Mariss Jansons, chef d'orchestre

Adieu, Mariss Jansons

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Mariss Jansons a assuré la direction musicale de l’orchestre Philharmonique d’Oslo, celle du prestigieux Concertgebouw d’Amsterdam ainsi que celle de l’orchestre symphonique de la radiodiffusion bavaroise (BRSO). Le chef d’orchestre Letton nous a quittés le 30 novembre 2019, après une carrière riche en émotions

Il nous manque, il va nous manquer… Considéré comme l’un des plus grands chefs au monde, Mariss Jansons était connu pour ses interprétations fines et émotionnelles, notamment de musique classique russe. Son apprentissage et sa carrière l’emmenèrent, entre autres, à Vienne, Berlin, Oslo, Londres et Pittsburgh.

Depuis la saison 2003-2004, il était chef d’orchestre de l’orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise. Entre 2004 et 2015, il a également assuré la direction de l’orchestre royal du Concertgebouw – un double engagement, deux fois 100 %, comme il se plaisait à dire.

Épuisé d’une carrière pour laquelle il a donné toute son énergie, ainsi que son âme et son talent, notamment après son infarctus de 1996, le chef d’orchestre Letton est décédé le 30 novembre 2019 à Saint-Pétersbourg, à l’âge de 76 ans, si jeune pour un grand chef ! Il s’était récemment produit à la Philharmonie de Paris, le 31 octobre.

Mariss Jansons, chef d'orchestre

Héritage musical

Issue d’une famille de musiciens – sa mère, mezzo-soprano, était diva de l’Opéra de Riga, où son père était chef d’orchestre – Mariss Jansons grandit sous le régime soviétique en se liant assez tôt à la musique et aux répertoires classiques. 2e Prix du Concours Karajan en 1971, Jansons n’entre pourtant pas dans la catégorie des maestros médiatiques. Plutôt circonspect, il se plonge corps et âme dans les œuvres qu’il chérit…

Alors, comment mieux se souvenir d’un grand chef d’orchestre que par son héritage musical ? S’ils ne peuvent pas être représentatifs de son œuvre, les trois concerts suivants reflètent certaines étapes de sa carrière. En 2003, il choisit la Symphonie Fantastique (Berlioz) pour son premier concert avec son nouvel orchestre : l’orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise.

Avec précision, il capte alors l’énergie et la complexité de l’œuvre de Berlioz, comme il le fait également 10 ans plus tard, lors d’un enregistrement officiel avec son orchestre préféré pour lequel il refusait même la succession de Sir Simon Rattle, en tant que chef de l’orchestre philharmonique de Berlin.

En 2006, il dirige le concert du Nouvel An à Vienne. Alors que la 3D est sur le point de se faire une place sur les écrans de cinéma, les téléspectateurs de ce moment d’anthologie peuvent pratiquement toucher les gouttes de sueur qui témoignent du travail et de l’élan que Jansons mettait dans sa musique. Si le répertoire du chef explore les grandes œuvres symphoniques, les valses et les autres danses viennoises ont aussi leur place.

Profondeur d’âme

Comment comprendre la discipline, le perfectionnisme, l’empathie, la finesse et la grandeur de ce chef, qui portait en lui l’âme des artistes soviétiques, qu’il a appris – comme son père – auprès du légendaire Evgueni Mravinski ? Tout simplement par l’écoute de son interprétation de la 5e symphonie de Dmitri Chostakovitch.

Dans chaque note, il fait comprendre à l’auditeur la profondeur de la souffrance du compositeur russe qui proposait, à travers cette composition, une « réponse créative d’un artiste soviétique à de justes critiques », le sous-titre de la symphonie.

Pour en entendre davantage

L’enregistrement de l’intégralité des symphonies de Chostakovitch dirigé par Jansons est très certainement “un des grands must de la musique classique”. Les amateurs, comme les néophytes, peuvent se plonger dans cette collection où l’on croise Berlioz, Tchaikovsky, Bartok, Strauss, Schumann, Schoenberg, Stravinsky, Rossini, Wagner, Martinu et Mahler. Les fans de Gustav Mahler peuvent également savourer son romantisme, en audio et en vidéo, avec la Symphonie N° 2 “Résurrection”.

PhD en Communication, Lisa Bolz se passionne pour l'histoire du journalisme et de la communication, mais aussi pour la musique, et plus particulièrement le classique.

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