Artwork cover de l'album Éclat de Labelle

Labelle célèbre le Maloya traditionnel de La Réunion dans son nouvel album

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Avec Éclat, son quatrième album, Labelle donne un nouvel élan au Maloya traditionnel de La Réunion, notamment en le mariant aux cordes et à l’électronique

Jeremy Labelle est à l’avant-garde de cette jeune génération de musiciens réunionnais représentant et développant le son Maloya à travers le monde. Après avoir enregistré sa première œuvre orchestrale, Orchestre Univers, lors de quatre concerts à guichets fermés à la Réunion, Éclat continue brillamment cette série de recherches atour de la composition classique, de l’électronique et des sons traditionnels de son île…

Éclat, par Labelle

Avec Éclat, son quatrième album studio, Labelle poursuit son exploration des exponentielles potentialités de la composition, débutée en 2019 avec Orchestre Univers. Ce nouvel opus naît lors d’une répétition avec un quatuor à cordes, lorsque l’artiste observe leur communication, un langage sans paroles davantage constitué de contacts visuels que de télépathie : entre hochements de tête et coups d’archet… Dans la musique classique, et plus largement, le langage entre les musiciens est la clé, les conversations ne permettent pas seulement de jouer ensemble, elles créent quelque chose d’organique.

Photo de LabelleLabelle écrit également les parties électroniques, élément musical d’une part, mais aussi clef de compréhension de l’œuvre, elles deviennent une partie du langage entre les musiciens. Depuis ses débuts, Labelle aime s’affranchir des règles orchestrales traditionnelles pour expérimenter, innover et « créoliser » son art. « J’ai écrit pour eux comme si j’écrivais pour un groupe de rock (…) tu as ta section rythmique, tes deux guitares lead et un seul musicien joue de la basse ». Ensemble, ils explorent un son unique, ou l’orchestration classique rencontre le Maloya (NDLR, venu des esclaves d’Afrique de l’Est ou de Madagascar, cette tradition se transmet depuis plusieurs générations sur l’île de La Réunion, il s’est créolisé dans les plantations sucrières pendant la période de l’engagisme), l’électronique moderne, les instruments organiques. L’Afrique rencontre l’Europe, la terre rencontre l’espace…

Labelle, inspirations et tradition

Labelle sonde l’inspiration en tout lieu, le titre Mes Mondes a été augmenté d’un quart de ton pour correspondre à la gamme de la musique Gnaoua de Marokko, un morceau hypnotique très rythmé, étroitement lié au Maloya de la Réunion, pays d’origine de l’artiste. Dann Ron Maloya, est une construction, jusqu’à RON, l’unique fois sur le disque où les musiciens jouent la même ligne : un récit musical de l’état de transe que la musique et la danse Maloya permettent d’atteindre. Ils s’élèvent jusqu’à ce qu’ils soient noyés dans la distorsion, tel un solo de guitare rock… Éclat, le titre éponyme, est peut-être celui qui s’inscrit le plus directement dans la lignée du précédent opus, Orchestre Univers, évoquant un son cosmique, à la façon d’un orchestre suspendu, en apesanteur.

De nombreuses chansons ont été enregistrées lors d’une série de concerts, avant que la pandémie ne frappe en 2020, elles ont ensuite été ré-enregistrées, éditées et superposées au cours d’une année de confinement. Grâce à un mixage et une production exceptionnelle, il est impossible de distinguer ce qui a été enregistré en direct de ce qui a été enregistré en studio. Afin d’immortaliser cette expérimentation, le disque a été envoyé à Hector Plimmer pour un mixage supplémentaire, la touche jazz et expérimentale du producteur anglais déconstruit le quatuor à cordes pour l’ancrer dans une magnifique singularité… Avec ce disque, Labelle réunit des éléments de rock, de jazz, d’électronique et de musique classique dans une grande cohérence, alors sa musique se libère des frontières de genres.

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