B-Side, nouvel album de la productrice péruvienne Areliz Ramos, s’avance comme un miroir fêlé où la vulnérabilité ne se cache pas. Derrière son apparente désarticulation, il y a un souffle intime, une musique qui tangue entre souvenirs, désirs et éclats de rêve. Un disque où la liberté d’expression prend le pas sur la précision technique, porté par une sensibilité brute et émotive
Quand la mémoire se dissout dans le bruit et que la fragilité devient une matière sonore. Avec B-Side, paru le 21 août 2025 sur Mappa (MAP063), Areliz Ramos explore une face plus “fantastique et romantique” de son univers sonore. Guitare griffonnée, voix fragmentées, ambient et collages lo-fi : autant de gestes instinctifs qui dessinent des instantanés de rêverie. Héritier de Frío, son premier album centré sur l’exil et la nostalgie, ce nouveau chapitre préfère l’imperfection à la maîtrise, l’élan fragile à la mise en ordre ; un disque à écouter comme un carnet intime ouvert…
L’autre côté de la mémoire

Là où Frío travaillait les notions de distance et d’appartenance, B-Side embrasse le lâcher-prise. Ramos enregistre avec sa guitare — surnommée Frank —, ses pédales et quelques synthés, mais surtout avec l’urgence de l’instant. Les voix flottent, parfois proches, parfois lointaines, comme des pensées qu’on n’attrape pas. Chaque morceau ressemble à une page de journal où les phrases se brouillent mais gardent une intensité palpable.
La fragilité comme méthode ? Ce qui frappe, c’est le choix de l’imperfection. Ramos préfère les griffures, les hésitations, le chaos doux à toute quête de perfection sonore. Les guitares titubent, les textures se déploient sans chercher de résolution, les collages sonores s’empilent et se délitent. Ce geste d’abandon n’est pas naïf : il traduit une philosophie artistique qui valorise l’émotion brute, immédiate, non filtrée par la technique.
“On ‘B-Side’, Areliz Ramos follows her work’s current into its more ‘fantastic and elusive… and even romantic’ side.” — Tristan Bath, notes de l’album (Mappa, 2025)
Un disque de fissures et de reflets

B-Side ne promet pas le confort, il ne fabrique pas de refuge. Il propose au contraire une confrontation délicate avec l’incomplétude : ces petits instants où la joie se devine, où la mélancolie se dissout dans le bruit. Comme le note l’écrivain Tristan Bath dans le texte d’accompagnement, le disque se situe “dans un endroit où la fantaisie desserre les boulons de la réalité et de la mémoire”. Une définition limpide d’une musique qui préfère suggérer que définir. Entre Londres et Lima, entre intime et universel… Installée à Londres, Ramos reste profondément marquée par ses origines péruviennes. Dans sa musique, on retrouve ce balancement entre éloignement et proximité, entre déracinement et recomposition.
En ce sens, B-Side dialogue avec une génération de productrices et producteurs qui refusent le cloisonnement des genres pour privilégier la sincérité des émotions. Avec ce nouvel album, Areliz Ramos invente une langue musicale fragile, intime et lumineuse. Un disque qui ressemble à un rêve qu’on n’arrive pas à raconter, mais dont on garde la trace comme une empreinte délicate ; plus qu’un album, une confidence chuchotée à l’oreille du temps.