Du 25 au 29 septembre 2019 se tenait la 7e édition de la « Paris Electronic Week ». Au programme : performances, workshops, masterclass, rencontres et conférences. Nous y étions le 26 septembre, notamment pour la présentation du festival Burning Man
Autrefois baptisée “Semaine Culturelle de la Techno Parade” la Paris Electronic Week, dite “PEW”, est un événement professionnel et artistique organisé par l’association Technopol, et dédié aux musiques et aux cultures électroniques qui, depuis 2013, développe une programmation pluridisciplinaire dans ces thématiques. Le but est de rassembler l’ensemble des professionnels des musiques électro à Paris, en mode IN à La Gaîté Lyrique, et en OFF chez les partenaires, soit de nombreux clubs, disquaires et de lieux éphémères qui accueillent des performances de la PEW.
Avec une centaine d’intervenants, français et internationaux, et plus de 40 rencontres, l’objectif reste de questionner et d’accompagner l’écosystème électronique pour faire se rencontrer les acteurs du secteur, donc pas seulement des DJ… En 2018 ces rencontres avaient rassemblé près de 10 000 participants. En 2019, l’événement se tenait du 25 au 29 septembre et, pour des raisons encore non élucidées de trouble du don d’ubiquité, nous n’avons assisté qu’à deux conférences, le 26 septembre.
Burning Man, le géant a fait des petits
L’une d’elle était consacrée à la présentation du festival Burning Man. Dominique Dodley et Jay Austin Gregory, deux membres de la communauté, étaient donc conviés à prendre la parole afin de décrypter le phénomène. Si ce giga festival (70 000 festivaliers) est réputé pour son aspect psychédélique hors du temps, chaque année l’événement reçoit néanmoins un nouveau public, parfois composé de personnalités et de riches hippies.
Un décalage certain avec les origines de la manifestation puisque, rappelons-le, l’évènement est né d’une simple fête autour d’un feu de joie de solstice. L’idée vient de Larry Harvey (1948 – 2018) qui, en 1986, propose la crémation festive d’une effigie humaine en bois (2,4 mètres de haut).
L’évènement a lieu sur la plage de Baker Beach, face au Golden Gate Bridge de San Francisco. Réitéré les années suivantes, et attirant davantage de monde (quelques centaines de personnes), les autorités locales ont préférées encourager les organisateurs à brûler leur deuil plus loin.
En 1990, il est déplacé dans une ville temporaire, en plein Nevada, pour permettre l’accueil d’installations (Art Camps) et de participants (Burners), de plus en plus nombreux. C’est donc dans le désert de Black Rock aux Etats-Unis (Nevada) qu’a lieu le Burning Man.
Chaque année le festival annonce le thème spirituel de l’édition prochaine. Celui de 2019 était « Metamorphoses ». De nombreux spectacles et installations sur ce thème ont ainsi rythmé l’édition et, récompensé par la bourse Black Rock City Honoraria 2019, le plasticien français Marc Ippon de Ronda a pu exposer son oeuvre au Burning Man.
Renaître de ses cendres ?
Cette conférence, qui venait rappeler les fondements du festival et de sa scène musicale a également permis de mieux saisir la politique tarifaire de l’événement souvent discutée. Pour beaucoup, Burning Man est au départ un lieu d’échange, de solidarité et de créativité. Cependant l’image actuelle paraît moins séduisante. En cause, les tickets d’entrée hors de prix et les camps VIP. Le journal le monde titre même : “l’utopie est calcinée”, d’autres posent également les questions liées à la protection de l’environnement.
Autrefois terrain d’expérimentation de la contre-culture, l’événement serait devenu une fête rituel pour les « techies » de la Silicon Valley. Gratuit à ses débuts, le prix du billet est passé de 35 dollars dans les années 90 à plus de 300 dollars ces dernières années, environ 380 euros pour obtenir le précieux sésame, sans compter le prix du pass par véhicule, 80 dollars, et les taxes d’environ 9 %…
Le tarif élevé est ainsi tributaire des autorités locales qui, comprenant les enjeux d’une telle manifestation, revoient leurs conditions à la hausse pour l’autorisation d’exploitation, et les services qui en découlent, notamment la gestion des déchets.
La gestion des déchets
Les organisateurs ne semblent pas s’en plaindre, suffisamment de personnes sont prêtes à s’acquitter des frais. La communauté des « burners » peut ainsi en rappeler d’autres, notamment lorsque les fans libèrent leur joie lors de keynotes mises en scène pour la sorite d’un nouveau smartphone, et en paient le prix fort chaque année…
Cela dit, cette communauté a fait des petits. La « Burning Community » existe dans 50 pays et cette conférence permettait également de découvrir le travail de personnes qui véhiculent l’esprit du Burning Man dans le reste du monde, comme Miyuki Megasamé, DJ programatrice de la communauté french burners qui organise régulièrement des événements et des moments d’échanges.
Découvrez The Temple
Le festival brûle aussi un temple gigantesque à la mémoire de proches disparus. Cette histoire est magnifiquement racontée dans le web documentaire The Temple (2016) de Laurent Le Gall.
En huit épisodes de 7 minutes, avec le bon dosage entre distance et compassion, il filme des bénévoles de tous âges préparant la construction du Temple. Tous vivent une aventure unique : six mois de travail acharné qui disparaitront dans les flammes en à peine 20 minutes. Installé aux USA depuis 1999 et habitué de l’évènement, l’auteur réalisateur s’est livré sur sa relation au festival, dans une interview réalisée par nos confrères de French Morning.
Faire de la musique, c’est aussi savoir gérer ses droits…
L’autre conférence de la PEW 2019 à laquelle nous avons assisté était : “maximisez vos revenus, soyez votre propre éditeur”. Particulièrement intéressante pour toute personne désireuse de faire de la musique, d’en produire, de la vendre, de la diffuser et d’en récolter les fruits, lorsqu’il y en a…
Que faut-il savoir pour s’assurer de ne pas gaspiller son temps et son argent ? Comment peut-on s’assurer que tout est couvert en terme de législation et de flux de revenus multiples ? Des thématiques abordées par Greg Marshall, PDG de AFEM, Stéphane de Saint Louvent, fondateur de ROTARY FM et Romain Pouillon VP of Business Operations, Beatport.
Si les musiques et les artistes évoluent, tous ne sont pas au fait de la législation en ce qui concerne leurs droits. Cependant des acteurs du secteur innovent et créent des structures qui permettent aux artistes de mieux diffuser leurs oeuvres et, surtout, de toucher un peu d’argent. L’exemple du travail de ROTARY FM est à ce titre remarquable.
Déléguer la gestion de ses droits
Il s’agit d’une maison d’édition fondée par des DJ, des propriétaires de labels et des mélomanes. Depuis 2013, ils aident les compositeurs et les labels de musique électronique à récupérer des redevances pour la diffusion de leur musique (clubs, festivals, télévision, radio, web). Leur devise ? “Nous nous occupons du sale boulot pour vous permettre de vous concentrer sur ce que vous faites le mieux : la musique !”
Anetha, Ark, Zadig, Mézigue, Flabaire, Molly… Ainsi, plus d’une quarantaine d’artistes constitue un catalogue d’environ 3 000 titres. Ils n’ont plus le stress de devoir s’occuper de la partie administrative, et peuvent prendre se consacrer à la composition.
Avec déjà 10 années d’expérience et d’expertise dans la musique électronique underground, cette structure aide les compositeurs et les interprètes à gérer leurs droits musicaux. Cela comprend les enregistrements de leurs morceaux dans des sociétés de gestion collective, le suivi de leur musique diffusée, la revendication des droits d’auteur, et l’identification des possibilités de synchronisation (films, télévisions, etc.).