Avec RESERVE, DJ OIL signe un album de retrait et de tension pure, où l’analogique, les voix brisées et les rythmes minimalistes composent un clair-obscur magnétique. Un disque rare, tendu comme un fil, qui confirme la singularité d’un artiste essentiel des marges
Avec RESERVE, DJ OIL explore une sobriété radicale où chaque son devient vecteur d’intensité. Entre rythmes minimalistes, textures analogiques et voix chargées d’histoire, il livre un album dense et magnétique, d’une rare puissance contenue…
Une esthétique du peu, chargée de tout
Figure incontournable depuis les années Troublemakers, DJ OIL façonne depuis toujours des espaces sonores à la fois bruts et spirituels, enracinés dans Marseille et ouverts aux circulations du monde. Son travail convoque l’analogique, les archives, les voix politiques : une matière vive qu’il transforme en paysages intérieurs. Avec RESERVE, paru le 13 novembre 2025, Lionel Corsini poursuit cette quête d’une musique qui laisse parler les creux, les ombres, les interstices. Ici, les rythmes avancent à pas mesurés, presque minimalistes, tandis que les samples s’effritent comme des murmures détourés. L’album semble tenir dans l’équilibre fragile d’une tension retenue, rien ne déborde, mais tout compte. C’est un disque qui ne se donne pas immédiatement ; il s’installe, il travaille, puis il habite.
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« Chez OIL, chaque battement est une mémoire, chaque silence une prise de position. » — Houz-Motik Magazine
Le geste rare d’un artiste en marge des flux
Comme souvent chez OIL, la forme dit quelque chose du fond. L’album existe en digital, mais aussi sous la forme d’un vinyle ultra-confidentiel limité à 10 exemplaires, un objet plus proche du manifeste que du tirage collector. Cette rareté assumée souligne un positionnement singulier, résister au flux, ralentir, donner du poids aux choses. Après le portrait que tu lui consacrais récemment, voyage cosmique et initiatique autour de sa géographie intime, RESERVE apparaît comme son versant nocturne. Un disque tourné vers l’intérieur, qui scrute l’époque depuis sa périphérie plutôt que de la commenter frontalement.
L’obscurité comme zone d’écoute : on retrouve dans ces morceaux la matérialité chère à OIL, les craquements, les souffles, les bribes de voix qui portent toujours un fragment de lutte ou de mémoire. Mais ici, tout semble filtré, resserré, comme si l’artiste cherchait à épurer jusqu’au nerf. RESERVE ne cherche pas l’éclat ; il crée l’espace pour qu’il puisse advenir, par contraste. Ce nouvel Opus est un disque de lisière, de tension fine et de lumière fragile. Une œuvre qui prolonge l’exigence de DJ OIL tout en la radicalisant, moins de gestes, plus de portée. Dans un paysage discographique saturé, voici une respiration sombre, rare et nécessaire.
