LP Day By Day

SoulParlor, la patience du rythme avec Day By Day

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Trente ans après leurs premières soirées à Mainz, les deux artisans de SoulParlor signent un retour groovy. Day By Day est un disque d’artisans plutôt que de producteurs, un long souffle de soul électronique où chaque battement semble poli à la main. Loin du revival, c’est une renaissance tranquille ; celle d’un son broken et organique qui n’a jamais cessé de battre sous la surface

Entre broken beat et modern soul, Day By Day célèbre la constance d’une scène allemande souvent discrète mais d’une élégance rare. En invitant Leona Berlin, LyricL, Desney Bailey ou Amalia, SoulParlor relie les générations d’une même famille musicale, celle du groove façonné à la main, entre jazz, funk, soul et house. Un disque qui respire l’expérience, la générosité, et la lumière des clubs à taille humaine…

Mainz, la matrice invisible

Photo Soulparlor
Soulparlor DR

Avant que le mot future soul ne devienne un hashtag, Frank Jensen et Tobias Müller faisaient déjà résonner leurs MPC dans les sous-sols de Mainz. Pionniers sans posture, ils inventaient une forme de house libre, nourrie autant de Dilla que d’Herbie Hancock. De leurs soirées Sense Music aux premières connexions avec Martin “Atjazz” Iveson, tout était déjà là, la fraternité, la technique, le refus de séparer le club de l’âme. Une écriture du souffle : chaque morceau ici semble respirer. Pull Me Close avec Leona Berlin flotte entre keys suspendues et basse chaleureuse ; Find Myself retrouve LyricL dans un spoken soul à la dérive contrôlée. Plus loin, Thinking About You ranime la sensualité rare de Desney Bailey, et Never Give Up (avec Mavis Acquah) fait vibrer la persévérance comme un mantra. Le groove de SoulParlor n’est pas démonstratif, il s’infiltre, insinue, fait danser les hanches et la mémoire à la même fréquence.

« Soulful doesn’t mean nostalgic — it means being human inside the rhythm. » – Martin “Atjazz” Iveson

La persistance du broken

Photo Soulparlor
Soulparlor DR

Si le broken beat n’a jamais vraiment disparu, c’est sans doute grâce à des disques comme celui-ci. Elevator Jazz Dance ou Vintage Adventure rappellent que la rupture rythmique n’est pas une pose mais une manière de penser la liberté. Les syncopes y deviennent conversation : entre machines et instruments, entre l’Allemagne et Londres, entre la nostalgie et l’avenir. Une fidélité à l’école West London, mais avec la rigueur des ateliers allemands, on pourrait dire : du design sonore à l’état d’âme. Dans Splently4Ya, la voix d’Amalia réchauffe un tempo alangui, comme si la nuit refusait de se terminer.

Ce disque n’essaie pas de plaire, il continue, obstiné, la route qu’il a ouverte il y a vingt ans : celle d’une musique des marges qui ne s’excuse de rien. On y entend moins une volonté de “revenir” qu’un simple besoin d’exister à nouveau, jour après jour. Day By Day n’est pas un retour, c’est une continuité. Un disque calme et précis, à l’image de ceux qui savent qu’ils n’ont plus rien à prouver — seulement à transmettre. Les pionniers de Mainz rappellent qu’il est encore possible d’écrire de la musique électronique comme on taille un diamant, sans hâte, sans artifice, à la lumière du jour.

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