LP The Smashing Machine

The Smashing Machine, ou la douceur radicale de Nala Sinephro

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Entre jazz cosmique, électronique expérimentale et nappes méditatives, Nala Sinephro signe la bande originale du film The Smashing Machine. Coproduction Warp Records et A24 Music, cette œuvre explore la tension brute et la fragilité intérieure du champion de MMA Mark Kerr

La compositrice et harpiste belgo-caribéenne Nala Sinephro, révélée par son album Space 1.8, prête son univers sonore au biopic The Smashing Machine. Sortie digitale le 3 octobre 2025, avec une version physique prévue pour janvier 2026, la BO déploie des textures ambient, des respirations électroniques et des envolées instrumentales qui dialoguent avec la violence et les paradoxes du personnage central. Une nouvelle étape pour l’artiste, qui confirme sa place singulière dans le paysage musical contemporain

Une rencontre entre deux mondes

Photo Nala Sinephro
Nala Sinephro DR

Associer la musique d’une harpiste visionnaire au portrait d’un lutteur de MMA pouvait sembler improbable… Mais cette tension entre douceur et brutalité est précisément ce qui donne sa force à la BO. Nala Sinephro a déjà habitué son public à brouiller les frontières entre spiritual jazz, improvisation et électronique. Ici, son langage épouse l’image, accentuant le contraste entre la rudesse des combats et l’intériorité fragile du protagoniste. Une écriture de l’espace ? Les titres Dawn, Grand Prix, The Smashing Machine et KO tracent une progression dramatique. La musique ne cherche pas à mimer la violence, mais à l’entourer d’un halo contemplatif. Les nappes ambient se mêlent à des arpèges délicats, des percussions discrètes viennent ponctuer les respirations. On retrouve l’art du détail qui faisait la force de Space 1.8 : une écoute attentive révèle des micro-événements sonores, presque imperceptibles, qui construisent l’atmosphère.

« Music is a healing force, it connects us to places we can’t reach otherwise. » — Nala Sinephro

Fragilité et puissance

Photo Nala Sinephro
Nala Sinephro DR

Plutôt que d’accentuer le spectaculaire, Nala Sinephro choisit la fragilité comme fil conducteur. Mark et Mark II sont parmi les pièces les plus introspectives, la musique traduit le doute, la fatigue, l’usure psychologique d’un homme dont le corps est en permanence sollicité. À l’inverse, The High ou KO laissent affleurer une intensité plus marquée, avec des nappes plus sombres et des textures proches de l’électronique abstraite. Ce va-et-vient entre fragilité et tension donne à la BO une profondeur émotionnelle inattendue. Un pas de plus pour Nala Sinephro, qui avec cette bande originale, élargit encore son territoire.

Signer une BO pour A24 et Warp, c’est s’inscrire dans une double lignée : celle d’un cinéma indépendant exigeant, et celle d’un label qui a toujours cultivé la porosité entre expérimentation et émotion. The Smashing Machine confirme que Nala Sinephro est capable d’installer son univers au-delà du concert ou de l’album, dans un dialogue fécond avec l’image et la narration. Cet album est une lecture parallèle, une manière de rappeler que la force ne se mesure pas seulement en coups portés, mais aussi en silences et en fragilités. Nala Sinephro transforme le combat en méditation, et confirme qu’elle compte parmi les voix musicales les plus singulières de sa génération.

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