L’intelligence artificielle s’impose dans l’univers musical : sur Deezer, 18 % des nouveaux morceaux sont entièrement générés par des machines. Entre prouesses technologiques, détournements viraux et risques de fraude, cette révolution soulève autant d’espoirs que d’inquiétudes pour les artistes
Près d’un titre sur cinq publié chaque jour sur Deezer est généré par IA. Entre détournements viraux, fraudes aux royalties et nouveaux usages créatifs, l’IA redéfinit les contours de la musique. Face à cette révolution, l’enjeu n’est plus seulement technique mais éthique et juridique. L’avenir musical se jouera dans la capacité à encadrer ces outils sans freiner l’innovation…
Musique augmentée ou art détourné ?
L’intelligence artificielle occupe une place croissante dans la production musicale : aujourd’hui, 18 % des morceaux mis en ligne chaque jour sur Deezer sont générés entièrement par IA. Des titres comme Nous sommes les patates ou la reprise virale d’Angèle sur Saiyan témoignent de cette mutation spectaculaire. Certains artistes utilisent l’IA pour explorer de nouvelles formes créatives, mais cette vague technologique soulève aussi des questions fondamentales : où s’arrête la créativité humaine, où commence l’imitation algorithmique ? Les plateformes comme Suno ou Udio rendent la génération de musique si facile que les risques de détournement explosent, notamment avec la création de faux morceaux attribués à des artistes célèbres.
Mais derrière cette révolution se cache un enjeu majeur : la fraude. Deezer estime que 70 % des écoutes de contenus IA proviennent de bots, utilisés pour générer artificiellement des revenus. Des experts, comme le chercheur Darius Afchar, alertent sur la captation illégitime des royalties et le pillage de contenus existants pour entraîner les modèles. Si le droit protège la voix humaine, il ne protège pas le style musical, rendant floue la frontière entre hommage et plagiat. Pourtant, l’IA peut aussi être un outil précieux : des projets comme celui mené à l’IRCAM pour recréer la voix du castrat Farinelli montrent qu’elle peut élargir le champ des possibles artistiques. Entre menace et opportunité, l’avenir des créateurs dépendra des règles que l’on saura poser.
Source France Info.