LP Loveloops

Zoe Polanski en boucle sur l’intime : Loveloops

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Avec Loveloops, Zoe Polanski livre une œuvre qui navigue entre ambient, shoegaze et pop rêveuse. Un disque de boucles, de répétitions et de fissures sonores, né au croisement d’une anxiété intime et d’un espoir en gestation

Trois ans après Violent Flowers, la musicienne israélienne basée à Berlin revient avec un album contemplatif qui assume la répétition comme langage. Loveloops se vit comme une cartographie des pensées obsessionnelles, mais aussi comme un espace lumineux où l’intime se transforme en matière sonore universelle. L’album se place à la frontière entre expérimental et pop éthérée, et interroge : que devient une boucle quand on choisit de l’habiter au lieu de la fuir ?

Boucles obsessionnelles, beauté fragile

photo Zoe Polanski
Zoe Polanski DR

Le titre de l’album est explicite : Polanski écrit avec des loops, des motifs répétés. Là où ses productions passées tentaient d’atténuer ces cycles, Loveloops s’y abandonne. Chaque piste épouse ce mouvement intérieur, celui des pensées qui reviennent, s’entrechoquent, s’effritent. Dans Rosemary, par exemple, une boucle de guitare se dégrade peu à peu, comme rongée par un plugin destructeur — métaphore d’une mémoire qui se corrompt. L’album n’est pas uniforme. Des morceaux tels que Vacations ou Can I Have You s’ouvrent à une clarté plus pop, plus chantée, offrant des respirations lumineuses. À l’inverse, Too Slow ou Symmetries creusent un sillon méditatif, presque aride. Cet aller-retour entre ombre et lumière fait le sel de l’album : il ménage l’espace de l’écoute, incite à se perdre, puis à retrouver un éclat.

“My writing process was always loop-based. In recent years I realized that one of the main reasons for this was that I was having obsessive thought patterns. The starting point for this album was to give in to the repetition, without trying to blur it like I have done with my previous musical productions.” — Zoe Polanski (Bandcamp)

Production minutieuse, écoute immersive

photo Zoe Polanski
Zoe Polanski DR

Enregistré avec la complicité du producteur Aviad Zinemanas et masterisé par Steve Kitch, Loveloops révèle une grande précision de production. Spatialisation ample, guitares éthérées, voix utilisées tantôt comme texture, tantôt comme guide : chaque détail est pensé pour créer un bain sonore. Les boucles ne stagnent pas, elles évoluent, se délitent ou se densifient, toujours sur un fil fragile. Entre angoisse et renaissance ? Le contexte personnel affleure. Zoe Polanski confie avoir composé cet album en pleine anxiété, découvrant en parallèle sa grossesse.

Cette ambivalence infuse la musique : une inquiétude lancinante, mais aussi l’émergence d’un futur possible. Loveloops devient alors un journal sonore de l’attente et de la transformation, un disque qui traduit en sons ce qui n’a pas toujours de mots. Zoe Polanski poursuit une recherche sonore qui touche autant à l’intime qu’à l’universel. Entre ombres et lueurs, elle transforme la répétition en une forme d’acceptation, et propose à l’auditeur un espace rare : un temps suspendu, fragile mais porteur de vie.

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