Sous le ciel de Naarm, Ryotaro aka OjiAji trace sa route, guitare en bandoulière, avec ce quelque chose de réconfortant et d’intime dans le timbre. Son premier album, Love & Company, n’est pas qu’un disque de jazz lo-fi soyeux : c’est une invitation à se tenir les uns pour les autres, à exister pleinement dans ce que l’on offre, à soigner l’instant avec bienveillance
Love & Company dévoile le visage apaisé d’OjiAji, musicien et songwriter issu du trio Izy, devenu guide discret d’une soul douce et lo-fi aux contours jazz colorés. Porté par les talents de Melbourne, entre Surprise Chef, Karate Boogaloo, Nikodimos et plus encore, OjiAji délivre un recueil aux mélodies qui se glissent dans le quotidien comme un soleil d’hiver sur le plancher. Cet album trace une ligne sincère entre l’héritage familial, le soin à autrui et l’engagement à rendre le monde plus attentif. Guitares idiosyncratiques, voix caressantes et collaborations précieuses : cet opus ouvre la voie à une soul contemporaine accessible et subtile, tout en suggérant de nouvelles façons d’habiter nos émotions et nos liens ; à écouter pour réapprendre à respirer, à ralentir, écouter et tendre la main, ensemble…
Be Like A Cloud, et le ciel s’éclaircit

On ouvre la porte avec Be Like A Cloud, et déjà la lumière entre dans la pièce. Chords wonky, Mellotron en apesanteur, voix qui nous effleurent. La chanson invite à l’introspection si besoin, à rire si l’envie passe, à créer un espace où l’autre peut faire de même. Avec Jake Amy aux claviers, les nappes se déploient dans l’air comme une respiration maîtrisée, et l’on se surprend à sourire malgré nous. Les cordes pincées de la hollow-body, presque timides, laissent la place à Diamonds. OjiAji y déroule un refrain simple, délicieux, avant l’arrivée de Cazeau Oslo (So.Crates), dont la voix semble traverser les murs avec ce groove narratif à la cool. C’est un morceau sur la beauté des épreuves traversées sans se trahir, sur la manière de se relever sans bruit, comme un lever de soleil en ville un dimanche à l’aube.
“The idea was to create something that felt like a warm hug to anyone who needed it.” – OjiAji (Hopestreet Recordings, 2025)
Ordinary Life et le souffle nostalgique
Il y a dans Ordinary Life ce souffle qui rappelle les romances animées des sixties, un air de Miyazaki ou d’anciens Walt Disney qui aurait quitté l’écran pour le bois d’une flûte. La basse se balade, l’acoustique murmure, et le morceau s’ouvre dans un solo de guitare qui prend le temps d’exister sans précipitation. Ici, l’ordinaire est beau, fragile, et on y retrouve la délicatesse du quotidien magnifié. Kee’ahn, Tiana Khasi, Hudson Whitlock, Darvid Thor, Nikodimos… À chaque titre, OjiAji s’entoure des voix et des mains qui font battre Melbourne.
Avec Henry Jenkins et Kuzich à la co-production, Love & Company devient un refuge sonore, un petit manuel pratique de l’empathie. La voix d’OjiAji, douce et invitante, s’y pose sans forcer, au service de chansons qui n’ont pas besoin de crier pour exister. Elles viennent, s’installent, puis restent dans l’air après leur passage. Dans ce premier album, OjiAji nous offre plus qu’une collection de titres soignés : Love & Company est un rappel que la douceur peut être une force radicale dans un monde pressé. Et si l’on apprenait, ensemble, à se laisser le temps d’être là, vraiment ?
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