BirdPen, tournée « O » Mighty Vision

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Du 10 au 14 mars 2017 BirdPen défend son quatrième album dans quelques villes françaises (Le havre, Lille, Paris, Feurs, Bron). L’été dernier, nous avons interviewé Dave Pen et Mike Bird afin de discuter du disque “O’ Mighty Vision” (J.A.R records)

Lorsqu’ils ne travaillent pas avec Archive, Dave Pen et Mike Bird se retrouvent pour le projet BirdPen. Les premières sessions de travail de ce quatrième album ont lieu lors des élections au Royaume-Uni, les médias sont alors focalisés sur la politique. Selon le groupe, les promesses, les mensonges, les scandales, l’argent, la guerre et les arrangements secrets font que les gens n’ont pas d’autre choix que de croire que les choses vont changer mais en fait elles ne changent jamais.

 

“C’est comme essayer de se battre contre Godzilla : on n’a pas la moindre putain de chance !”

 

Installé dans leur studio du Hampshire, BirdPen saisit l’occasion de réaliser un album optimiste et engagé. Le groupe évoque l’enfumage permanent des cols blancs, des fraudeurs, et pointe du doigt le ridicule des politiques et la manière dont nous semblons toujours croire que nous ne perdrons jamais espoir…

 

“Tout le monde continue d’espérer que le bien finira par l’emporter. Ce disque est notre manière de l’exprimer.”

 

 

Interview Birdpen

 

Houz-Motik : Votre album dresse un constat de l’état du monde en huit titres, on pourrait penser qu’il soit assez pessimiste mais il y a toujours cette étincelle provoquée par le désir que tout aille mieux, un peu comme tout le monde en fait. Enfin, presque comme tout le monde…
Mike Bird : Oui presque… car certains passent leur temps à vouloir le détruire le monde.
Dave Pen : Ouais

 

HM : J’aime bien le titre “chairman”, ainsi que la vidéo, c’est du fait maison ?
Dave Pen : C’est moi qui l’ai faite !

 

HM : Ok, et tout le monde était d’accord avec toi ?
BirdPen : Rires
Dave Pen : Mike comprend bien ce que je veux dire et faire, je lui envoyais des éléments durant le processus de création, et les retours étaient du genre “c’est complètement fou” ! Mais c’est comme faire une thérapie en fait, manipuler tous ces politiciens, et dirigeants célèbres, c’est du boulot. J’ai inclus une image différente à chaque coup de snare drum, ça doit en faire 267, plus l’ajout de la couleur orange sur les images en noir et blanc, et les effets, ça fait pas mal d’informations pour le cerveau. Ce n’est pas simple mais vu que l’on est un groupe indépendant, on fait avec les moyens du bord, et l’on ne se voyait pas dépenser beaucoup d’argent sur une vidéo dont on ne connaît jamais à l’avance le retour sur investissement.

 

HM : Cela prend donc du temps.
Dave Pen : Oui, cela m’a pris environ deux mois

 

HM : Deux mois, ce n’est pas mal pour un mec tout seul
Dave Pen : Rires… Oui, mais ce n’est pas deux mois à seulement faire le clip

 

HM : J’imagine que la disparition d’Alan Vega vous touche, c’est l’une de vos influences non ?
Mike Bird : Oui, lorsque l’on a fait le second disque, nous avions un coin du studio équipé d’une platine, pour se retrouver et écouter des vinyles, je me souviens que nous avons écouté un disque d’Alan Vega, en solo, et ça nous a beaucoup marqués.
Dave Pen : C’est une influence majeure, à travers différents registres, électro, rock, trash

 

HM : Mais aussi dans la façon de faire de la musique…
Dave Pen : Ouais carrément, c’est sans limite, c’est comme cela que l’on envisage la liberté d’expression.

 

 

HM : « Less is more », c’est l’une de vos devises ?
Dave Pen : C’est clair que l’on ne donne pas vraiment dans l’ambient mais l’on s’intéresse également à des musiques plus chill comme celle de Brian Eno par exemple, nous avons bien étudié ces techniques, ça nous a permis de gagner en confiance.

 

HM : On le sent bien avec la chanson Trust, il y a beaucoup d’introspection, et c’est l’une des mes préférées.
Mike Bird : Oui il y a beaucoup d’espace

 

HM : Et un très bel équilibre en fait…
Dave Pen : On adore faire des gros bruits, mais tout est question de dynamique et d’agencement. Rien ne m’énerve plus qu’un groupe qui sonne pas trop mal sur un titre mais dont tous les autres morceaux ne sont que de mauvaises versions de leur hymne. J’ai souvent envie de leur dire « arrête la chanson juste sur la basse, ne t’inquiète pas pour ça, on n’a pas besoin d’entendre tous les instruments tu sais… », c’est mon côté Eno, tout est question d’espace et de la façon dont on se l’approprie. Je ne sais pas si cela vient du fait que j’ai grandi en écoutant de la house music et des choses plus minimales, pour moi c’est devenu naturel.
Mike Bird : Je pense qu’il y a désormais beaucoup de possibilités, parfois sous-utilisées d’ailleurs, mais l’on peut ouvrir un séquenceur sur son ordinateur, créer une chanson, en choisir la vitesse et la dynamique, et même faire un orchestre…
Dave Pen : Oui on est tous en mesure de pouvoir programmer, et ça ouvre de très belles perspectives.

 

 

HM : Toi c’est les vidéos, et lui c’est l’ingé son ?
BirdPen : Rires
Mike Bird : Non, mais on fait tout nous-mêmes.

 

HM : Un bon ingénieur du son, c’est important ?
Mike Bird : Il faut surtout avoir de bonnes oreilles ! Bien entendu c’est intéressant d’avoir un bon ingénieur pour déterminer ce qui est correct ou mauvais dans le traitement sonore, mais je pense qu’il ne faut pas fermer la porte à ses propres sensations, ainsi qu’aux expériences, ce n’est pas forcément grave si ça ne semble pas correct, si ça sonne bien comme cela c’est cool.

 

HM : Il y a de nombreuses histoires et anecdotes à propos de groupes dont « l’erreur » a provoqué des succès.
Dave Pen : Complètement, parfois des titres « underground » peuvent sonner plat et c’est ce qui fait leur charme.
Mike Bird : Il y a tellement de gens qui passent leur temps à vouloir tout corriger, alors que ce n’est pas obligatoire, ou nécessaire. Certains enregistrent une session avec un batteur, puis opèrent une quantification de l’enregistrement, pourquoi faire appel à un batteur ?

 

HM : En fait la bonne recette c’est de mettre un peu de café dans les machines ?
Dave Pen : oui grave !

 

HM : « Dance to the end », le titre pourrait nous faire penser que ça sent la fin, mais il y est aussi question de danse, donc de fête. Cyril Collard disait “quand on s’arrête de chercher on meurs”, pour vous ce serait plutôt “lorsque l’on arrête de danser on meurs ?”
Dave Pen : oui ! Le titre n’est pas politique à proprement parler, mais davantage en rapport avec la vie en général. Je connais des gens qui ont des emmerdes mais qui ont aussi des moments de joie. Je ne souhaite à personne d’être dans la merde, mais à ceux qui le sont je leur souhaite de pouvoir garder assez d’énergie et de joie en eux pour continuer à danser, il y a quelque chose de très beau dans la danse. C’est une chanson un peu personnelle dans le disque, mais aussi la plus engageante sur le fait qu’il faut toujours garder la tête haute.

 

HM : Comment on peut-on à la fois être père, musicien, vidéaste, philosophe… ?
BirdPen : Rires
Dave Pen : On va dire que je suis plutôt bon pour faire les choses rapidement, et dans les temps.

 

HM : En fait le succès appartient à ceux qui savent s’organiser.
BirdPen  : Ouais (rires)

HM : Vous vous souvenez du premier disque que vous avez acheté ?
Dave Pen : Oui, le tout premier, c’était un 45T, JoBoxers avec Boxerbeat et Just Got Lucky
Dave Pen : La pochette représente un mec un peu rockabilly et tatoué, allongé sur son lit, regardant des posters de filles légèrement vêtues, voire à poil… J’avais à peu près sept ans quand je l’ai acheté, je me rappelle que ma mère avait remarqué que je regardais souvent cette pochette.

 

HM : Tu penses que cela définit la musique que tu écoutes ?
Dave Pen : Absolument pas, mais c’est toujours une super chanson ! Je me souviens pas trop des autres mais celle-là est super (rires)
Mike Bird : Je me souviens que tu me l’as joué une fois (rires)
Dave Pen : Oui j’ai fait ça, j’avoue (rires) mais toi c’était quoi ton premier achat ?
Mike Bird : Hum… je ne sais plus trop, je me souviens que très jeune j’avais un CD single de UB40.
BirdPen : Rires
Mike Bird : Oui, mais je ne me souviens pas l’avoir acheté…

 

HM : Quelqu’un de ta famille te l’aurais offert ?
Mike Bird : Peut-être, je ne sais plus. En tout cas j’ai la chance d’avoir une maman qui est une grande fan des Beatles, c’est pourquoi j’ai grandi en écoutant tous leurs disques. en vinyle, mais aussi d’autres groupes. Je crois que j’ai eu une bonne éducation musicale.

 

HM : Vous prêtez attention au support ?
Mike Bird : J’aime l’aspect cérémonial de poser un vinyle sur la platine, je trouve cela moins charmant quand tu télécharges et que tu écoutes en fond sonore. J’aime acheter des disques, et j’aime les écouter en lisant la pochette. En revanche j‘avoue que lorsque tu voyages c’est tellement plus confortable de pouvoir stocker sa musique dans la poche.

 

HM : Les nouvelles technologies, ça vous branche ?
Mike Bird : Pas à un haut niveau, mais on est tout de même curieux
Dave Pen : Oui et plus spécifiquement à propos des armes nucléaires sous-marines

 

HM : Le nucléaire c’est aussi les stocks de bombes US en Turquie…?
Mike Bird : Ouais, c’est ce que disent les Américains…
Dave Pen : On est souvent allé en Turquie, il y a des villes magnifiques et des gens brillants, c’est triste de voir les aéroports bloqués.

 

HM : Question récurrente de mes interviews : l’intelligence artificielle, ça vous dit quoi  ?
Mike Bird : Ah j’ai vu un super film sur le sujet, c’était quoi déjà ce film…

 

HM : “Her” ?
Mike Bird : Non… C’est l’histoire d’un mec qui gagne une compétition scientifique pour aller vivre dans une maison, ah, oui, c’est Ex-Machina. Ce qui est génial lorsque tu le regardes le film, c’est d’en arriver à te demander de quel côté tu te positionnes…

 

HM: Oui absolument, très bon film !
Dave Pen : Je ne l’ai pas encore vu, je dois à tout prix le voir ça a l’air bien flippant. Comme ces machines, les chiens robots !
Mike Bird : Ah oui, les chiens
Dave Pen : C’est fascinant, comment on en est venu à créer ce genre de truc ? La science des robots m’a toujours fasciné, mais là…
Mike Bird : Cette période de cent ans, de 1900 à 2000, est fascinante, la vie a tellement changé en si peu de temps. Je me demande souvent comment cela va évoluer entre 2000 et 2100… Tout sera si différent !

Fondateur de Houz-Motik, Cyprien Rose est journaliste. Il a été coordinateur de la rédaction de Postap Mag et du Food2.0Lab. Il a également collaboré avec Radio France, Le Courrier, Tsugi, LUI... Noctambule, il a œuvré au sein de l'équipe organisatrice des soirées La Mona, et se produit en tant que DJ.

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