KING : rencontre avec le groupe

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Le premier album de KING sort le 22 avril en France. De passage à Paris le groupe à présenté, fin mars, We Are King lors de sa première tournée Européenne ; rencontre avec un groupe encensé par la presse anglo-saxonne et des pointures de l’industrie musicale

En 2011, Questlove (musicien, DJ, music curator…) tweete combien il est impressionné par le premier EP de KING, un trio féminin soul originaire de Minneapolis. Selon KING, du jour au lendemaince compliment leur permet de passer de l’ombre à la lumière. Les jumelles Paris et Amber Strother, et leur amie Anita Bias ont alors des soutiens de choix : Erykah Badu, Nile Rodgers ou encore Gilles Peterson sont dingues de leur travail. Le groupe bénéficie également d’une approbation royale, quand après les avoir écoutés sur Youtube, Prince leur demande d’ouvrir l’un de ses concerts.


Si ce genre de sollicitation peut générer une soudaine prise de grosse tête, KING garde les pieds sur terre. Le groupe suit les conseils de leur mentor en gérant pleinement leur royaume : écriture, composition, jeu et chant, production, arrangements, l’album est même publié par leur propre société de production, KING Creative. Certes, c’est un nom masculin pour un groupe de fille mais Queen est de toute façon déjà utilisé par un groupe de garçons, les Américains sont adeptes du “hey guys” même lorsqu’ils s’agit de filles, et de toute façon leur légitimité est totale pour assumer ce nom royal, qui au passage stimule notre manière de (re)penser “la notion de prise en charge” dans l’industrie musicale.

Extrait

 

“Les Étoiles” est le club parisien qui accueille la première date de KING en Europe, la salle n’est pas pleine mais le public affiche un sourire radieux. Pendant le concert une consoeur demande à Joseph Mount du groupe Métronomy ce qu’il fait là, le chanteur lui répond hilare : “c’est dingue ce quelles font !”. Basé à Los Angeles le groupe est originaire de Minneapolis. L’histoire débute au Berklee College of Music de Boston, Paris y est encadrée par Patrice Rushen et rencontre Anita lors d’une répétition. Le trio se forme rapidement, Amber et Anita chantent et participent à l’écriture des chansons, tandis que Paris compose et joue sur ses claviers analogiques. “Soul Electronica”, Dream Pop, RnB… KING évolue dans un mélange de genres et d’époques.

 

L’ambiance est légère, sensuelle et chaleureuse, les voix et les harmonies sont scintillantes, leur paysage rétro futuriste sollicite l’imaginaire sans pour autant tomber dans un énième trip “New Age” décalé. Leur plus grande ambition dans la vie ? Faire ce qu’elles aiment, c’est-à-dire écrire des chansons d’amour, des chansons prônant l’ouverture au sens large, afin que l’humanité s’épanouisse… Bref, KING c’est “The Warm Thing” !
 
KING Amber Strother, Paris Strother, Anita Bias
De gauche à droite Amber Strother, Paris Strother, Anita Bias © Alex King

 

 

Interview

Prince dit de votre album qu’il est parfait et vous invite à jouer sur sa scène, comment faites-vous pour garder la tête froide et les chevilles fines ?

 

(Amber) Se savoir supportées par de très bons retours, comme celui de Prince, ne peut que renforcer notre motivation, notamment pour un premier album. Mais il n’y a aucune pression, tous ces cadeaux sont autant d’encouragements à donner le meilleur de nous-mêmes, cela est très inspirant !

 

(Paris) Nous sommes toutes les trois assez proches d’autres artistes, nous avons beaucoup d’amis musiciens et nous avons beaucoup appris au cours de nombreuses conversations. Si nos cerveaux étaient calés sur les bons conseils, nous n’avons pourtant jamais changé nos idées pour créer l’album que l’on désirait.

 

 

Votre musique combine passé et présent à merveille, votre recette est secrète ?

 

(Paris) Nous avons de nombreuses influences et nous sommes fans d’albums qui couvrent plusieurs registres sur plusieurs décennies. Acquérir, et maîtriser, les instruments originaux utilisés sur tous ces disques est devenu une sorte de rituel au fil des années. Mais il nous est également important de retrouver des émotions que l’on a pu avoir sur certaines musiques, celle de Stevie Wonder par exemple, ou bien celle de Cocteaux Twins et d’XTC. Ce que nous aimons par-dessus tout c’est inviter les gens à voyage avec nous, à partager notre paysage sonore chaleureux et luxuriant.

 

(Amber) Nous nous efforçons toujours de rendre nos chansons agréables, même les plus énergiques. On adore créer les conditions d’un univers dans lequel le public peut réellement s’évader.

 

Un premier album est une grande expérience dans la vie d’un groupe, pourtant on ne sent aucune excitation démesurée ni même une appréhension de votre part, l’ambiance qui domine est une grande sérénité.

 

(Amber) Je pense que cela vient du fait que nous faisons uniquement ce que nous aimons avec les personnes que nous aimons. C’est quelque chose qui nous lie. Le fait de partager ce travail et ces voyages en famille nous renforce. Ce mot famille est d’ailleurs ouvert à nos meilleurs amis et nos amoureux. Nous sommes entourées d’amour, nous vivons de nouvelles expériences sans jamais freiner notre créativité, nous vivons de belles choses alors les phases négatives n’ont pas leur place dans notre univers, nous cultivons notre bonheur. Et je crois que si l’on reste fidèle à soi-même les gens vous le rendent, dans n’importe quelle forme d’art.

 

King Anita Bias, Paris Strother, Amber Strother
De gauche à droite Anita Bias, Paris Strother, Amber Strother © Alex King

 

L’écran qui rapproche le public et l’artiste avec Internet à la maison s’invite désormais en format réduit dans les concerts, à tel point que les smartphones imposent parfois une distance entre le public et l’artiste, notamment lorsqu’une personne regarde l’intégralité du concert en le filmant…

 

(Amber) C’est intéressant. Certains artistes les craignent énormément, d’autres en jouent beaucoup… En tant que performer sur scène nous avons plutôt envie que le public partage l’instant avec nous sans être happé par son téléphone, sans savoir ce que va devenir le contenu, mais doit-on vraiment en avoir peur ? Il faut aussi admettre qu’en tournée, les contenus créés sont partagés et permettent de nous font connaître auprès d’un public plus large. Les  contenus sont aussi revus par ceux qui les ont capturés, et on sait aussi que c’est cool de se replonger dans un concert que l’on a aimé. Alors certains diront que l’on n’a pas besoin d’écran pour cela, mais je crois surtout que chacun doit être en mesure de choisir, sans bien sûr tomber dans les excès.

 

(Paris) Oui, parfois on aimerait que le public regarde plus la scène que leur téléphone, mais avec les nouvelles générations ultras connectées, mieux vaut parfois être shooté plutôt que boudé…

 

L’aspect chaleureux de votre musique est également très présent dans vos clips vidéo, vous contrôlez aussi le travail sur l’image ?

 

(Amber) Pour cet album, on souhaitait ne pas se fixer de limites sur l’aspect créatif, tant pour la musique que pour nos images et nos films. C’est très cool de collaborer avec des artistes visuels et des animateurs du monde entier, et c’est surtout très important de comprendre comment ils ressentent notre travail, comment ils envisagent notre collaboration.

 

(Anita) Cela fonctionne tellement bien que leurs retours nous ont parfois même aidé à terminer des chansons après la réalisation de la vidéo, alors qu’en général c’est plutôt le contraire.

 

 

Que connaissez-vous de la culture française ?

 

(Paris) Musicalement, on aime beaucoup le travail de Serge Gainsbourg, et personnellement j’adore “Barbara”, sa chanson “si la photo est bonne” est ma chanson préférée toutes périodes et catégories confondues.

 

(Amber) Les films français sont également très inspirants, j’adore “les 400 coups” et “Jules et Jim” de Truffaut, je suis très fan de la nouvelle vague. J’aime “la collectionneuse” d’Eric Rhomer, les films de Jean Luc Godard… J’aime également “la balance” de Bob Swaim  avec Natalie baye et P. Léotard, ou encore “Ascenseur pour l’échafaud” de Louis Malle, le travail avec Miles Davis est extraordinaire !

 

(Anita) Et aussi 37,2 de Jean-Jacques Beineix, avec Béatrice Dalle, c’est un super fllm.

 

À propos de Miles Davis, vous avez également collaboré avec Robert Glasper sur le biopic de Don Cheadle !

 

(Paris) Oui nous avons participé au disque “Everything’s Beautiful”, ce projet dirigé par Robert Glasper sort le 27 mai prochain, c’est un prolongement de la B-O, où nous avons créé “Song for Selim”, notre version de “Selim” (titre extrait de l’album live “Evil”, avec Hermeto Pascoal). D’autres titres sont d’Erykah Badu, de Laura Mvula, d’HIatus Kaiyote, d’Illa J, de Phonte, de Georgia Anne Muldrow, mais aussi de Stevie Wonder qui est venu à l’un de nos concerts. Nous l’avons rencontré, et c’était une expérience incroyable, on adorerait faire quelque chose avec lui !

 

Stevie est quelqu’un de “warm” ?

 

(Anita) il est juste merveilleux.

 

 

Label : KING Creative
Date de sortie (France) : 22/04/2016
Distibution (France) : La Baleine
King We Are King

Fondateur de Houz-Motik, coordinateur de la rédaction de Postap Mag et du Food2.0Lab, Cyprien Rose est journaliste indépendant. Il a collaboré avec Radio France, Le Courrier, Tsugi, LUI... Noctambule, il œuvre au sein de l'équipe organisatrice des soirées La Mona, et se produit en tant que DJ. Il accepte volontiers qu'on lui offre un café...

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