EP SHDW07

Dans l’ombre du sillon : la House des souterrains refait surface

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Un disque sans visage, une étiquette qui cultive le clair-obscur, et quatre pistes qui sentent la sueur analogique : Shadow Pressings lâche Trentsetter EP, un vinyle venu rappeler que la house la plus physique, celle qui vit la nuit et le souffle court, n’a jamais quitté les sous-sols

Trentsetter EP, du mystérieux “Unknown Artist”, replonge dans l’ADN brut de la house ; à paraître le 5 décembre 2025. Un disque resserré, physique, construit comme un hommage aux machines et aux lieux qui ont forgé son histoire. Derrière cette façade anonyme, une cohérence : remettre en jeu les textures du sampler, les stabs lourds, les voix hachées et l’orgue M1. Une pièce qui ouvre, paradoxalement, sur un futur en clair-obscur…

Rouge tamisé, basses tendues

Shadow Pressings revient avec son goût de l’ombre. Le texte accompagnant cette référence parle de Chicago et de Detroit comme d’un écho, deux phares lumineux pour une musique façonnée dans l’urgence, près du sol, toujours moite… Trentsetter, l’ouverture, entre directement dans la matière avec son low-end épais et ses stabs gonflés, presque à bout de souffle, mais impeccablement tenus. L’effet est simple, on avance dans un couloir rouge où la pulsation fait office de guide, sans besoin d’ajouter plus.

Sampler, mémoire courte, groove long. Avec Unreleased Slices, la face A bascule vers une esthétique découpée. Le press release évoque l’« early sampler era », ses limitations et sa magie. Le morceau tourne comme un ruban magnétique sur lequel un producteur aurait laissé ses petites erreurs et ses boucles imparfaites, et c’est précisément ce charme qui traverse le sillon, une répétition volontaire, crue, presque artisanale, mais terriblement efficace pour qui connaît l’histoire du vocal-chop dans la house.

« The spirit of house music is freedom. » – Frankie Knuckles (The Guardian, 2011).

Lumière diffuse, montée intérieure

On retourne le disque, on ralentit un peu. Dreamed Up Ecstasy travaille la saturation juste, celle qui colore les drums sans les écraser. Les mélodies tintent au-dessus comme un carillon qui aurait trouvé refuge dans un club à 5 h du matin. La description de la piste parle d’une “hedonistic abandon”, un abandon contenu, plutôt une vapeur qui monte doucement, en s’appuyant sur les synthés comme sur des murs encore tièdes. La question qui prolonge la nuit. Am I ferme l’ensemble avec une respiration plus profonde encore. L’orgue M1, mentionné dans la note du label, revient comme un signal codé vers les années 1990.

Quelques fragments vocaux arrachés, une phrase parlée qui tourne en boucle, et cette impression de se demander,  sans vraiment le formuler, ce que la nuit a fait de nous. L’identité de l’artiste demeure inconnue, mais ce morceau laisse derrière lui un fil invisible, un petit vertige qui accompagne la sortie du club. Dans une époque où tout semble surexposé, Trentsetter EP garde la valeur du secret. Une manière de rappeler que la house avance parfois mieux lorsqu’elle marche à rebours, entre ombre et brillance, en laissant au danseur, et au disque, le soin d’écrire la suite.

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