté par une voix envoûtante et des arrangements épurés, cet album tisse des liens profonds entre tradition folk afro-américaine et quête spirituelle, bien avant que d’autres voix hybrides comme celles de Gil Scott-Heron ou Bill Withers ne fassent école. La réédition enrichie, avec ses prises alternatives et morceaux inédits, redonne à ce disque toute sa portée visionnaire. À l’heure où les artistes redécouvrent l’intimité et la sincérité comme moteurs créatifs, l’œuvre de Callier n’a jamais été aussi actuelle…
La revanche des murmures : redécouvrir Callier aujourd’hui
Publié initialement le 1er janvier 1968, The New Folk Sound of Terry Callier est un disque qui, plus d’un demi-siècle plus tard, conserve une puissance émotionnelle rare et une sincérité brute. À mi-chemin entre la folk et le jazz, l’album capte l’essence d’un jeune homme au sommet de son inspiration. Dès les premières notes, la voix de Callier — à la fois douce, grave et vibrante — impose un climat singulier, traversé par une tension entre spiritualité, mélancolie et espoir.
Terry Callier ne se contente pas d’interpréter des chansons : il les habite. Son approche de standards comme 900 Miles ou Be My Woman évoque une forme de transe tranquille, portée par une guitare acoustique dépouillée et la contrebasse de Terbour Attenborough et John Tweedle, qui forment un écrin minimaliste mais enveloppant. La beauté du disque tient dans cette alchimie entre simplicité formelle et profondeur émotionnelle. C’est une musique de l’âme, de la rue et des marges, où la tradition folk afro-américaine dialogue avec une conscience presque mystique du monde. En 1997, la publication de l’album TimePeace (PolyGram, Verve Forecast) permet de le faire connaître auprès d’un public plus jeune, notamment avec des remixes de grande qualité réalisés par des musiciens liés au registre des musiques électroniques.
Une folk de l’âme, entre Chicago et les étoiles
La réédition récente ajoute à cette œuvre une nouvelle couche de richesse : cinq prises alternatives (900 Miles, Promenade In Green, It’s About Time, Be My Woman) donnent un aperçu fascinant du processus créatif de Callier, tandis que deux inédits — Jack O’Diamonds et Golden Apples of the Sun — font leur apparition pour la première fois en vinyle. Ces ajouts prolongent l’expérience d’écoute, sans la diluer, comme si l’on retrouvait des pages manquantes d’un journal intime. Les nouvelles notes de pochette signées Jason Woodbury replacent l’album dans son contexte historique et musical, contribuant à révéler ce qui était, à l’époque, un diamant brut passé sous les radars.
Aujourd’hui, The New Folk Sound apparaît non seulement comme un document précieux, mais aussi comme une œuvre visionnaire. Il anticipe les ponts que d’autres, comme Gil Scott-Heron ou Bill Withers, construiront entre folk, jazz, soul et poésie engagée. En définitive, ce disque n’est pas qu’un témoignage du passé : il est d’une actualité brûlante pour quiconque cherche une musique sincère, libre et traversée par la foi dans l’humain. Callier y incarne avec grâce cette promesse évoquée dans les liner notes : celle d’un artiste singulier dont la voix, intemporelle, continue de résonner longtemps après que la dernière note se soit tue.
