Vingt ans après Loop Extensions, Dday One rouvre les archives de son laboratoire analogique. Orchestrated Energy réunit des morceaux inédits enregistrés entre 2005 et 2015, sauvés de mini-discs, de zip drives et de cassettes, comme des fragments d’une époque où la texture comptait autant que le tempo
Dans cette collection d’inédits restaurés, Dday One dévoile la matrice de son univers sonore : un hip-hop instrumental nourri d’abstraction, d’intuition et de silence. À travers des boucles patinées, des résonances feutrées et une approche quasi zen du rythme, l’artiste californien livre une œuvre à la fois intime et intemporelle…
Le battement du passé

Avant les plateformes et la dématérialisation, il y avait la matière : vinyles poussiéreux, câbles torsadés, pads usés. C’est là que Dday One a forgé son langage. Ces morceaux, exhumés de supports devenus presque mythologiques, témoignent d’un rapport organique au son. Chaque souffle, chaque craquement devient élément rythmique, la trace d’une époque où le beatmaking s’écoutait comme on contemple une photographie en chambre noire. L’art de la lenteur : chez Dday One, la patience est un instrument. Ses compositions ne visent pas l’impact mais l’équilibre, l’écoute s’y déploie dans un continuum méditatif, où le silence structure l’espace autant que les percussions. On pense parfois à DJ Shadow pour la densité du grain, ou à Nujabes pour la fluidité spirituelle, mais Dday One reste ailleurs, dans une sphère où le temps s’étire et où chaque boucle respire.
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« The sampler is not just an instrument, it’s a memory device. Each sound you choose says something about what you remember and what you forget ». – Dday One (Self-Titled Mag – 2011)
Des archives à la lumière

La restauration de ces morceaux, certains datant de près de vingt ans, donne à entendre un musicien déjà maître de son vocabulaire. Les textures, quoique brutes, sont savamment sculptées. Loin de l’exercice de nostalgie, Orchestrated Energy agit comme une mise à nu : le processus devient le sujet. La main, la machine, la mémoire. La cohérence du fragment : l’artwork signé Ben Coosmans, collage visuel à la fois dense et fragmenté, complète parfaitement cette démarche. Non linéaire, il illustre cette circulation entre passé et présent, entre poussière et lumière. Ce disque n’est pas un retour, mais une boucle qui se referme doucement sur elle-même, pour mieux s’ouvrir encore. En rassemblant ces esquisses oubliées, Dday One offre plus qu’un simple retour aux sources : un manifeste sur la permanence du geste artisanal dans la musique électronique ; une leçon de souffle et de précision, à l’heure où l’instantané domine.



