Un an après un premier volume dédié aux collaborations extérieures, l’Himalaya Collective revient avec Parantele 2, où celles et ceux restés dans l’ombre reprennent place. Un disque qui traverse les esthétiques et confirme la vitalité d’un collectif devenu l’un des laboratoires les plus prolifiques de la scène beatmaking polonaise
Ce second chapitre montre ce qui se fabrique “à domicile” : douze pistes, une pluralité assumée et un rapport souple à la tradition comme à la modernité. Parantele 2, sur le label U Know Me Records, propose une lecture diagonale du collectif, et ouvre des pistes sur ses mutations à venir…
Cartographie interne
Le premier Parantele ouvrait les fenêtres au dehors ; ce nouvel opus regarde le cœur du dispositif. On y trouve les voix qui n’avaient pas atterri sur le disque précédent, et qui révèlent une autre facette du collectif : plus brute, plus intime, moins filtrée. La logique reste collaborative, mais les contours sont plus poreux, comme si chaque morceau transportait un fragment d’atelier. Écarts jazz, et ancrage beats. La texture dominante reste celle des beats – classiques dans leur squelette, souples dans l’ornementation. Autour, le jazz circule à bas bruit, lignes de cuivre, harmonies flottantes, gestes instrumentaux qui donnent de la profondeur sans chercher la démonstration. Le disque assume un héritage, mais refuse d’y rester enfermé.
« Le jazz, c’est l’expression de l’individu dans un effort collectif. » — Duke Ellington, (Music Is My Mistress, 1973).
La faille électronique
L’autre versant, frontal mais maîtrisé, se trouve du côté de l’électronique. Certains morceaux ouvrent une brèche plus dansante, presque club, sans rompre l’équilibre général. Cette tension — entre organicité et pulsation synthétique — donne à l’album une respiration particulière, où l’hétérogénéité devient courbe plutôt que fracture. Un collectif par capillarité. L’ensemble tient parce qu’il ne cherche pas l’unité forcée. Le collectif fonctionne par capillarité : des idées qui circulent, se frottent, s’agrègent ou se dissipent. Parantele 2 devient alors moins une compilation qu’un document sur la manière dont un groupe aussi dense fabrique du commun sans perdre ses singularités. Dans ce second volet, l’Himalaya Collective montre que la diversité n’est pas un obstacle mais une manière de se projeter. Un terrain mouvant, fertile, qui annonce déjà d’autres hybridations possibles.
