Artwork cover de l'album blueblue de Sam Gendel

Sam Gendel étend sa palette de sons colorés avec blueblue

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blueblue est le dernier album du multi-instrumentiste Sam Gendel, sorti le 14 octobre 2022 via Leaving Records, et dont chaque titre correspond à un motif dans le sashiko, un style traditionnel de broderie japonaise

La majeure partie de ce nouvel album a été enregistrée de manière isolée par Sam Gendel dans un studio de fortune construit dans une cabane flottant au sommet d’un affluent du fleuve Columbia, il s’intitule blueblue…

Sam Gendel

Photo de Sam Gendel
DR Sam Gendel

Blueblue est le dernier album du multi-instrumentiste et magicien de l’ambiance, Sam Gendel, sorti le 14 octobre 2022 via Leaving Records. Les pistes correspondent à un motif dans le sashiko, un style traditionnel de broderie japonaise. Cette vanité reste ludiquement ambiguë car dans quelle mesure, le cas échéant, Kagome (籠目, bambou tissé) est-il censé évoquer le motif du même nom ? Cela dit, l’auditeur perçoit un sentiment intuitif tout au long de l’album… Un disque néanmoins riche en textures. Il y a une intimité, une humilité et une force en jeu qui ici caractérisent le travail d’un maître artisan du son.

A Los Angeles, en passant par Central CA, Gendel est désormais une institution. À travers une liste vertigineuse de sorties solo et de collaborations, il s’est forgé une réputation non seulement pour sa musicalité virtuose (principalement en tant que saxophoniste, bien que les chansons qui allaient devenir blueblue aient toutes été initialement composées à la guitare), mais aussi pour sa production mercurielle et prolifique – un corpus d’œuvres qui, bien qu’évidemment redevables au jazz et au hip hop (et aux coins expérimentaux les plus reculés des deux), est, en un mot, introuvable. À cet égard, Leaving Records, avec son cri-de-cœur de «All Genre», est évidemment une maison naturelle et familiale pour Gendel.

blueblue par Sam Gendel

Photo de Sam Gendel
DR Sam Gendel

La majeure partie de blueblue a été enregistrée de manière isolée dans un studio de fortune construit dans une cabane flottant au sommet d’un affluent du fleuve Columbia dans l’Oregon. Après avoir esquissé un ensemble de mélodies de guitare, le musicien a enregistré l’album en cinq semaines environ, période au cours de laquelle il s’est familiarisé avec la montée et la descente des marées de la rivière. Ce rythme organique, qui soulevait chaque jour la maison à la rencontre de l’horizon, puis la posait doucement sur le lit de la rivière, imprègne totalement le disque. Il y a des pops, des gémissements et des artefacts, et, dans Tate-jima (縦縞, rayures verticales) – l’un des morceaux les plus plaintifs de blueblue – même le léger clapotis de l’eau…

Tout aussi essentiel, le travail de kit de Craig Weinrib. Gendel et Weinrib ont collaboré à distance pendant le séjour de Gendel dans l’Oregon, Gendel envoyant des chansons à moitié terminées à Weinrib et lui donnant carte blanche pour enregistrer des percussions. Le résultat final est un échange détendu et confiant entre deux musiciens clairement simpatico, particulièrement évident dans la technique de pinceau magnifiquement attentive de Weinrib. blueblue est un LP conceptuellement solide, hypnotisant, évocateur, idiosyncratique… Conformément à son nom, le disque fonctionne comme l’étude des couleurs de Gendel, véhiculant, par la répétition et la déviation, son dévouement à une certaine humeur – innommable, mais certainement noirâtre, nostalgique, quasi psychédélique et existant dans un crépuscule permanent. Cet album est un point d’entrée accessible et enivrant dans le catalogue en constante expansion de l’artiste.

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