LP Without Us

Without Us : dernière rave avant minuit, selon Daniel Brandt

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Daniel Brandt mêle musique et réflexion écologique pour dénoncer l’impuissance collective face à la crise climatique. Entre rythmes percussifs et ambiance cinématographique, il explore les actions individuelles face aux décisions des Multinationales

Without Us est un album puissant qui allie musique percussive et réflexion écologique. À travers des sonorités captivantes, l’artiste explore l’impuissance face à la crise climatique et la nécessité d’un changement radical à l’échelle mondiale. Son disque respire profondément. Un album que l’on peut écouter au casque, seul·e, tard dans la nuit, afin de mieux sentir ce que la musique peut dire quand nous n’avons plus de mots ; un refuge musical à savourer loin du tumulte, une œuvre rare. Découvrez Without Us, paru le 21 mars 2025…

Without Us

Portrait de Daniel Brandt
Daniel Brandt © Shaz Madani

Avec Without Us, Daniel Brandt livre une œuvre totale, aussi politique que sensorielle, en réponse à l’urgence climatique et au sentiment d’impuissance individuelle. Né d’une scène apparemment banale – l’achat impossible d’un avocat non emballé dans un supermarché londonien – l’album développe une réflexion critique sur la responsabilité collective face au dérèglement planétaire. Brandt y oppose la déconnexion entre les petits gestes écologiques et l’inaction des grandes structures économiques, en formulant un cri lucide : la solution n’est pas entre les mains de l’individu isolé, mais dans une transformation radicale des systèmes. L’album fusionne rythmes puissants, textures organiques et inquiétude atmosphérique, mêlant les paysages sonores de Joshua Tree à la frénésie urbaine de Berlin et Londres.

Without Us ne se limite pas à un disque : il devient une expérience immersive, incluant un film tourné à Athènes avec Anthony Dickenson et une performance live multidisciplinaire. Sa matière sonore, viscérale et cinématographique, évoque un monde au bord du gouffre – mais dans lequel la beauté persiste. Entouré de collaborateurs fidèles (Hatis Noit, Anne Müller, Akusmi, Florian Juncker), Brandt canalise les tensions de notre époque dans un langage musical urgent, où chaque battement semble compter les secondes avant l’inévitable. Ce projet marque un tournant dans sa discographie : plus direct, plus sombre, mais aussi plus ancré dans le réel, il nous invite à danser dans les décombres avec lucidité et force.

« L’album traite de l’impuissance de l’individu face à la crise climatique. Ce rôle que chacun est censé assumer est si petit par rapport à l’ampleur de ce qui est nécessaire. La responsabilité ne doit pas incomber à l’individu lorsque nous souffrons des décisions prises par des Multinationales qui cherchent à s’enrichir rapidement » (Daniel Brandt).

Les compositions oscillent entre urgence et introspection, avec une forte influence rythmique et une recherche sonore minutieuse. Dès l’ouverture avec Paradise O.D., les percussions martelantes et les synthés liquides plongent l’auditeur dans une atmosphère de tension croissante, symbolisant l’inquiétude d’un monde en crise. Le mélange d’instruments électroniques et acoustiques, notamment les tambours à main et les mellotrons déformés, forge un paysage sonore distinct, où chaque note semble réfléchir la fragilité de l’environnement. Des morceaux comme Lucid et PNK dévoilent des expérimentations sonores, où les textures se fondent dans une dynamique frénétique, créant une immersion totale dans l’agitation du monde moderne.

Connu comme co-fondateur de Brandt Brauer Frick, Brandt parvient à capturer une énergie cinématographique, comme dans Resistance et Steady, où les percussions méticuleusement agencées se font porteuses de tension et de rythme incandescents. Ces compositions s’étendent au-delà de simples morceaux de musique, se rapprochant d’une expérience sensorielle, où chaque élément sonore contribue à renforcer le propos de l’album : un appel à l’action dans un monde en déclin. Les collaborations, notamment avec Hatis Noit et Anne Müller, enrichissent cette palette sonore, apportant des touches de profondeur et de nuances, tout en maintenant une cohérence artistique marquée par la quête d’un message fort. Brandt ne s’efface pas derrière ses compositions, il installe en revanche une distance relative qui rend l’album captivant.

Fondateur de Houz-Motik, Cyprien Rose est journaliste. Il a été coordinateur de la rédaction de Postap Mag et du Food2.0Lab. Il a également collaboré avec Radio France, Le Courrier, Tsugi, LUI... Noctambule, il a œuvré au sein de l'équipe organisatrice des soirées La Mona, et se produit en tant que DJ.

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