Né comme l’extension naturelle de SOL, l’instrument granulaire conçu par Dawesome et S1gns Of L1fe, Solara dévoile les angles morts d’un moteur hybride déjà ample. Vingt presets, ciselés par le duo Ascendant, comme vingt portes latérales dans un même cosmos
Pensé comme une cartographie intime des possibles de SOL, Solara (Material, 2025) glisse entre nappes diaphanes, grains dérivants et résonances étales. Avec cet outil pensé pour les créateurs d’ambient, les designers sonores et les compositeurs en quête de mouvement et de profondeur, et derrière les textures du Chris Bryant et Don Tyler – le duo Ascendant – une volonté claire : offrir une boîte de résonance émotionnelle aux flux d’audio entrant ; une invitation à pousser encore le moteur granulaire vers des usages cinématiques et contemplatifs…
Un moteur, vingt visages
Chris Bryant DR
La force de SOL repose sur son architecture hybride : granularité ductile, delays modulés, halos de réverbération qui s’étirent en épaisseur plutôt qu’en volume. Solara en explore les marges. Chaque preset travaille une zone précise, effleurement des attaques, grains suspendus, pulsations invisibles, sans jamais s’enfermer dans un seul geste. On entend des lavis scintillants, des brumes granuleuses, des échos qui s’ouvrent comme des couloirs. Toujours cette sensation de glissement contrôlé : rien ne déborde, tout respire.
Topographies lumineuses : Bryant et Tyler poussent le moteur à ses inflexions les plus fines. Certains patches absorbent la source pour la réinjecter sous forme d’arcs diffus, d’autres la laissent dériver dans une lente capillarité. L’espace devient une matière à texturer : profondeur feutrée ici, diffraction légère là. Le duo montre une connaissance presque tactile de SOL, et la manière dont ses résonances prolongent, plutôt qu’imitent, la gestuelle du musicien.
« Sound is the vocabulary of nature. You can shape it, but you can’t completely control it. » — Brian Eno (Opera House, 2009).
Pour les ambientistes, mais pas seulement
Don C. Tyler DR
Ces presets embrassent les usages : ambient sculptural, sound design narratif, score minimaliste, atmosphères pour installations ou jeux vidéo. On pense parfois à ces textures en suspension chères à l’école californienne, parfois à la densité modulante de certaines productions berlinoises. Solara n’est pas un pack d’effets ; c’est un nuancier. La diversité des profils sonores répond à un enjeu simple : accompagner l’émotion, pas la contraindre.
Un geste artisanal dans un outil numérique Les équipes derrière Synphaera et Ascendant ont toujours cultivé cette tension, précision technique, imaginaire étendu. Ici encore. Le mastering de Don Tyler ajoute un poli discret, presque invisible, qui laisse respirer les textures. Les graphismes reprennent l’abstraction astrale propre au label, comme une mise en correspondance entre l’œil et l’oreille. Ce pack ressemble à une petite chambre d’échos : intime, maîtrisée, ouverte aux détours. Solara n’agrandit pas seulement le territoire de SOL ; il en affine les lignes, comme si chaque patch venait révéler un fragment de ciel resté en retrait. Un outil discret, mais profond, un compagnon qui donne envie de repartir explorer.