Disco Confessions : John Morales, une vie dans le mix

7 min de lecture

Le documentaire consacré au mythique DJ et producteur américain John Morales remporte le «Prix du public», lors de la 13e édition du Dock of the Bay Musical Documentary Film Festival, qui s’est tenue la semaine dernière à Donostia

Réalisé par Javi Senz, que l’on a découvert avec Manchester Keeps Dancing, ce nouveau film dévoile la carrière d’un DJ-producteur âgé de 65 ans. Avec des interviews à New York, Ibiza et Lanzarote, et un retour sur les terrains de basket et dans les clubs du Bronx de sa jeunesse, John Morales révèle sa passion inconditionnelle pour la musique. On y découvre les hauts et les bas d’une carrière débutée en 1975, comme DJ dans des bars et des petits clubs, mais aussi des réflexions plus intimes.

John Morales en studio
DR John Morales

À ses débuts, les disques ont un format plus court, environ 3 min. Il passe alors des heures à réaliser ses propres remixes et medleys avec un simple magnéto à bande 1/4 de pouces. Si la bande son du film va parler à beaucoup de monde, des histoires inconnues du grand public font surface. De nombreux artistes ont accepté de parler de lui, comme son amie et collaboratrice de longue date, Jocelyn Brown, ainsi que des personnalités telles que Louie Vega, Danny Krivit, DJ Spinna , DJ Spen, Kenny Dope, Joey Black, Todd Terry, Terry Hunter, Simon Dunmore ou encore Bobby Laviniere.

Dans l’ombre des stars

Avec plus de 700 mix réalisés au cours des années 70 et 80, John Morales est une véritable légende vivante de la Dance Music. Il a activement participé à l’évolution du couple “Musique et Danse” en club. Aux côtés d’incroyables remixeurs, comme Tom Moulton, il est l’un des créateurs de l’ère Disco, pionnier des techniques du montage sur bande, et des mixes plus longs dédiés aux clubs, en retravaillant complètement les chansons pour en faire des bombes prêtes à percuter les pistes de danse.

Une rencontre accélère les choses. Lorsqu’au studio de Sunshine Sound il masterise un medley, Gregory Carmichael, producteur de disco (Bumblebee Unlimited, Universal Robot Band, The, Phreek, Logg, Convertion, Inner Life…), lui propose d’aller dans son studio où, avec Patrick Adams, il enregistre l’instrumental de I’m Caught Up In a One Night Love Affair, du groupe Inner Life, interprété par Jocelyn Brown. Morales y réalise sa propre version. Joué en radio, son mix fait carton plein et est distribué par le label Prelude. S’en suivent de nombreux mixes et remixes pour Inner Life, First Choice, Instant Funk, et le label Salsoul, souvent pas crédité sur le disque…

Druide du mix club

Avec son partenaire des productions M&M, Sergio Munzibai, puis plus tard en solo, John Morales peaufine et dynamise le son d’artistes comme Jocelyn Brown, Cheryl Lynn, Margie Joseph, Evelyn Champagne King, Thelma Houston, Fatback Band, Aretha Franklin, Al Jarreau, Billy Ocean, The Commodores, Hall & Oates, The Temptations, Marvin Gaye ou encore The Rolling Stones. Dans une interview accordée à Timeout, et publiée en 2014, Morales se remémore une session assez particulière…

Extrait : Comment s’est déroulée la session avec The Rolling Stones pour Too Much Blood au début des années 80?
«Un cauchemar – si l’on oublie le fait que Mick et Keith étaient ivres – Mick Jagger a volé mon manteau. Je suppose qu’il avait accroché le sien au-dessus du mien, et quand il est parti, il l’a pris avec. Quand j’ai voulu partir à 6h30, je n’avais ni manteau ni clés de maison, plus rien. J’ai donc appelé l’un de leurs associés qui a dit: «Oui, ça arrive parfois. Faites-nous savoir comment vous rembourser ». Ce à quoi j’ai ajouté : “Non, c’est mon manteau en cuir préféré, et j’ai besoin de ce manteau.” Réponse : ” Nah.. vous ne le récupérez pas “.»

La reconnaissance

Si John Morales oeuvre dans l’ombre des groupes connus de l’industrie musicale des 80s, son style a clairement influencé de nombreux musiciens et producteurs. Aujourd’hui encore, il est une inspiration majeure pour les amateurs de dance music, mais aussi auprès des danseurs. Enfin sur le devant de la scène depuis 2009, grâce à ses compilations (BBE), John Morales tourne à travers le monde et produit encore des édits. En attendant de regarder le film, on vous conseille de lire cette interview réalisée par Hyponik.

Les membres du jury du festival, composé de Nacho Vegas, de Garbiñe Ortega et du cinéaste Koldo Almandoz, ont décerné le prix du meilleur documentaire à A Bright Ligh: Karen And The Process d’Emmanuelle Antille, consacré à Karen Dalton, chanteuse culte des années 60. Le jury a également décidé de décerner un Prix Ex Aequo à Félix In Wonderland de la Française Marie Losier, à propos de Felix Kubin et de ses expériences musicales et sonores, particulièrement avec son instrument de prédilection, le Korg MS20.

Source
Basquesondecks

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