Artwork cover de l'album Undergrowth de Clara Angel

Undergrowth de Clara Engel, l’évolution par l’abandon

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Né de l’abandon d’un autre projet de Clara Engel, Undergrowth explore des non-dits viscéraux et des contrées sonores peuplées de vivants

Clara Engel se plaît à dire qu’il n’écris pas la même chanson à chaque sortie, mais une longue chanson en continue qui se terminera à la fin de sa vie : “Je considère cet EP comme la bande originale d’un court métrage qui n’existe pas, un intermède entre mes albums et un ravin sauvage juste à côté d’un carrefour routier très fréquenté.” Son nouveau disque s’intitule Undergrowth

Undergrowth par Clara Engel

En septembre 2022, Clara Engel terminais un nouvel album, avec une sortie prévue en 2023, mais elle se trouve dans une impasse et décide d’abandonner temporairement. Paru en octobre 2022, cet album est le résultat de ce qui s’est passé après cet “abandon”, enregistré sur une période d’environ une semaine où l’artiste joue sans but ni concept. Sa conclusion ? “c’est une bonne idée d’abandonner de temps en temps, déconner avec ces sons a ravivé mon sens des possibilités”. La plupart des pièces sont basées sur des mélodies spontanées et des méditations musicales improvisées jouées sur talharpa, guitare boîte à cigares, mélodica et percussions. A l’époque, Clara Engel écoutais surtout un album de Burning Spear en boucle, un fait qui ne se reflète pas dans le son de cet album, mais la musicienne aime mentionner ses inspirations.

Mayn Rue Plats” de Morris Rosenfeld est la seule pièce vocale de l’album. Rosenfeld a écrit ce poème/chanson en réponse à l’incendie de l’usine Triangle Shirtwaist en 1911, mais il parle de manière plus intemporelle du sort des travailleurs dont la vie est largement passée dans le labeur, souvent éloignés de la lumière du jour, luttant pour s’en sortir. Cela avait du sens pour l’artiste d’inclure cette chanson particulière de lamentation, et de protestation, à côté de ces improvisations/mantras musicaux qui évoquent des forêts, des cieux, des lits de rivière pierreux, des toiles d’araignées et le sens élémentaire d’être une créature vivante immergée avec d’autres créatures vivantes ou qui l’ont été… La juxtaposition de ces pièces avec cette chanson évoque le sentiment vaste, muet et innommable que Clara Engel ressent lorsqu’elle vois des photographies d’usines abandonnées et de villes fantômes envahies de verdure, de jeunes arbres éclatant à travers le béton.

Undergrowth par Clara Engel

Clara Engel DR

Elle essayais de reprendre “Mayn Rue Plats” depuis un moment n’étais jamais satisfaite du résultat. Les premières  approches sont fidèles, note pour note, accord pour accord, mais le résultat ne lui convient pas. “Je suis revenu à la chanson des années plus tard, et cette fois je l’ai chantée sur un refrain cyclique et pesant sur ma guitare boîte à cigares à quatre cordes. Je l’ai enregistré en une seule prise un jour de pluie sombre avec la fenêtre ouverte, pour que vous puissiez entendre l’ambiance d’une averse en arrière-plan”. Elle ne parle pas le yiddish, mais c’était la première langue de son père, décédé en 2017. Elle a alors chercher de la musique juive, c’est une forme de connexion avec ses racines, et ce côté de sa famille qu’elle connais peu.

C’est son deuxième enregistrement avec la talharpa (alias lyre à archet), et selon elle “je deviens de plus en plus doué pour en tirer une mélodie”. La chanson finale est le refrain d’un succès country folk dont elle est certaine que la plupart des gens reconnaîtront. “Au début, je l’ai joué comme une blague, puis j’ai pensé : combien y a-t-il de reprises de lyre à archet de Country Roads ? Je devrais peut-être combler le vide”. L’image de couverture est l’un de ses dessins, une fronde ou un hippocampe, ou un hybride chimérique. Quoi qu’il en soit, quelque chose de vivant. Les fougères sont d’anciens témoins silencieux de tant d’autres formes de vie qui ont émergé et disparu. Les hippocampes ont des corps translucides d’un autre monde, et c’est le mâle qui donne naissance. Ces deux êtres vivants me rappellent à quel point la vie est riche et étrange, et qu’il y a tellement plus sur terre au-delà du tissu du monde humain.”

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