Avec There’s Truth in Gospel, Megatronic propose une messe house ; spirituelle, vibrante et collective. Six morceaux bâtis comme un sermon en transe : une conscience d’âme injectée au cœur de la danse
Megatronic fait un pari audacieux : refonder le dancefloor en lieu de culte moderne. En mêlant voix gospel, instrumentation “organique” et pulsations deep house, There’s Truth in Gospel installe une narration sensuelle et fédératrice. Ce n’est pas seulement de la musique de club, c’est une cérémonie du groove. L’EP célèbre la spiritualité house en réinventant le sacré au milieu des beats…
L’Évangile selon la house

Quand le label introduit “une congrégation gospel moderne sur le dancefloor”, ce n’est pas simple image marketing : c’est une ligne directrice. Le club comme église, le DJ en prédicateur. Une partition entre extase collective et intimité rythmique prend forme. Le défi est vaste : traduire cette métaphore sans tomber dans l’emphase vide, mais en la laissant respirer. Voix, souffle, chair : Fawziyya Heart, Aku, Chico Casidi, chacune incarne une nuance du récit spirituel. Sur All I See, Fawziyya injecte une douceur contemplative ; sur In Our Soul, elle porte toute l’architecture émotionnelle. Les moments instrumentaux (trompettes, flûtes, percussions) posent une spatialisation chaleureuse, comme si l’âme prenait forme en concert. Le tout danse sans jamais se “mettre en scène”, mais se fond.
“Le dance floor peut être aussi sacré que le sanctuaire.” – Razor-N-Tape
Le groove comme exorcisme

L’EP ne cède pas à l’asepsie électronique, il cherche le “vécu sonore” : le geste, la frappe, la résonance. À mi-chemin entre exigence de club et écoute savante, il doit composer avec deux temporalités : l’immédiateté du groove et la profondeur du détail. L’introduction d’enregistrements de rue au Brésil ajoute une dimension « documentaire », rappelant que la spiritualité ne naît pas dans le vide. Vers un renouveau spirituel de la dance ? There’s Truth in Gospel invite à reconsidérer ce que peut être l’expérience club, non pas seulement un exutoire, mais un espace de communion. Comme The Sounds of Blackness en leur temps, Megatronic trouve l’équilibre entre vérité et invitation ; le jour où la foule en club tressaillit non par distraction mais par élévation, voilà le pari.