Artcover de l'album MEMPHIS SUR VIENNE

Teddy Ted & BROM, membres du crew Tribe All Starz, sortent leur premier album

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Teddy Ted & BROM (Tribe All Starz) présentent Memphis Sur Vienne, l’album est disponible en K7 via Bandcamp. Les deux membres du collectif basé à Limoges répondent à quelques questions

Dans l’histoire des nuits limougeaudes, le collectif Tribe All Starz fait son apparition dès 2005 et, pendant quelques années, s’impose comme un incontournable faiseur d’évènements. On leur doit notamment les fameuses iPod Battle, mémorables moments de liesse musicale au Grand Zanzibar puis à la Fourmi. Quinze ans plus tard deux membres du collectif sortent leur premier album en mode mixtape. Memphis Sur Vienne de Teddy Ted & BROM, on a bien kiffé !

Questions / Réponses

Memphis Sur Vienne n’est pas un coup d’essai pour Teddy Ted & Brom (aka Kilakaia). Le duo a notamment sorti We Often Go To Mars (2010), un EP crossover électro, hip hop, dubstep… Dans lequel les jeunes artistes entamaient avec fougue leur parcours de producteurs. Plus de dix ans ont passé, les deux membres du collectif Tribe All Starz ont depuis affiné leur technique en affirmant leurs goûts. Dans ce questions/réponses ils reviennent sur l’élaboration de cet album…

Cyprien.Rose. Comment nait ce disque ?
BROM. Ça part de l’initiative de Ted qui m’envoie un track à mixer, un gros beat screw bien lent comme je les aime, puis il me dit qu’il veut faire 3 ou 4 morceaux comme ça pour faire un mini EP thématique Memphis Rap / Phonk… Il a déjà le titre, le concept et tout… À ce moment, je suis en train de release un album électronique sur K7, avec un label Montréalais, et je suis full en train de produire et mixer plein de trucs. Alors je lui ai proposé : “viens, les morceaux on les produits à deux et on fait pas 3-4, on en fait 14-15 et on met ça sur une vraie tape”. Puis voilà, c’est parti, en deux mois, on a bouclé le tout.

C.R. Avez-vous commencé à travailler à distance, ou avez-vous attendu d’être réuni pour travailler ensemble ?
B. 100% Dropbox et SMS pour le gros de la prod, avec des écoutes ensembles vers la fin pour les derniers réglages.

C.R. Vous vous connaissez plutôt bien, cela a facilité le travail ou avez-vous parfois été en désaccord ?
B. Cela a facilité grave le travail, c’est clair. On n’a jamais été en désaccord honnêtement, à chaque nouvelle version qu’on s’envoyait, on trouvait ça mieux que la précédente. De toute façon, on aime la même musique, on a les mêmes codes, les même références, donc super easy en vrai.

Photo de BROM

C.R. Quel a été le processus de création ?
B. Pour la majorité des tracks, je dirais que c’est Ted qui trouvait un sample et qui écrivait les patterns de drum principaux. Je récupérais ça et je faisais une proposition de morceau autour du thème. Après ça, quelques aller-retours sur les 808 et une petite couche de hardware pour les synth (du Elektron et du Casio principalement), et voilà ! Puis à la fin, du gros sample youtube pour toutes les parties vocales qui habillent le projet. On a surtout pris des bouts d’a capella, d’interviews de légendes du genre, des passages culte de film d’horreur e de jeux vidéos de gangsters.

 

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C.R. Vous avez tout fait vous-mêmes ou vous avez sollicité quelqu’un pour mixer et masteriser l’album ?
B. Mix & Master 100% MAISON ! On à la chance d’avoir le matos nécessaire à la maison, et 2-3 skills.

C.R. L’ouverture de l’album s’intitule Before I Shoot You ! On peut y voir un clin d’œil à une culture dite gettho, mais on peut aussi l’interpréter comme un truc du genre “installe-toi mec, et écoutes-ça !”, notamment parce que la vibe du track est plutôt chill, on se trompe ?
B. Yes ! C’est une bonne intro parce qu’effectivement, il y a tous les codes du genre Memphis, mais avec une vibe sympa et menaçante à la fois… Cela annonce bien la suite.

C.R. D’ailleurs l’instru ce track me fait un peu penser à l’artiste français 8TM, vous sentez-vous proche de sa musique ?
B. Pas du tout ! Gros respect à lui, mais tu sens que le gars est plus inspiré du rap de 2005-2010, période dirty south crunk blingbling
Teddy.Ted. Jamais entendu parlé ! Moi j’écoute que Chief Keef et Soulja Boy de toute façon.

 

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C.R. Votre morceau Mouth Full of Gold est super ! J’aime le jeu sur le traitement de la voix, où l’on comprend à peine ce que le type raconte, comme s’il avait la bouche pleine d’or en fait. C’est aussi un peu comme s’il disait de la merde… C’est votre façon de rendre hommage à ce côté bling bling du hip hop, et aux “rich kids from instagram ?”
B. Dis-toi que c’est le premier morceaux qu’on a fait pour lancer le projet ! Je pense le seul hommage rendu sur ce morceau, c’est peut-être DJ Screw parce que c’est vrai que le traitement est super dirty.
T.T. De base, c’est un bout de punchline d’Asap Rocky, issu de l’une de ses premières mixtape qu’il a fait pop de ouf.

C.R. Si l’on sent que c’est un disque de son époque sur la construction, il y a tout de même ce côté à l’ancienne, old school, ainsi que les ambiances, les interludes, c’est votre cœur musical ?
B. Ah bien sûr, on a voulu faire ça super OG comme les tapes de Memphis de l’époque.
T.T. De toute façon, on est old-school de part notre âge, donc I guess c’est ça qui ressort.

C.R. Vous l’avez envoyé à des personnalités du hip hop, ou cela reste dans votre cercle ?
B. Quelques artistes nichés sur le rap super south / Memphis / Phonk (DJ YUNG VAMP, DJ SMOKEY, SOUDIERE, LaPhonkerie…), mais aucune personnalité.

C.R. Vous ne l’avez pas envoyé à Julien Beats, pas assez de lyrics ?
B. Je préfère l’envoyer à DJ Paul, à la rigueur…

C.R. Les réseaux, c’est so 2010, ou y a encore de l’espoir ?
B. C’est pas trop notre truc, je te dirais, on fait le minimum.

C.R. Vous avez déserté Twitter en 2014, vous ne retrouvez plus vos codes ?
B. On ne peut rien te cacher ! On l’avait créé à l’époque où T.A.S c’était davantage de l’événementiel nocturne que de la créa musicale, du coup, j’me rappelle plus des identifiants et mdp…
TT. La flemme surtout !

C.R. Votre description twitter est “Party & Bullshit”, peut-on dire que cette devise de l’époque reste  d’actualité ? Ou êtes-vous prêts à la changer pour “home bbq & kakaroke” ?
B. En vrai, Ted il a la recette qui tue du poulet jerk au BBQ maintenant qu’il a un Webber de compèt, c’est pas de la bullshit !
TT. On a un peu ralenti sur les bullshit, mais on party toujours de temps à autres hein…

Photo de Teddy Ted

BONUS

Cyprien.Rose. L’instant “Punchline”, qui à écrit : “À la fois old-school et moderne comme un texto de ta grand-mère. » ?
Tribe.All.Starz. FUZATI !
C.R. Oui, mais pas tout seul, Orgasmic & Fuzati – Sinok (2014)

C.R. “I am not a businessman I’m a business man” ?
T.A.S.
C.R. Jay-Z détourne le Diamonds From Sierra Leone (Remix) de Kanye West, en livre l’une de ses punchline les plus emblématiques. Encore plus particulièrement parce qu’il est devenu le premier milliardaire du hip hop, en étant lui-même une entreprise…

C.R. “Dans la nouvelle scène je suis le seul qui sort du lot. Je suis le seul écrivain potable depuis Victor Hugo.” ?
T.A.S.
C.R. Orelsan, pour l’album Perdu d’avance (2009), dans la chanson Jimmy Punchline.

C.R. “Mon amour pour la vie s’est soldé par un divorce” ?
T.A.S. NTM
C.R. Oui, dans la chanson J’appuie sur la gâchette, pour l’album Paris sous les bombes (1995).

C.R. “Le Hip-Hop est plein de gangsters en toc qui vivent dans des pavillons, nous prennent pour des couillons, parlent de crime mais ne tuent que des papillons. » ?
T.A.S. FABE.
C.R. Parfait, dans la chanson Des Durs, Des Boss… Des Dombis !, pour l’album Le Fond et la Forme (1997).

C.R. “Tu veux t’asseoir sur le trône ? Faudra t’asseoir sur mes genoux. » ?
T.A.S. BOOBA.
C.R. Exact, dans Jour De Paye, album Lunatic (2010)

C.R. “I never sleep, cause sleep is the cousin of death” ?
T.A.S. NAS
C.R. Bravo, dans N.Y. State Of Mind, pour l’album Illmatic (1994)

C.R. “La vie a de belles lèvres mais méfie toi de ses morsures, mieux vaut être seul qu’avec une conne qui claque son salaire en chaussures. » ?
T.A.S. FUZATI ? Beaucoup trop de punchlines super cool dans le rap pour toutes les retenir.
C.R. Oui, mais dans Klub des Loosers, pour Destin d’hymen sur l’album La Fin de l’espèce (2012)

C.R. Question bonus du bonus géographie : “si le fleuve La Vienne prend sa source sur le Plateau de Millevaches, en Corrèze, à 859 m d’altitude, où finit il sa course ?”
T.A.S. Alors y’a un piège, car tout le monde pense que La Vienne rejoint la Garonne alors qu’en fait, elle se jette dans La Loire. Nous, on a tout fait pour que le temps d’une mixtape, elle se jette dans le Mississippi !
C.R. Parfait, bravo et merci.

 

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Fondateur de Houz-Motik, coordinateur de la rédaction de Postap Mag et du Food2.0Lab, Cyprien Rose est journaliste indépendant. Il a collaboré avec Radio France, Le Courrier, Tsugi, LUI... Noctambule, il œuvre au sein de l'équipe organisatrice des soirées La Mona, et se produit en tant que DJ. Il accepte volontiers qu'on lui offre un café...

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