Après deux volets d’une trilogie devenue culte, Sidequests – Chapter Three referme l’un des plus beaux cycles de la house contemporaine. Avec Viken Arman, Ian Pooley et Eo, le duo berlino-hambourgeois transforme sa science du groove en carnet d’impressions : celles d’une musique qui respire, qui se salit, qui s’élève
Publié sur Delusions Of Grandeur, ce troisième chapitre de Session Victim unit une fois de plus la précision artisanale d’Hauke Freer et Matthias Reiling à leur goût pour les détours. Entre textures analogiques et dialogues complices, Sidequests prend ici des allures de voyage intérieur : une façon de dire adieu sans cesser d’avancer, dans cette zone floue où la house devient mémoire vivante…
Le cercle se referme, doucement

Dès Too Soft To Be Loud, Ian Pooley glisse sa signature : une pulsation souple, des pads phosphorescents, une élégance presque liquide. Le remix ne cherche pas la réinvention mais le prolongement, comme un dernier regard sur la piste avant de rallumer les lumières. On y entend ce que Session Victim savent faire de mieux : mêler la rigueur du studio à la tendresse d’un souvenir. Viken Arman, l’autre visage du groove : le dialogue entre les Allemands et le producteur franco-arménien se poursuit avec Know Less et Broken Coast. Là, les rythmes se font respirations, les cordes s’étirent, les lignes de basse vacillent. Une impression d’espace, presque de cinéma : New York 70’s sous brume, ou Berlin au lever du jour. Rien n’est démonstratif ; tout flotte, patiemment.
« We’ve always been living in separate cities … The disadvantage is, you have limited time. The advantage is, you have limited time. » – Hauke Freer (2016).
Rain or Shine : l’échappée lumineuse

Avec Rain Or Shine, rejoint par le producteur de San Francisco Eo, le duo ralentit la cadence et laisse filtrer la lumière. Les voix hachées, le rythme bancal, les éclats jazz : tout respire la confiance retrouvée. Comme si, après avoir exploré toutes les nuances de l’ombre, il restait encore un sourire, quelque part sur la bande magnétique. Près de vingt ans après leurs débuts, Session Victim continuent d’échapper à la nostalgie. Leur amour du vinyle, leurs lives bricolés, entre 707 fatiguée et basses fébriles, prolongent une idée simple, que la house n’a jamais été une formule, mais une conversation. Sidequests se termine, oui, mais le dialogue reste ouvert. La boucle n’est pas close, elle tourne encore, discrète, quelque part entre Berlin et Hambourg, entre les sillons et les corps. Là où la house garde son âme de rencontre, et où chaque “sidequest” devient, au fond, le vrai voyage.