DJ HELL – Zukunftsmusik

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Zukunftsmusik, c’est la musique du futur par DJ Hell

Publiée en avril dernier sur International Deejay Gigolo Records, Zukunftsmusik est une œuvre moderne, riche et saisissante. Avec ce cinquième album, DJ Hell dresse un constat aiguisé de notre société. D’ailleurs, en Allemand “Hell” ne signifie pas “enfer” mais “brillant”, ou “ce qui éclaire”. Pas étonnant qu’avec plus de trente ans d’expérience cette figure historique de la scène techno soit l’un des curateurs du prochain musée des musiques électroniques de Francfort.

 

Le personnage ne vous dit rien ? Tout n’est peut-être pas définitivement perdu… Dès son adolescence, Helmut Josef Geier se passionne pour les musiques électroniques au sens large. La techno, l’électro, la house et le hip-hop ont peu de secrets pour lui. La carrière de DJ Hell est éclectique, il a travaillé avec Puff Daddy, Grace Jones ou encore Bryan Ferry. Il a aussi été le premier à produire les producteurs français Miss Kittin & The Hacker, à l’époque de l’électroclash, au début des années 2000.

DJ Hell invite ses semblables à dépasser leur peur de l’inconnu : “d’où venons-nous, où allons-nous ? Chaque époque connaît des mouvements artistiques qui, comme nous en ce moment, essayent de donner du sens à ce monde incertain, le présent chaotique et le futur effrayant. Tous ces moments nous ont façonnés, notre musique et notre culture”.
Ce cinquième album studio, qui fusionne les nombreuses influences de DJ Hell, surprendra fort probablement les fans de tracks élaborés pour les dancefloors. Le producteur a en effet choisi de sortir des sentiers battus de la dance music afin de présenter une oeuvre plus propice à l’introspection. Avec finesse et intelligence, l’artiste rend hommage à la musique de ses maîtres (Kraftwerk, Moroder et Bowie) sans oublier d’y inclure les technologies de notre époque, mais aussi Internet, dont Google et Youtube, les cavernes d’Ali Baba pour tout créatif.
Véritable baie vitrée ouverte sur l’horizon, la fraîcheur de Zukunftsmusik (la musique du futur) se savoure sans lassitude. Au moment où de nombreux artistes et labels célèbrent 30 ans de musique techno à coup de rééditions, DJ Hell livre l’une des meilleurs oeuvres de l’année 2017, et probablement son plus bel album. Après la sortie remarquée du premier single “I Want U”, en coopération avec la fondation “Tom of Finland” pour le clip vidéo, DJ Hell, a dévoilé un second single “Car, Car, Car”, et nous a accordé une interview dans l’un des salons de l’hôtel Alba Opéra, juste avant le second tour de notre élection présidentielle.

Interview

HM : Comment l’homme peut-il trouver sa place, entre ses peurs et ses zones de confort ?
DJ Hell : Un homme, comme moi ?
HM : Comme toi, comme elle, comme moi…
DJ Hell : C’est une bonne définition, parce que c’est la question primordiale pour tout. Nous nous devons de trouver un équilibre et j’essaie de le faire tout au long de ma vie, comme tout un chacun. Bien évidemment j’essaie de le faire avec ce nouveau disque, et j’espère être très près de la réalité ! Ce n’est pas sûr, je verrai bien si l’album remporte beaucoup de succès, je ne sais pas car il sera peut-être incompris, ou mal compris, ou que les gens ne vont simplement pas l’aimer. S’il a davantage de succès que les travaux que j’ai pu effectuer auparavant, cela voudra dire que j’ai réussi à cristalliser la vérité et que les gens comprennent, et si tel est le cas ce serait parfait. J’aimerais pouvoir dire cela dans un an.
HM : Il y a des disques qui fonctionnent très bien sur le moment, et d’autres qui se révèlent des années plus tard, 10, 15 ou 20 ans, cela peut également arriver…
DJ Hell : Oui cela peut arriver, bien sur, mais ce serait trop tard. Je crois que je ne l’aimerai plus dans 20 ans. Je veux des réactions maintenant.
HM : Quelles sont tes plus grosses peurs, et où se situe ta zone de confort ?
DJ Hell : Une de mes plus grosses peurs, c’est lorsque j’abats une quantité énorme de travail – entre la musique, la promotion et le deejaying – et que la distribution ou les disquaires ne positionnent pas mon disque au bon endroit, au bon moment, je passerai donc à côté des bonnes opportunités. Je vais sortir six singles extraits de l’album. Parfois le dernier est celui qui fait la différence. Je ne cherche pas particulièrement à tout vendre, mais j’ai créé un concept pour chaque chanson. La musique, les formats, les visuels, les remixes… Il y a tellement de choses dans ce nouvel album, bien entendu je souhaite que le public l’apprécie, l’écoute et ressente des émotions, c’est pour cela que je compose, que je crée… Ce n’est pas que j’ai besoin de vendre énormément pour faire de l’argent, et acheter une maison, et une Porsche, euh non pas une Porsche, je préférerais avoir une Lamborghini… En fait non, je ne serai pas heureux avec la Lamborghini, j’achèterai plutôt une Tesla ! Je serai vraiment bien plus heureux avec une Tesla !
CAR CAR CAR
A CAR IS A CAR
IT DRIVES YOU NEAR OR FAR
IT TRANSPORTS YOU TO ALL KIND OF PLACES
THEY EVEN WIN RACES
A CAR IS NOT JUST A CAR
IT IS A HOME
AFTER A NIGHTLY ROAM
OF BEING ALL ALONE
YOUR CAR KNOWS THE WAY
DISPLAYED ON THE ASPHALT
CATWALK LOST IN THE OUTSIDE LANE
ADRENALINE PURE DRIVING MACHINE
A CAR IS A CAR
SHINY MEGASTAR
UNIVIDE SAVE SPACES
DEADLY METAL CASES
A CAR IS NOT JUST A CAR
HAPPINES CAN ALSO SCARE
CAR CAR CAR
IT IS WHO YOU ARE
HM : Et ça va dans le sens de tes inspirations en matière d’écologie, notamment pour nous permettre de mieux respirer sur notre planète.
DJ Hell : C’est pourquoi j’ai écrit Cars Cars Cars, cette chanson sur les voitures électroniques. Depuis de nombreuses années, il est facilement possible de ne plus utiliser de moteurs à combustion en ville, dans les taxis, les camions, les bus et les deux roues, en fait tout pourrait déjà être électronique. Ce n’est pas si compliqué avec l’appui des énergies renouvelables et des batteries électriques. Le pouvoir et le lobbying de l’industrie automobile sont encore très puissants, et je pense que c’est un scandale que l’électrique ne soit pas davantage utilisé. Tout cela affecte les situations politiques, les lois… Ce n’est pas le seul truc mais c’est ce que je peux dire à propos des voitures, et à propos du futur des voitures, c’est vraiment pour cela que j’ai écrit cette chanson.
HM : La vidéo qui l’accompagne est également très bien.
DJ Hell : C’est un copain qui l’a réalisée, c’est un artiste Suisse. Il a customisé ces voitures un peu spéciales, sans roues, un peu comme des objets volants…
HM : Oui, il joue beaucoup avec l’imagerie science-fiction des décennies passées, c’est une sorte de mashup des véhicules du futur.
DJ Hell : Oui c’est vrai.
HM : Lilium aviation, une entreprise allemande, avance plutôt vite sur son projet de véhicule électrique volant.
DJ Hell : Oui ils s’en sont encore au stade des essais de prototypes. Je pense que d’ici cinq ans on devrait en voir de plus en plus, mais pas dans toutes les villes.
HM : DUBAÏ vient de signer un contrat avec un constructeur chinois orienté sur la technologie drone.
DJ Hell : Peut-être que dans des villes comme celles-ci ça peut fonctionner, il y a davantage d’espace, mais je doute que cela puisse bien fonctionner à Paris…
HM: Exact, Paris est très réglementé, à moins d’avoir une dérogation spécifique, aucun véhicule volant grand public n’a le droit de survoler la ville.
DJ Hell : Je pense que cela peut radicalement changer dans les cinq à dix ans à venir. Bien sur c’est encore un peu difficile à imaginer, mais rien que ce que l’on voit avec tous ces drones, ces caméras, ces jouets… Ils transporteront bientôt des objets plus lourds, et puis des personnes.
HM : J’y vois un réel intérêt pour des zones géographiques isolées, et certaines ruralités, se rendre à l’hôpital d’une grande ville peut alors prendre trop de temps.
DJ Hell : C’est le futur très proche, et je suis très intéressé par ces avancées car c’est plus sûr, et plus rapide, on va gagner beaucoup de temps.
HM : Cars Cars Cars évoque donc la mobilité écologique du futur, mais c’est également un bel hommage à Kraftwerk ?
DJ Hell : C’est un très gros hommage à Kraftwerk !! Le son est totalement inspiré de leur musique, mais il ne s’agit pas d’une vulgaire copie car on ne peut pas les copier, c’est impossible ! C’est une très grande influence, et en plus ils n’ont jamais écrit de chanson sur les voitures.
HM : La plus proche serait probablement Autobahn, mais…
DJ Hell : Mais ce n’est pas une voiture… Ils ont aussi fait Tour de France et Trans Europa Express, mais ils ont laissé une ouverture… En fait je cherchai quelque chose que Kraftwerk n’avait pas abordé en leur temps, et qui convient à l’époque actuelle, avec les scandales des constructeurs sur la réglementation de la pollution, et avec l’émergence des voitures électriques, et tout cela arrive maintenant. Je pense que cette une chanson très forte, elle aurait pu être écrite par Kraftwerk et je suis très heureux de l’avoir faite.
HM : Tu partages un autre point commun avec eux, la bicyclette !
DJ Hell : Oui c’est vrai, je fais du vélo et eux aussi. Une fois j’ai invité Ralf à venir chez moi, parce qu’il a une famille et qu’il y a pas mal de balades  chouettes à faire, et… Je le connais, c’est quelqu’un d’extraordinaire, c’est un super-musicien et j’étais très heureux de le rencontrer, de parler avec lui, mais aussi de gagner son respect car il apprécie ce que je fais. Parfois je le mets sur la Guest-List, mais il ne souhaite pas que les gens le reconnaissent alors on fait les choses un peu plus secrètement. Il vient parfois à mes soirées, et c’est vraiment un des plus beaux respects que l’on puisse imaginer.
HM : Il y a aussi cet outil audio pour la voix que tu utilises dans la chanson.
DJ Hell : “text to speech” c’est une application, mais moi je l’utilise avec Google. Je me suis d’ailleurs demandé si je n’aurai pas dû créditer un featuring avec Google… (rires)
HM : Tu n’y es pas obligé vu qu’il y a déjà un plugin.
DJ Hell : C’est vrai, mais cela aurait été plutôt drôle d’utiliser Google en featuring, dans les remerciements, parce qu’au final ils ont rendu ce truc possible. Il y a un petit côté futuriste, même si cela se passe aujourd’hui. Quand j’ai écrit la chanson je voulais que cela sonne différemment, j’ai essayé avec deux voix parlées, un anglais et un Allemand, en ajoutant des effets et du pitch… J’en suis très content cela sonne vraiment comme une machine.
HM : C’est réussi, cela fonctionne très bien !
DJ Hell : Et c’est seulement un programme (rires), ce n’est pas comme un humain, pas comme quelqu’un.
HM : C’est en ce sens que c’est très intéressant ! Dans les domaines de la robotique et de la synthèse vocale, les nouvelles technologies ont pour habitude d’imiter l’humain. Il y a alors tout un jeu sur la temporalité, cela évoque à la fois le passé, le présent et l’avenir. On pense à la dictée magique de Texas Instruments, à intelligence artificielle… Cette voix, typiquement synthétique, n’a de commun avec l’humain que son langage, et cette relative distance impose une émotion puissante. C’est très réussi.
DJ Hell : Et c’est pour cela que je le fais ! Ce serait super que le public soit également touché. J’espère que cela va leur plaire, ou qu’ils y verront quelque chose de spécial.
DR DJ Hell
HM : Le concept de l’album peut aider à prendre davantage conscience de l’époque dans laquelle on vit, c’est une piqûre de rappel artistique, efficace et sans douleur. Les deux segments “inferno” sont-ils inspirés de l’oeuvre de Dante ?
DJ Hell : Je pourrai bricoler toute une histoire autour de cela, mais la vérité est que je n’avais aucun nom pour ces pistes… Il y a évidemment une influence Morricone, mais aussi de beaucoup d’oeuvres, des films, de la musique classique, ou encore du Boards Of Canada, et il y en a beaucoup d’autres, j’aime tellement de choses… En fait c’est comme poser différentes couches sur chacun de tes travaux, en essayant de trouver le meilleur équilibre dans l’harmonie et la mélodie, mais aussi dans le romantisme ou bien des côtés un peu plus sombres. Ce sont seulement des émotions, tu joues avec tout cela, tout dépend de quelle dominante tu choisis parmi toutes ces couches, mais tout doit s’assembler parfaitement. C’est finalement la partie la plus importante. Lorsque tu mixes ces six ou sept couches ensemble, elles deviennent quelque chose de très beau. Si un tout petit bout est mauvais, le résultat ne sera pas plus beau, je crois que c’est très intéressant de travailler sur “l’inferno” de cette manière, et si tu écoutes bien tu te rend comptes qu’il n’y a rien d'”inferno” ou d’infernal dans tout cela, c’est davantage dans…
HM : Dans le processus de création.
DJ Hell : Oui, le processus ! Ce n’est pas l’enfer, c’est même exactement tout le contraire, mais j’ai pensé que le titre en contre-pied collait bien au concept de l’album.
HM : Les processus de création évoluent aussi avec l’arrivée de nouvelles technologies. Depuis tes débuts tu as vécu une partie de cette évolution, notamment avec les synthés, puis l’arrivée du midi et de l’informatique musicale… Quelle est ta vision sur l’évolution de ces technologies, comment tu te sens au sein de tout cela ?

DJ Hell : C’est de plus en plus facile ! Tout est disponible, et immédiatement ! Si tu oublies quelque chose, tu ouvres Youtube ou Google… (rires). Je crois que ces deux-là ont désormais un impact énorme sur la création actuelle, on les sollicite très souvent, dès qu’il y a un blocage on ouvre Google… Cela apporte pas mal de liberté, et parfois même de l’inspiration.

HM : Oui, et toi aussi tu utilises Google.
DJ Hell : Oui, dans ma chanson Guède par exemple, dans laquelle un homme qui arrive à un carrefour à la fin de sa vie doit prendre une décision. J’ai dû prendre une décision, et je l’ai trouvé sur Youtube. Je me suis dit : “wow, c’est fascinant”, et cela arrive à chaque humain… C’est à chaque carrefour que nous décidons de la fin de notre vie, puis Dieu et la vie ne font plus qu’un… Guède est une divinité à laquelle croient beaucoup de gens (ndlr : les Guédé sont les esprits de la mort dans le vaudou, ils ont pour rôle de mener les personnes décédées vers l’autre vie), j’ai pensé que le message était suffisamment important pour vouloir travailler sur le sujet. Pour les paroles, j’ai utilisé des voix que j’ai samplé puis incorporé à la musique, j’ai joué avec le pitch, d’abord up puis down à la fin du morceau, pour finalement en faire une pièce d’environ neuf minutes.
HM : Notre corps est un médium. Il est le lien entre la terre et les esprits, le spirituel, et on le sent très bien avec cette musique.
DJ Hell : Ce serait vraiment super que tu ne sois pas le seul à l’avoir ressentie.
HM : Je ne dois pas être le seul… En revanche si pour nous c’est un fait, il y a des différences de “conscience” d’un pays à un autre, d’une culture à une autre…
DJ Hell : exact !
HM : Je te sais proche des Femen, pour qui l’engagement du corps est important. C’est un long combat, tu soutiens encore leurs activités ?
DJ Hell : Le fait est qu’elles connaissent une période réellement compliquée, le mouvement n’est plus aussi fort qu’il a pu l’être. La vérité est qu’elles ont été viré de leur bureau à Kiev ! Toutes leurs opérations internationales étaient planifiées la bas. Depuis elles ont voyagé vers d’autres lieux… Mais qui est ce politique français qui a attaqué et violé une femme de ménage déjà ? Il allait peut-être devenir président il y a quelques années… ?
HM : Dominique Strauss Kahn.
DJ Hell : Un homme hautement dangereux, comme le diable, impliqué dans de sales affaires, mafia, prostitution… Un des mecs les plus dangereux, on pouvait le voir rien qu’à regarder son visage. Fort heureusement il n’est pas au pouvoir, je ne sais pas où il est mais il est dangereux…
HM : Il n’est peut-être pas si loin…
DJ Hell : Oui mais il n’est pas aux affaires, ou alors peut-être en coulisses ?
HM : Tu sais que nous avons des élections en ce moment et Macron, l’un des deux candidats, aurait rencontré DSK plusieurs fois…
DJ Hell : Vraiment ?
HM : Oui, il y a quelques mois, Paris Match a révélé qu’ils se consultent régulièrement.
DJ Hell  : Pour ?
HM : Peut-être pour avoir des conseils en matière d’économie… ?
DJ Hell : Et pour revenir au pouvoir ?
HM : Aucune idée, mais cela m’étonnerait qu’il soit inclus…
DJ Hell : oui, probablement en coulisses. On ne voit plus ces personnes, mais elles sont encore là ! Merde, merde… Je ne savais pas… Bref, donc les Femen se sont fait virer, au prétexte qu’elles n’auraient pas payé leurs impôts et que le gouvernement Ukrainien aurait trouvé des armes. Comme ça, soudainement, des dizaines et des dizaines de milliers d’euro à payer tu vois. On leur a laissé 48h pour quitter le pays. Elles sont toutes partie, quelques-unes se sont installées à Paris, d’autres en Suisse. Elles ont dû fuir, la situation était vraiment dangereuse pour elles. Elles ont malheureusement perdu de la puissance depuis cette époque. C’est dommage car elles ont des connexions à travers le monde, et de bonnes idées. Selon moi, le plus important est qu’elles avaient de bonnes réponses à de nombreuses questions. Notamment concernant leur condition en Ukraine. J’espère qu’elles auront de nouveau du pouvoir, même en politique. Anna, la fondatrice, sera probablement sur le devant de la scène, suivie par des jeunes et des moins jeunes. En Ukraine, cela deviendra un mouvement très important pour changer le pays en mieux. Nous sommes arrivé à un haut niveau, j’y ai contribué car même si je ne suis pas une femme je me sens très concerné. J’y ai vu l’énorme chance de participer à cette évolution, j’avais besoin d’être à Kiev pour prendre part aux manifestations, et en parler à la télévision officielle. L’univers du digital n’était pas nouveau pour elles, mais j’ai souhaité utiliser mon nom, et le pouvoir qui va avec, pour les aider. On a eu pas mal de succès. Puis quand je suis parti de Kiev, il a y environ deux ans, il y a eu un film depuis diffusé au festival de Venise, mais que je n’ai pas encore vu, avec d’étranges reportages venant des opposants je pense. Il y a aussi eu d’étranges articles mensongers dans la presse Allemande. J’étais sur place, et j’ai pris part aux actions, je peux donc en témoigner, et tout d’un coup je lis ces merdes…
HM : La tendance malheureuse des Fake News, ou des informations approximatives ?
DJ Hell : Oui, faux, complètement faux ! Ils fantasment des histoires folles. Comme le fait qu’elles auraient été contrôlé par un homme. Un homme que l’on a d’ailleurs jamais vu. Tout cela juste pour leur nuire, et cela a malheureusement fonctionné. J’espère sincèrement qu’elles vont pouvoir retrouver leur force, leur pouvoir, et relancer l’aventure.
HM : Et étendre les actions, notamment en faveur des droits LGBT, en Tchétchénie comme dans d’autres pays du monde.
DJ Hell : l’époque actuelle voit une sorte de retour au  Moyen Âge…
HM : Parce que les gens sont en colère… ?
DJ Hell : Parce qu’ils sont perdus, ils sont confus. Ils ne savent pas quoi faire alors il sont prêts à suivent des gens comme Le Pen. J’espère que non car elle promet des changements en forme de désastre. Les gens veulent quelque chose de différent, même s’ils ne l’aiment pas certains la suivent, juste pour avoir un changement. C’est arrivé avec le Brexit, et avec ce fou de Trump.
HM : Et tu crois que cela pourrait arriver en France ?
DJ Hell : Je n’en étais pas convaincu jusqu’à hier, mais j’ai croisé beaucoup de gens depuis mon arrivée hier. La crainte existe aussi en Allemagne. La situation est dangereuse, et je commence à douter.
HM : L’autre danger c’est aussi ceux qui sont certains qu’elle ne passera pas, qui minimisent le danger.
DJ Hell : Oui en Allemagne aussi on a cette impression.
HM : Tu es toujours impliqué dans le projet de musée des musiques électroniques à Francfort ?
DJ Hell : Oui, je suis l’un des curateurs et le musée ouvre l’an prochain. Jje crois qu’il est temps que l’on montre au monde un musée sur l’histoire de ces musiques, et il ne s’agit pas uniquement de musique. Beaucoup de choses y sont liées, des films notamment, et pas seulement des documentaires de soirées. Il y aura aussi des instruments et la véritable histoire de ces équipements. Ce sera très utile car il y a tellement d’incompréhension, ou d’informations contradictoires sur l’histoire des musiques électroniques. Particulièrement avec la version Européenne de la house et de la techno. Selon moi, il y a une mauvaise interprétation à propos des origines et de ce que cela veut dire… Je suis heureux de faire partie de l’aventure de ce musée, aux côtés d’autres curateurs comme Dita Mayer de Yellow. On essaie de faire quelque chose de bien ! Et ce serait bien de voir ce musée également grandir à Berlin, ce serait l’un de mes premiers choix d’ailleurs car c’est une ville importante pour la techno, voire la ville de la techno ! D’autres villes suivront probablement dans l’ouest de l’Allemagne, et j’espère Berlin. C’est beaucoup de travail mais je suis très heureux de partager tout ce que je sais depuis mes débuts. Je me devais de participer à cette aventure avec une belle proposition artistique.
DJ HELL – Zukunftsmusik  

 

Fondateur de Houz-Motik, coordinateur de la rédaction de Postap Mag et du Food2.0Lab, Cyprien Rose est journaliste indépendant. Il a collaboré avec Radio France, Le Courrier, Tsugi, LUI... Noctambule, il œuvre au sein de l'équipe organisatrice des soirées La Mona, et se produit en tant que DJ. Il accepte volontiers qu'on lui offre un café...

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