Sous ses dehors feutrés, Funki Porcini revient avec Modern Hymns for Modern Things. Sorti le 5 septembre 2025, l’album installe un climat de lenteur choisie, entre downtempo, ambient et jazz vaporeux. Une musique qui ressemble à une chapelle improvisée au cœur du numérique — intime, contemplative et fragile
Treize titres forment un recueil sans hâte, entre improvisations électroniques et touches instrumentales : guitare slide, motifs analogiques, textures ambient. Le musicien Funki Porcini poursuit une trajectoire à rebours des accélérations contemporaines. Un album de patience et de détails, ouvert à la méditation et à l’écoute profonde…
Hymne à l’instant
Tout commence par Bee Bop Aluha, légère mise en orbite où la guitare slide trace une première brèche sensible. L’album avance à pas feutrés, par nappes et micro-variations. Chaque titre agit comme une respiration, comme si la musique demandait moins d’être consommée que vécue — à hauteur de silence. Avec la délicatesse pour guide, Funki Porcini prolonge une esthétique cultivée depuis ses débuts chez Ninja Tune, mais avec une maturité nouvelle. Les beats sont retenus, les basses suggérées plus que martelées. L’ensemble se tient dans une zone nu jazz / abstract beats, mais sans chercher l’effet ni le clinquant. Une invitation à se poser, à s’accorder.
“I just thought I wanted to make things a bit more interesting, just for me.” — Funky Porcini (Music Radar).
Souffles organiques et synthétiques
Au fil des morceaux — San Luis Obispo, Slow Ipcress, Visualised Bass — l’équilibre se joue entre instruments réels et machines analogiques. La guitare d’Ashley Hopkins, la TB-303 de The Doubtful Guest ou le mix final de Scott Lennan offrent des points d’ancrage humains, presque artisanaux, dans un espace électronique où rien n’est jamais figé. L’album trouve son sommet dans la retenue. The Unpleasantness Will Pass en est l’exemple : fragile, presque suspendu, comme si l’air lui-même devenait instrument. Plus qu’un simple disque, Modern Hymns for Modern Things s’écoute comme une méditation contemporaine, une façon d’habiter un monde saturé en réapprenant l’art du vide. Avec cet album, Funki Porcini ne cherche pas le spectaculaire. Il trace une ligne intime, humble et pourtant ambitieuse : celle d’une musique qui nous rappelle que ralentir, écouter, contempler reste possible. Une offrande fragile mais tenace, comme un hymne moderne pour nos temps agités.
