Patrick Cowley aurait fêté son 75ᵉ anniversaire cette année, à cette occasion Dark Entries exhume Hard Ware, ultime volume d’une trilogie posthume. Dix morceaux inédits, entre disco futuriste, synth-funk incandescent et visions queer, qui prolongent l’élan d’un artiste disparu trop tôt mais jamais oublié
Avec Hard Ware, Cowley n’apparaît pas comme une relique des années 80 mais comme une voix intacte : sensuelle, ironique, pleine d’élan. Le disque, restauré avec soin, circule entre hymnes de dancefloor (Hellfire), fantaisies vocales (Pajama Party Massacre) et balades hantées (Ice Age). Plus qu’un simple recueil d’archives, il affirme la vitalité d’une mémoire queer et électronique qui continue d’irriguer le présent…
Archives en mouvement
Patrick Cowley DR
Après Malebox (2022) et From Behind (2024), ce nouvel opus complète une trilogie. Bandes oubliées, voix surgies des marges, synthés rugissants : Dark Entries transforme l’archéologie sonore en récit cohérent. Pochette signée Gwenaël Rattke, notes contextualisées, soin du détail, cet album se vit autant comme une expérience que comme un objet. Tech-No distille une froideur hypnotique. Hellfire et Megablue étincellent d’un groove spatial. Patrick Cowley ose la dérision avec Shake It Up, prête sa voix sur Pajama Party Massacre, et plonge dans l’intime avec Spellbinding Lover, porté par Jeanie Tracy. Enfin, Ice Age, chanté par Peggy Gibbons, s’installe comme une élégie glaciale — épilogue bouleversant.
« Hard Ware delivers ten tracks of pure, uncut Cowley: sultry, psychedelic, sarcastic, and just a bit sleazy. » — Dark Entries Records
Mémoire queer et futurisme
Patrick Cowley DR
Cowley n’a jamais dissocié musique et désir. Ces archives révèlent un geste politique : danser malgré l’ombre, affirmer une liberté de ton et de corps. Dans ce mélange de pulsions, d’humour et de mélancolie, Hard Ware résonne comme une célébration et un acte de survie. Un disque pensé pour le dancefloor mais hanté par les fantômes d’une époque. Entre culte et contemporanéité : la réception posera question : héritage disco ou matière toujours actuelle ? L’écoute montre qu’au-delà de la nostalgie, Cowley conserve une modernité radicale. Son langage électronique, hybride et sensuel, continue de dialoguer avec les scènes house, techno ou pop contemporaine. Patrick Cowley s’invite une nouvelle fois dans le présent : ses synthés ne se taisent pas, ils prolongent l’élan d’une musique libre, sensuelle et sans frontières.