Dix ans après l’explosion chromatique de Le Monde Möö, Pablo Padovani rouvre la porte de son univers bariolé. Il y invite amis, complices et nouveaux venus pour un hommage polymorphe où la pop se dilate, le rock s’évapore et la mémoire devient matière à jeu. Une décennie plus tard, la planète Moodoïd tourne toujours, un peu plus loin dans son orbite imaginaire
Paru le 13 juin 2025 sur Les Éditions Entreprise, Le Monde Möö (10 Years) n’est pas une simple réédition. C’est une relecture collective, où chaque invité (Frànçois Atlas, Turzi, David Numwami, Jerge, MNNQNS, Madge ou LEGIT GIRL DJ) revisite la matrice originelle de Moodoïd. Entre nostalgie douce et invention ludique, l’album déroule une carte sensorielle où l’esprit psyché de 2014 dialogue avec l’audace des sons d’aujourd’hui…
Retour sur une planète singulière

Quand Le Monde Möö est apparu en 2014, personne n’avait prévu ce vertige. Ni tout à fait pop, ni totalement rock, l’album ouvrait des passerelles entre continents sonores, entremêlant guitares fuzz, synthés liquides et voix androgynes. Pablo Padovani, fils du saxophoniste Jean-Marc Padovani, venait du jazz, du psychédélisme et de la scène indie française. Sous le nom de Moodoïd, il façonnait un langage parallèle, tout en textures et mirages, nourri par les voyages intérieurs. Dix ans plus tard, ce langage renaît autrement. Le Monde Möö (10 Years) s’écoute comme une galerie vivante : chaque morceau réinventé, ré-encadré, repeint d’une autre lumière. L’album se transforme en exposition sonore.
« Rejouer Le Monde Möö, c’est comme revisiter une vieille carte d’un monde imaginaire. On y retrouve les chemins, mais les paysages ont changé. » — Pablo Padovani, (Les Inrocks, juin 2025).
Complicités et nouvelles constellations

Autour de Padovani gravitent ici des amis de toujours : Frànçois Atlas, Paul Prier, Turzi, David Numwami, mais aussi des figures croisées au hasard des tournées, comme Jerge (du collectif PPJ) ou le groupe MNNQNS. De nouveaux visages s’ajoutent : Darwin Experience, Madge, Ma Biche ou LEGIT GIRL DJ. Tous prolongent cette vision d’un psychédélisme moderne : libre, sensuel, cosmopolite. Certains titres oscillent vers le rock FM nébuleux, d’autres vers un piano romantique ou un club d’aurore. Le résultat conserve cette nostalgie éclairée, cette manière propre à Moodoïd d’être rêveur sans être passéiste.
Là où beaucoup de rééditions s’enferment dans la commémoration, celle-ci respire l’invention. On sent la jubilation du collectif, la lumière d’une œuvre vivante, encore mouvante. Le Monde Möö (10 Years) célèbre une décennie sans refermer la parenthèse : il la prolonge, la tord, la fait chanter à nouveau. Dans un présent saturé d’algorithmes, cette mosaïque de sons faits main rappelle qu’un univers artistique peut évoluer sans se diluer. Et que, parfois, les mondes imaginaires survivent mieux que les réels. Un disque comme un miroir tournant : il reflète le passé, mais c’est l’avenir qui s’y déploie.