Sorti le 15 juillet 2025 chez Seil Records, Retold est né d’une rencontre artistique où la solitude de l’explorateur sonore Hainbach se fond dans la communion à huit voix de l’Ensemble Recherche. Une partition revisitée, un hymne au retour, à la brèche. Une maison retrouvée, un adieu partiel, et l’audace du possible à venir
Un voyage électroacoustique qui mêle l’intime et le collectif : Retold redéfinit la notion d’œuvre en la transformant en mémoire partagée. En ouvrant ce dialogue entre machines vintage et formation classique contemporaine, Hainbach et Ensemble Recherche offrent une nouvelle perspective sur la composition et l’interprétation, mais aussi sur la transmission. De quoi nourrir les réflexions sur la frontière entre auteur et collectif, entre laboratoire et scène…
Retold – premières notes, premiers dialogues
Dès le premier morceau, qui donne son nom au disque, le timbre familier du passé surgit : un souffle ancien, un souffle vivant. Hainbach, adepte des machines issues d’anciens laboratoires, échange ici ses boucles de testeurs radio contre l’élégance feutrée d’un quatuor à cordes et du léger piano tandem offert par l’Ensemble Recherche. Le duo s’écoute, se précède, se questionne : est-on parti ? est-on rentré ?
Métamorphose de l’intime : quelles frontières pour l’ego quand la partition devient œuvre collective ? Les compositions, nées sous les doigts solitaires de Stefan Goetsch, s’étendent, se dilatent, habitent la vibration acoustique. Le piano de Klaus Steffes‑Holländer médite sur les drones de testeurs, le souffle de l’oboe d’Eduardo Olloqui cisèle la nostalgie, la flûte d’Anja Clift élève l’espace. Ce dialogue trouve sa vitalité dans le partage : la ligne choral du violon, la découpe rythmique de la percussion, les réverbérations vibratoires du cello nourrissent un ensemble organique, dont les racines technologiques gardent pourtant une tension première.
« Hainbach’s overall musical vibe is heavily heavily created by feedback… this is why his music sounds so warm and fuzzy » – tiré d’une discussion sur Reddit
Entre cristal et machine – la poésie des contrastes
Les contrastes sont le cœur battant de Retold. Entre la précision chirurgicale d’un ensemble moderne – sensibilité pour la texture, sens aigu du silence – et les « machines qui ont une âme » (comme Hainbach en témoigne dans plusieurs entretiens), naît un univers sensitif. Sur So We Found Serenity, l’atmosphère se fait diaphane, presque spirituelle, avant que Our Shared Fears ne la replonge dans l’ombre, enveloppée de résonances mécaniques. Les critiques saluent cette alchimie : une synthèse »warm and fuzzy » née des boucles, de la rétroaction maîtrisée, du feedback organique.
Souvenir collectif et regard vers demain ? Retold clôt sa narration avec des pistes comme A New Life Takes Hold, une conclusion sobre, presque chirurgicale. On ferme un chapitre : celui de la création solitaire ; on ouvre un autre : la création partagée. Et si l’avenir du geste musical exigeait ce mouvement ? Faire l’expérience de soi en miroir d’un groupe, embrasser ses propres éléments sous de nouvelles forces et textures, pour en ressortir autre. Avec Retold, Hainbach et Ensemble Recherche signent un disque majeur, à la fois intime et universel. Une maison repensée à plusieurs, un adieu ouvert, un nouveau récit ; la musique du présent ?
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