Artwork cover de l'album Birdhouse de Jimpster

Jimpster voyage au cœur de ses inspirations

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Connu et apprécié pour ses travaux deep house, Jimpser livre Birdhouse, un album riche de ses premières inspirations, la soul et le jazz fusion

Réalisé au cours de l’année 2020, l’album de confinement de Jimpster voit enfin le jour ! Birdhouse sort après avoir été retardé d’environ 6 mois, en raison des actuels retards de pressage de vinyle. Ce septième album s’éloigne des pistes de danse pour revisiter les inspirations jazzy de l’artiste, un superbe travail au goût de la fusion des années 70, enrobé d’ambiances et d’électronique downtempo, à grand renfort d’échantillons, une tuerie…

Jimpster Birdhouse

Le ton est donné dès l’ouverture : percussions bruissantes, samples de chorale très large, effets dub et pads en dérive… Si cet album n’est pas orienté dancefloor, l’ensemble chaleureux colle plutôt bien au sentiment de plénitude que l’on aime dans ses travaux deep house. Le titre Ascension, avec le chanteur britannique Oliver Night, renvoie aux belles heures de la scène britannique des 90s, soul et acid jazz en simplicité apparente, enrobée par la basse de Nick Cohen et le Fender Rhodes de Jimpster, dans un rythme de batterie plutôt Lo-Fi. Avec le flow de Yoh, le titre Voodoo donne une dimension hip hop et néo soul à l’album. Gageons que cette première collaboration avec le brillant jeune poète New Yorkais en entraîne de nombreuses autres. Still Believe est dans la parfaite continuité du disque, des beats en mode slow motion, des échantillons vocaux parfois déséquilibrés… Ambiance intimiste voluptueuse, façon after immersive, avec le jeu live de la basse et du Rhodes.

Beautiful Day est le premier des deux morceaux du LP avec le chanteur et compositeur londonien Cairo. Présenté à Jimpster par l’intermédiaire d’un ami commun, l’artiste s’intègre parfaitement au projet, ambiance profonde et jazzy, une ritournelle nu-soul que l’on souhaite faire tourner en boucle et plus particulièrement en position horizontale… Connu pour ses collaborations avec Stimming, Joris Voorn et Booka Shade, Lazarusman est un chanteur originaire de Johannesburg. Dans Birdhouse, il livre le poème Heavy, ponctuant parfaitement les filtres réverbérés du cor et les accords hachés à la Detroit… Les BPM se mettent alors en mode escargot pour dérouler le track Future Paradise, où les arpèges ascendants embrassent les effets dub du cor bugle, et où les cordes en suspension sont luxuriantes à souhait.

Il y a 15 ans, Jimpster et Capitol A unissaient leurs forces sur Left n Right, du LP Amour. Connu pour son travail avec Jazzanova, King Britt, Mark De Clive-Lowe et l’hymne du club 2008 Serve It Up on Mantis, le MC natif de San Francisco offre son inimitable flow pour donner au titre Telegram son groove hip hop jazzy émoussé, l’un des points forts de l’album. Rain offre une tranche intime et discrète de soul contemporaine, soutenu par des rythmes lâches et croquants, des touches poussiéreuses et des fioritures moogy, Cairo livre là un envoûtant discours… Accélérant de nouveau le rythme, Doors Of Your Heart voit Jimpster s’affairer à découper un groove ultra funky tandis que Nick Cohen nous scotche avec une nouvelle ligne de basse.

Un nouveau break prend la forme de touches luxuriantes via des synthés modulaires et un traitement de dingue des effets : bienvenue dans la stratosphère ! On peut y voir un hommage à certaines de ses premières productions à la fin des années 90, notamment l’album Messages From The Hub. Jimpster  revisiter la saveur de ces sons, Tell You nous emmène très loin avec ses klaxons cinématographiques de big band, entrecoupés d’un sublime échantillon vocal… Pour clôturer son voyage, Jimpster boucle la boucle haut perché dans sa galaxie avec le bien nommé Full Circle : les pads sublimes évoque certains des travaux de Pat Metheny & Lyle Mays, et les arpèges de synthétiseur accompagnent de subtils effets qui empruntent le doux ruisseau de la réverbération…

Photo de Jimpster au studio par Scott Cross
Jimpster © Scott Cross

Jimpster

C’est sous son alias Jimpster que Jamie Odell est devenu l’un des incontournables artistes deep house. Ses labels, Freerange et Delusions Of Grandeur, sortent des musiques oeuvres remarquables, avec des artsites tels que Detroit Swindle, Tornado Wallace ou encore Session Victim. Depuis son camp de base britannique, Jimpster est l’un des porte-drapeaux du son house.

Ses premières sorties remontent à 1991, sur Jumpin’ & Pumpin’, mais c’est son premier LP Messages From The Hub qui fait de Jimpster un artiste de renom à la fin des années 90. L’abum, acclamé par la critique, contient des collaborations et des remixes pour des artistes aussi divers que Coldcut, Kirk Degiorgio, Lamb, Airto Moreira et Bob Marley. Dès lors ses travaux ont été réguliers, principalement sur Freerange, mais il s’est autorisé une jolie excursion en 2006, avec Square Up sur Buzzin Fly, le label d’une autre légende, Ben Watt.

Photo de Jimpster au studio par Scott Cross

Ses sorties telles que English Rose, Dangly Panther, A Love Like This et Can’t Stop Loving continuent d’être jouées par de nombreux DJ, tandis que These Times et Porchlight And Rocking Chairs, deux autres hymnes deep house récents, ont été remixés par Dixon et KiNK. 2016 est une année marquante, elle marque les 20 ans de Freerange, avec un EP en collaboration avec le japonais Kuniyuki, des remixes pour Galcher Lustwerk et Mr V, et un EP sur le label allemand Systematic, comprenant des remixes d’Adam Port et Hyenah. 2017 s’est avéré être l’une des années les plus fortes de sa carrières, avec son LP Silent Stars, des remixes pour Adam Port et Kerri Chandler ainsi que son morceau Step By Step pour Suol, apparaissant dans d’innombrables charts et occupant la première place sur Traxsource pendant plusieurs mois.

Photo de Jimpster au studio par Scott Cross

Plus récemment, il a brûlé les pistes de danse avec Burning Up, ainsi qu’un énorme remix de More Cowbell de Bawrut. Son One EP a également prouvé qu’il n’avait toujours pas l’intention d’oublier les dancefloors, recevant notamment le soutien de Jamie 3:26, DJ Spinna, Osunlade et Opolopo pour n’en nommer que quelques-uns… Lorsque les clubs ne sont pas fermés, Jimpster se produit dans des lieux tels que Output (New York), Womb (Tokyo) et Watergate (Berlin). De nouvelles musiques sont évidemment en chantier, dont un nouvel album où près de trois décennies d’expérience seront choyées, comme il le dit lui-même “La mission est claire : essayer d’injecter de la chaleur, de la profondeur, de l’âme, de la sincérité et de l’attitude à la fois dans mes productions et dans mes DJ sets. C’est ce qui distingue les grands acteurs des prétendants. Ce défi est ce qui me permet de rester concentré et inspiré depuis 30 ans et je suis sûr qu’il gardera le feu dans mon ventre pendant de nombreuses années à venir.”

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