À Barcelone, le duo mystérieux Universal Comfort signe avec Flags Are Walls une œuvre dense et fragile, publiée chez Modern Obscure Music. Un disque qui ne se contente pas de résonner : il interroge ce qui sépare, relie, enferme ou libère
Sorti chez Modern Obscure Music le 15 août 2025, Flags Are Walls trace un chemin sonore entre électronique expérimentale, textures organiques et méditation politique implicite. L’album s’écoute comme un voyage — huit pièces ambient qui effacent les contours du réel, pour mieux laisser émerger une sensibilité poreuse aux frontières du monde…
Quand le son devient frontière
Dès la première plage, Flags are Walls, l’auditeur est happé par un espace mouvant : nappes synthétiques, pulsations en demi-teinte, vibrations suspendues. Tout paraît se tendre entre deux pôles : ouverture et cloisonnement. Ici, les murs ne protègent pas, ils questionnent — et le drapeau, symbole d’identité, devient voile sonore. Essais périurbains et paysages intimes… Avec Periurban Essay et Blue Wednesday, le duo s’aventure dans des zones de passage. Ce sont des friches, des carrefours, des lieux où l’on devine une ville en retrait et une nature en éveil. La production, subtile, joue des silences et des résonances, comme si chaque battement contenait déjà la mémoire d’un lieu abandonné.
« Flags Are Walls is the latest release from an enigmatic electronic duo based in Barcelona. … The album explores the boundaries of contemporary electronic music, blending synthetic and organic sounds… » — Modern Obscure Music
Érosions technologiques, failles humaines
Les titres Erosions of Technology et Funeral of a Legend traduisent une tension plus sombre. Ici, le grain électronique semble se fissurer, se déliter. Des strates de sons analogiques se frottent à des textures digitales instables, dessinant un rituel presque funèbre. C’est une musique de veille, d’insomnie, où l’émotion circule par éclats. Clartés fugitives, horizons ouverts… En fin de parcours, Temporary Happiness ou Biodynamic Leftfield apportent un souffle inattendu. Comme si la lumière perçait à travers des murs trop épais. La musique devient alors respiration — fragile, éphémère, mais essentielle. Un contrepoint doux à la gravité du reste, rappelant qu’au cœur même des murs subsiste toujours un passage. Avec Flags Are Walls, Universal Comfort livre un disque qui fait vaciller les frontières et transforme chaque écoute en traversée. Une invitation à voir dans le son non pas un mur, mais une ouverture — intime et universelle.
