LP Petrichor

Atmosphères mouillées : Petrichor, nouvelle cartographie sonore de Osland & Heath

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Dans un monde sonore saturé, James Osland et Andrew Heath nous entraînent dans le bruissement subtil de Petrichor : une immersion délicate dans les bruines anglaises et les saisons qui s’éveillent

Avec Petrichor, les deux musiciens britanniques poursuivent leur alchimie débutée sur Elysian Fields (2024). Le disque, sorti chez Fluid Audio, mêle nappes douces, piano discret et field recordings pour capter l’instant fragile où la saison bascule. Pensé comme un album de sensations, il s’écoute comme un paysage qui se dévoile lentement, entre sons d’intérieur et bruissements du dehors. La sortie se double d’une édition artisanale rare, et ouvre déjà de nouvelles perspectives sonores ; une invitation au voyage intérieur…

Pluie, silence et partitions intérieures

Photo Andrew Heath
Andrew Heath DR

L’album est né d’un échange de boucles entre les deux artistes, au cœur d’un hiver humide. Andrew Heath envoie des textures, James Osland répond par des arrangements délicats. Leur dialogue s’enracine dans une temporalité ralentie, où chaque geste musical semble pesé, écouté, laissé en suspens. Cette lenteur n’est pas un effet de style, c’est une respiration. On y entend la pluie tomber, les jours allonger. Le disque ressemble à une écoute du monde par la fenêtre.

Field recordings et textures au millimètre : les morceaux se construisent autour de drones subtils, ponctués de sons du réel — vent, gouttes, craquements. Le piano arrive comme une trace, jamais imposé, toujours retenu. On pense à Chihei Hatakeyama, à l’ambient de type lowercase, à la musique qui prend soin. Chaque piste semble chercher à ne pas déranger, à s’intégrer dans l’espace d’écoute. Et pourtant, c’est une œuvre exigeante : elle exige de l’attention, de la disponibilité, de la lenteur.

« A stunningly constructed blend of field recordings, minimal piano and ambient textures that will keep the attentive, headphone clad listener busy. » — Fluid Audio, via Instagram

Un objet artisanal, entre carte postale et relique

Photo Andrew Heath
Andrew Heath DR

L’édition physique — limitée à 50 exemplaires — est un objet d’art en soi. Cartes anciennes, photographies, enveloppes cousues à la main : Fluid Audio poursuit ici son travail remarquable d’éditeur sensoriel. Ce n’est pas un simple CD, mais une pièce à conserver, à manipuler avec précaution. L’objet complète parfaitement l’esthétique du disque : lent, précieux, silencieux.

Sur les réseaux, les premiers retours parlent d’un disque “construit avec soin pour l’écoute au casque”. Sur Album of the Year, la note de 60/100 reflète surtout une exposition limitée — pas une faiblesse artistique. Comme souvent dans ces scènes ambient de niche, le bouche-à-oreille fera son chemin. Une série de remixes ou des lives immersifs pourraient prolonger l’expérience dans les mois à venir. Petrichor n’impose rien. Il suggère, il murmure. C’est un album pour ceux qui savent encore écouter doucement ; la plus belle des résistances ?

 

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