Sur fond de photographies architecturales, The Black Dog signe un album où le brutalism et l’intime se rencontrent. Plus qu’une bande-son, ce disque est un véritable pèlerinage au cœur de la mémoire et de l’émotion, sculpté dans la symétrie du béton
My Brutal Life 2, sorti le 20 juin 2025, prolonge le voyage initié par The Black Dog dans l’esthétique brutaliste de Sheffield. Si la structure rythmique et l’obsession formelle restent omniprésentes, ce nouvel opus marque une évolution vers une expressivité plus humaine. Les pistes, inspirées de clichés architecturaux, dévoilent une gestation spontanée et organique. Entre drones ambient et techno minimaliste, le groupe compose un itinéraire émotionnel à la croisée des « monuments pour les gens » et de la poésie intérieure…
Béton ecclésial : la musique d’architecte
The Black Dog DR
Le disque se déploie en voûtes sonores, catéchumène techno drapées de drones. Les fréquences rigides semblent épouser les façades en cantilever de Park Hill Forever. L’obsession formelle cède à des glissements narratifs, au gré des plages. La rigidité du béton se fissure, laissant transparaitre une intimité inédite. De Spanners (1995) à Music for Photographers (2021), My Brutal Life 2 assemble les fragments épars d’une trajectoire IDM, sans jamais perdre une once de son intégrité, avec une ardeur constante et assumée.
Futurisme contemplatif
Sur Isolation ou Dubs, le groupe tisse un pont entre le passé brutaliste et un avenir lentement reconstruit. Le retour à l’architecture est un motif poétique, loin de la froideur usuelle. My Brutal Life 2 n’est pas qu’un album : c’est un écosystème conceptuel, où la musique, l’architecture et la photographie dialoguent autour du vécu des bâtisseurs et des habitants. Le groupe propose une esthétique affûtée au cordeau, empreinte d’une émotion nouvelle, en écho à des “cathédrales modernes” façonnées par l’âme humaine. Pour les néophytes comme pour les puristes, cette exploration audacieuse offre un terrain de lecture sensible et structuré, à la croisée de la matière brute et du sentiment, sans pour autant y trouver un goût de fondant au chocolat.
Antoine Brettman est un bricoleur d'images et de sons... Son travail s'inscrit dans le courant de l’art vidéo par la réappropriation d'œuvres audiovisuelles, où il exploite la virtualité des images afin de confronter au monde réel son recyclage d'histoires.