Invictam, le premier album solo d’Olivia Font explore la perte et la transformation à travers des sonorités immersives et répétitives
Le premier album solo d’Olivia Font, coproduit avec Pedro Vian est sorti le 11 avril 2025 sur le label Modern Obscure Music. Le disque déploie un récit sonore de la perte et de la transformation. À travers cordes, synthés analogiques et textures vocales mouvantes, Invictam construit une œuvre immersive, où la répétition devient un langage du sensible…
Cartographie de l’intime : la musique d’Olivia Font

Olivia Font développe une approche musicale singulière, mêlant composition minimale, sens du détail sonore et narration fragmentée. Son travail s’ancre dans une recherche intime, où chaque texture devient vecteur d’émotion, entre silence, répétition et transformation subtile. Refusant les récits linéaires, elle explore un langage du flou et de l’écho…
Musicalement, Invictam s’inscrit dans une esthétique ambient contemplative, où les sons semblent flotter hors du temps. Synthés granuleux, cordes profondes et percussions discrètes créent un paysage mouvant, presque tactile. Ici, la répétition hypnotique ne fige pas, elle libère : elle ouvre des portes sur l’impermanence, médite le passage des saisons, le souvenir, l’effacement.
Une voix qui traverse le temps
Présente par intermittence, la voix féminine devient une ligne discontinue qui traverse l’album. Elle se transforme lentement, se fond dans les textures, jusqu’à devenir un élément sonore à part entière. Ce traitement vocal, tout en subtilité, renforce la structure narrative flottante d’Invictam, évoquant le souvenir plus que le récit, l’écho plus que la parole.
Ce qui rend Invictam si beau, c’est sa capacité à toucher sans imposer, à faire résonner l’émotion dans les silences autant que dans les sons. Olivia Font ne cherche pas la démonstration : elle travaille l’ellipse, la suggestion, la retenue. Sa musique écoute le temps autant qu’elle le façonne, laissant place aux échos, à l’incertitude, à ce qui vacille. C’est dans cette tension douce, dans cette poésie du peu, que naît une forme de grâce — discrète, mais tenace.
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Entre l’éphémère et l’éternel
Coproduit par Pedro Vian, fondateur du label Modern Obscure Music, Invictam bénéficie d’une vision artistique cohérente et exigeante. Les collaborations renforcent cette densité : Oliver Coates au violoncelle, Ana San Martín au chant — tous apportent une matière vivante à cette œuvre suspendue. Chaque intervention s’intègre avec pudeur, au service d’un projet qui refuse le spectaculaire pour mieux convoquer l’intensité intérieure. Invictam s’annonce comme un disque à part, un geste rare. Un album qui n’a pas peur du silence, de la lenteur, du trouble. Un album qu’on n’écoute pas à la hâte, mais qu’on laisse entrer. Lentement. Profondément ; l’album nous a beaucoup touché.