Larry Heard et Robert Owens attaquent Trax Records

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Larry Heard et Robert Owens, pionniers de la House de Chicago, accusent Trax Records de violation du droit d’auteur et réclament 1 million de dollars

Larry Heard et Robert Owens figurent parmi les pionniers de la House de Chicago House. Selon des informations judiciaires révélées par 5 Mag, le 23 juin 2020, leurs avocats ont intenté une action en justice devant la Cour fédérale du district nord de l’Illinois contre Trax records pour violation de droit d’auteur de nombreux morceaux, comme Can You Feel It, Washing Machine. Beyond The Clouds, Bring Down The Walls, Donnie, Distant Planet et Never No More Lonely. Les dommages seraient estimés à 150 000 dollars par oeuvre contestée, pour un total d’environ 1 million de dollars.

Les artistes réclament leurs droits

Larry Heard, évidemment déçu que ses premières aventures dans le monde de la musique aient été avec un label qui s’est avéré malhonnête avec beaucoup artistes, souhaite simplement la justice et l’équité : “Peut-être que nos efforts éclaireront les nombreuses pratiques prédatrices qui sont en place depuis longtemps dans cette industrie”. Au début du mois de juin 2020, le producteur Adonis Smith a également déclaré n’avoir jamais touché un centime de la part du label, actuellement dirigé par Rachael Cain, affirmant ne pas être un cas isolé. En 2011, Jamie Principle dénonçait lui aussi des défauts de paiement, tout comme DJ Pierre (Phuture) en 2013, son titre Acid Tracks est l’une des plus grosses ventes de l’histoire de la House music.

“N’achetez pas et ne soutenez pas Trax Records ! Parce que ce label ne m’a pas payé un seul centime en 34 ans”. Basé à Chicago, Adonis, le producteur du légendaire No Way Back (1986), dénonce le comportement du label : “Trax Records ne possède aucun droit sur ma musique. Merci de partager ce post partout. Dites également à tous les distributeurs de ne pas vendre ce disque ou toute autre de mes chansons de cet horrible label. Assez, c’est assez”. Une collecte de fonds a notamment été créée par le DJ britannique Steve Morgan, elle a déjà permis de récolter plus de 11 600 Euro.

Black Artists Matter

Dans un communiqué, l’avocat Robert S. Meloni déclare que ce n’est pas la première fois que des musiciens afro-américains sont victimes de ce type de pratique abusive : “Au cours de mes 40 années de pratique du droit dans le domaine de la musique, il n’était pas rare de voir des maisons de disques ne pas respecter leurs accords avec les artistes, en particulier les artistes afro-américains”.

Il fait référence à Fat Waller, qui a pratiquement cédé ses droits sur Ain’t Misbehavin‘, pour un montant de 500 $ (250 selon d’autres versions…) afin de pouvoir sortir de prison après avoir réglé un problème de pension alimentaire. Il évoque également Little Richard qui, en 1984, a été contraint de poursuivre son label pour 112 millions de dollars, car il n’avait pas été payé de redevances depuis 1959, ou encore à Jimi Hendrix et son tristement célèbre contrat de 1965, à 1 % avec PPX. Ces pratiques abusives ont par ailleurs été abordées en 2016 par le musée Quai Branli- Jacques Chirac, avec l’exposition The Color Line, les artistes africains-américains et la ségrégation.

Imbroglio juridique

Entre 1985 et 1987, Larry Heard aurait signé quatre documents avec Larry Sherman (le fondateur de Trax records est décédé le 9 avril 2020), dont aucun n’a transféré ou cédé de droit d’auteur et qui n’incluaient pas Donnie, Never No More Lonely ou encore Distant Planet. La plainte allègue que les dépôts de droits d’auteur originaux contenaient de fausses informations, et demande au tribunal de les invalider. La plainte stipule également que plusieurs chansons ont été éditées et remixées à l’insu des artistes, y compris la création de versions dérivées par l’ajout d’autres auteurs (y compris Rachael Cain). Il existe plus d’une douzaine de versions de Can You Feel It, uniquement publiées par Trax Records.

Dans un communiqué, Rachael Cain a déclaré : “Depuis le tout début, je fais la promotion de la musique House, de TRAX Records et de nos artistes (…) En tant qu’artiste moi-même, je peux totalement comprendre et ressentir leur frustration. Depuis 2002, TRAX Records n’a aucun contrôle sur le catalogue classique TRAX que nous avons l’intention de rectifier”. Elle fait alors référence à son différent juridique avec l’investisseur canadien, Casablanca Trax, Inc. “Je voudrais qu’ils sachent que je n’ai pas eu le contrôle des classiques et que je me suis battu pour les faire payer”.

Interrogé sur les allégations de Heard et Owens concernant l’invalidation du droit d’auteur, l’avocat de Cain a déclaré qu’il n’avait pas encore eu l’occasion de se plonger dans les détails des dépôts, mais qu’il “serait surpris s’ils étaient exacts”... S’ils parviennent au bout de leur demande, les artistes vont devoir encore attendre quelques années avant de toucher leurs droits d’auteurs.

Source 5mag

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