Sous l’identité More Ghost Than Man, le producteur Terry Grant présente The Worlds We Made There, un album splendide, où lumière et obscurité vivent en harmonie(s)
2020, une partie de l’humanité hante ses propres maisons… Ces esprits, invisibles et souvent impuissants, regardent le monde passer à leurs fenêtres et sur leurs écrans. Frustration, confusion et peur règnent alors en maître. Pour Terry Grant, enregistrant sous le nom de More Ghost Than Man, c’est l’opportunité de réévaluer la direction d’un album en voie d’achèvement : ce nouveau monde, avec ses traumatismes et ses attentes déconcertées, appelle un autre type d’album. Le musicien remodèle alors son travail et, quelques mois plus tard, livre une œuvre singulière.
The Worlds We Made There, l’album !
Musicien polymathe, Terry Grant envisageait More Ghost Than Man dans un territoire distinct de sa discographie préexistante, comprenant des collaborations vocales avec des références de la Dance Music, comme John Digweed et Luke Solomon. Ce nouveau projet explore les espaces intermédiaires et incorpore l’influence croissante de la vidéo sur son art, suivant ses visions cinématographiques de manière suggestive, comme dans So Soon The Dark (2019). Vibrantes et luxuriantes, ses chansons aux textures intimes scintillent de tout feu, pourtant ce disque est plus graveleux, plus sombre.
Cachée sous la surface, une tension dévoile d’inconfortables émotions. L’artiste évoque « le stress de vivre une tornade catastrophique (…) En plus d’une pandémie qui a détruit les industries dont je faisais partie, et d’une année électorale particulièrement terrible (…) j’étais vraiment en colère ». Cette énergie, à la manière d’un cri dans le vide à l’idée d’un probable effondrement de notre monde, Terry Grant l’utilise pour réécrire son album. La canalisation de sa colère sert alors de push-and-pull dramatique à la narration.
Les morceaux de The Worlds We Made There évoquent un bras de fer entre élégance et intensité : « Même les jolies chansons sont un match hurlant entre moi et l’éther », dit Terry, c’est une tension qui bourdonne parmi la beauté de ces choses qui rendent notre monde supportable. Les fantômes avec lesquels nous vivons tous les jours sont ceux qui murmurent sous la surface. D’une certaine manière, ses chansons sont des films d’esprit, où les images rugueuses semblent issues d’une surveillance secrète. The Worlds We Made There est, pour ainsi dire, son deuxième long-métrage musical…
Terry Grant est More Ghost Than Man
Originaire de Cleveland (Ohio, USA), il tombe amoureux de la science-fiction et des musiques de films, alors qu’à la maison, ses parents écoutent Motown et le blues. Il emménage à Nashville à 22 ans et tourne en tant que guitariste avant de découvrir les clubs, sans pour autant être un noctambule chevronné. Il produit de la House Music et signe ses premiers morceaux sur Bedrock Records en 2005-2006, avant d’en avoir marre de faire des disques qui n’intéressent plus personne au bout de quelques semaines. « Je voulais faire de la musique que j’aimerais sortir du placard et écouter dans 10 ans, comme nous le faisions avec les albums. Je voulais m’affranchir des règles et des contraintes qu’implique habituellement faire de la musique pour les DJ et les dancefloors ».
C’est ainsi que naît More Ghost Than Man, afin d’emmener sa musique au-delà des clubs et de se livrer à son amour pour le cinéma et la réalisation de films. « Je suppose que j’ai utilisé les disques comme une sorte d’excuse pour créer une série de clips musicaux et de courts-métrages, dont chacun est au service d’une mélodie (ou de mélodies) particulière(s). Je suis infiniment fasciné par l’art à la fois stimulant et étranger, tout en étant authentique et familier d’une manière difficilement déchiffrable. Je suppose que c’est le lapin que je poursuis toujours et pourquoi je fais la musique que je fais. »