LP The Sirens

Sous le chant des sirènes, le voyage intérieur de SHOLTO

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Dans un souffle élégant où l’ancien croise le contemporain, SHOLTO tisse un récit sonore fait de désirs fracturés, de silences habités et de vérités à demi-secrètes. The Sirens s’avance comme une invitation à plonger, pas forcément pour en revenir tout à fait

Avec cet album, SHOLTO abandonne les sphères aériennes qui le caractérisaient pour se pencher vers les dessous : les ombres, les tensions, la lumière qui vacille. Il construit un espace musical à la fois cinématique et intime, où se croisent tentation et retenue, mémoire et mythologie. L’auditeur est entraîné dans un univers où écouter devient presque un acte de guérison…

Ancrage et légèreté

Photo SHOLTO
© SHOLTO

SHOLTO montre ici un visage plus enraciné. L’ambient s’efface légèrement pour laisser place à une orchestration tangible : harpe, cordes, basse, flûte, électronique douce. Le registre s’élargit, tout en conservant cette délicatesse caractéristique. Le disque n’épouse pas la légèreté naïve, mais l’équilibre fragile entre flottement et gravité. Le choix du label (DeepMatter Records) crée un écrin qui respecte cette dualité. Un souffle serein, mais pas complaisant.

Mythe et introspection : le fil rouge mythologique, notamment dans Persephone’s Perception, lui donne une dimension narrative. La sirène n’est plus seulement l’objet de l’appel, mais parfois celle qui écoute. Le propos n’est pas trivial : il s’agit de regarder ce que l’on fuit, d’entendre ce qui reste silencieux. « The record is emotionally unflinching, exploring themes of duality, temptation, and emotional dislocation ». Cité du communiqué de presse. Ainsi, l’auditeur devient complice d’un voyage intérieur, aux confins du visible et de l’implicite.

« Smooth Sailing moves like a half-remembered dream … it reflects on love, and the way stillness can tremble, how even ease can ask something of us ». — SHOLTO

Voyage des sons, voyage des sentiments

Photo SHOLTO
SHOLTO DR

L’ouverture avec Smooth Sailing (ft. Phoebe Coco) installe un paysage à double face, calme apparent, fond émotionnel agité. Le parcours continue en vagues ondulantes, Tied to the Mast frappe par son intensité, tandis que Ghibli’s Dream respire comme un interlude tendre, presque lumineux avant le retour des ombres. Le final, Invisible Conductor of the Orchestra (Come With Me) (ft. Lea Petges), ne clôt pas un chapitre mais propose un seuil. On ne quitte pas ce navire-son, on y reste suspendu. Et c’est sans doute là que réside son ambition. Pour l’auditeur, pour le set, pour l’instant… Ce disque se vit autant qu’il s’écoute. Il invite à s’allonger, à fermer les yeux, à laisser les cordes glisser sur la peau, les basses frissonner dans la poitrine.

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Mais il appelle aussi à l’action, car écouter c’est se mouvoir, repenser un set DJ, imaginer un mix conçu sur le thème de la mer calme et de la tempête qui guette. Pour le connaisseur, une matière sonore riche à décortiquer. Pour le néophyte, un voyage sans mode d’emploi. Et pour toi, journaliste ou DJ, une trame parfaite : imagine une scène, début à la proue, crescendo sous ciel gris, immersion dans l’avant-après. Un set construit comme un récit. The Sirens n’apporte ni réponse ni refuge. Il tend un miroir, délicat, complexe, vrai, vers les zones que l’on préfère souvent ignorer. Et dans ce reflet, on trouve peut-être ce que l’on cherchait sans le nommer.

 

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Buy Me A Coffee

Fondateur de Houz-Motik, Cyprien Rose est journaliste. Il a été coordinateur de la rédaction de Postap Mag et du Food2.0Lab. Il a également collaboré avec Radio France, Le Courrier, Tsugi, LUI... Noctambule, il a œuvré au sein de l'équipe organisatrice des soirées La Mona, et se produit en tant que DJ.

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