Dans un monde où les compilations s’accumulent, rares sont celles qui s’imposent comme de véritables jalons. Caviar Jazz ne se contente pas d’aligner des classiques : elle les agence en mémoire vivante. Plongée sensorielle dans dix années (1995–2005) où la house et le jazz se sont enlacés sur les dancefloors, des clubs de Kuala Lumpur aux nuits new-yorkaises
Sélectionnée par Da Funkie Junkie et Cosmic Girl, Caviar Jazz restitue une époque dorée où la chaleur organique des instruments dialoguait avec l’élan des machines. Entre remix culte de Daft Punk pour I:Cube, spiritualité house de Masters At Work, raretés de Cricco Castelli ou souffle nippon de Mondo Grosso, chaque titre agit comme une page d’un journal intime de danse. Plus qu’un disque, c’est une archive affective, soigneusement remasterisée, qui replace Right Tempo dans la cartographie mondiale du groove…
Une déclaration d’intention
Caviar Jazz : quand Daft Punk, Masters At Work et Mondo Grosso réinventent la mémoire du dancefloor. Dès ses premières secondes, la compilation fixe le ton : Disco Cubizm d’I:Cube, dans sa version remixée par Daft Punk, agit comme un portail vers l’âge d’or. Right Tempo ne signe pas une simple anthologie, mais une fresque qui fait dialoguer pionniers mondiaux et signatures plus confidentielles. Mémoire d’un club invisible : Da Funkie Junkie et Cosmic Girl n’ont pas pioché au hasard. Leur vision s’est forgée dans les nuits de Malaisie, là où jazz, disco et house se confondaient sous une même pulsation. Caviar Jazz porte cette empreinte : chaque morceau semble capturer l’énergie partagée d’un dancefloor, l’intime communion entre DJ et public.
« Jazz is the teacher, funk is the preacher » — James Mtume (interview, DownBeat Magazine, 1980).
Dans la cabine DJ : une boîte à outils pour selectors
Caviar Jazz n’est pas qu’un objet de collection. Sa construction même en fait une ressource pour les DJs qui aiment naviguer entre époques et textures. Chaque face du double vinyle se présente comme une mini-narration : de la montée progressive (Disco Cubizm en ouverture) à la libération euphorique (Life Is Changing Again), puis au relâchement aérien (le MAW Spiritual Flute Mix).
Les tempos restent dans une zone mixable (entre 118 et 125 BPM), idéale pour glisser ces morceaux au cœur d’un set deep ou soulful. Caviar Jazz n’est pas une capsule temporelle, c’est une passerelle : entre continents, entre générations, entre héritages. En le rééditant aujourd’hui, Right Tempo Pro rappelle que la house la plus vibrante reste celle qui, sous ses couches électroniques, laisse battre un cœur humain.

L’Italie comme filigrane
Right Tempo n’est pas un acteur anecdotique : après avoir donné au monde la série Easy Tempo et révélé un pan entier de la musique italienne oubliée, le label ouvre avec sa division PRO une nouvelle voie. Cette fois, c’est l’Italie qui réinscrit son nom dans l’histoire de la house jazzy, en tissant des liens avec New York, Tokyo ou Paris. Le choix d’éditions séparées — vinyle avec exclusivités (Janet Jackson revisité par Masters At Work, un edit rare de Jo Boyer, avec ce grain “vinyle only”), digital avec bonus signés Frankie Knuckles — révèle une logique patrimoniale. Les collectionneurs y voient une matière précieuse, les auditeurs connectés une ouverture. Dans tous les cas, le remastering sublime l’écoute, donnant à ces morceaux la densité d’un grand cru.