There is only love and fear par Bex Burch

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C’est au cours de plusieurs voyages initiatiques que Bex Burch a conçus There is only love and fear, son premier album, paru le 20 octobre 2023

Compositrice, musicienne et fabricante d’instruments, Bex Burch a sauté dans sa voiture en novembre 2021, elle a traversé l’Europe pendant huit heures pour se rendre à Utrecht depuis Berlin. “La plupart du temps, la vie n’est pas comme ça. Nous sommes ici pour comprendre les choses et lutter. Mais parfois, les choses se mettent en place. Parfois, le monde est magique”, raconte l’artiste. C’est par le biais de ces voyages qu’elle élabore ses œuvres, et c’est ainsi qu’est né son album There is only love and fear

There is only love and fear

Bex Burch
Bex Burch DR

Ce périple en voiture débute donc à Berlin, où elle vivait après un long séjour à Londres, et où elle s’est fait un nom sur les scènes qui existent entre jazz et expérimentation improvisée. Le voyage s’est terminé au festival Le Guess Who ? et à l’invitation d’Alejandro Ayala, de l’International Anthem. Mais peut-être s’est-il achevé dans un studio au rez-de-chaussée du South Side de Chicago… Ou peut-être que, comme une vague traversant l’océan, les voyages se sont poursuivis jusqu’à ce que la musicienne finisse par éditer trente-deux jours de sessions d’enregistrement improvisées pour dévoiler quarante minutes vaporeuses de cet étonnant premier album solo.

There is only love and fear (Il n’y a que l’amour et la peur), c’est le son de Bex Burch en communion avec certains des meilleurs créateurs sonores de la famille élargie du label International Anthem. Parmi eux Rob Frye, qui lui a fait visiter le Gremel Wildlife Sanctuary de l’Illinois Audubon Society le lendemain de son arrivée à Chicago. Il y a aussi le batteur de Tortoise Dan Bitney et Ben LaMar Gay, qui ont tous deux accompagné Burch lors de ses premiers jours en studio, échangeant leurs harmoniques… La contrebassiste Anna Butterss et la violoniste Macie Stewart qui, si elles ont participé séparément, sont toutes deux devenues des collaboratrices clés en post-production, accentuant leurs improvisations respectives avec des ajouts de sons enregistrés à distance, et selon les instructions de Burch qui raconte : “Ce qui ressort de cet album, c’est un style de musique plus domestique : la simplicité de la vie et de la création sonore. Le mot que j’hésite à utiliser est “féminin”, mais il est vrai, et je le revendique dans toute sa puissance.”

Il n’y a que l’amour et la peur

Elle décrit son univers sonore comme un “minimalisme désordonné”. Les douze morceaux permettent, selon leurs ambiances, d’accéder à nos propres sentiments. Cet album accueille également le son du monde naturel : des pigeons ramiers “hip as fuck” et des rossignols résonnants enregistrés dans les parcs et les forêts de Berlin, mais aussi des vagues rêveuses s’échouant sur le sable de la côte baltique de l’île de Rügen, pour l’inoubliable morceau de clôture When Love Begins.

Il y a eu ce moment d’ignition, dit-elle à propos de You thought you were free, le milieu de l’album aux couleurs de carnaval. Une alerte à la tornade, les téléphones sonnent et indiquent : “allez au sous-sol”. Les musiciens ont alors collectivement haussé les épaules, jusqu’à ce que les ondes sonores des sirènes commencent à traverser les murs du studio. “J’ai monté l’un des micros pour capter le tonnerre et la pluie sous la lucarne”, raconte-t-elle. “J’avais vraiment peur, non seulement à cause de l’orage, mais aussi parce que j’étais nerveuse. J’essayais de rester ouverte et d’être consciente du fait que je ne savais pas à quoi m’attendre – et que cela signifie s’abandonner. Cette présence sur le fil du rasoir était vraiment intense. Nous avons tous joué le jeu”.

Il a été possible de jouer jusqu’au bout, du moins en partie, grâce à une pratique de 90 jours que Burch appelle Dawn blessings (bénédictions de l’aube), qui a également fourni certains des “sons entendus” qui dansent autour de la musique générée au cours de ces enregistrements collaboratifs. Cette pratique fait référence à un ami appelé Dawn, et non au lever du jour, bien qu’au moins une des bénédictions de Dawn qui a abouti sur There is only love and fear ait été enregistrée lorsque le soleil s’est levé. Les Dawn blessings demandaient à Burch de faire un morceau de musique par jour, en réponse à la question suivante : “Quels sont les sons que j’aime aujourd’hui ?”

“Mon intention était de cultiver ce sentiment d’expansion et de magie que j’ai ressenti lorsque j’ai été invité aux États-Unis. La musique est déjà là, et je dois me laisser aller et me permettre d’y participer. La pratique de 90 jours visait à renforcer ce muscle”. 

There is only love and fear

Mme Burch a vécu trois ans au Ghana, dont 18 mois d’apprentissage de la fabrication d’instruments, dans l’Upper West du pays, auprès du maître joueur de gyil Thomas Sekgura. Le nouvel instrument ne s’inscrit pas dans une tradition particulière, mais les harmoniques sont accordées pour maximiser la résonance. Il a été fabriqué en collaboration avec Jamie Linwood à Stroud, dans le sud-ouest de l’Angleterre. “La question “quels sont les sons que j’aime aujourd’hui ?” m’a fait penser aux harmoniques, et c’est le premier instrument que je fabrique en fonction de ce que j’ai envie d’entendre. Il se trouve que ce disque est le premier à le mettre en valeur”.

C’est un véritable baptême : une expression résonnante, respectueuse et super chaleureuse de l’asymétrie, de la répétitivité et de l’espace. L’énergie envoyée dans le monde lorsque Bex Burch a tourné la clé de contact de sa voiture et s’est rendue à Utrecht a finalement atterri sur la plage, sous la forme de There is only love and fear (Il n’y a que l’amour et la peur). “Il s’agit de choisir d’agir avec amour et de choisir de ne pas mettre plus de force ou de peur dans le monde, imaginez que je nage : au lieu de laisser un sillage d’amour derrière moi, je le pousse devant moi, et tout autour de moi également, sans hiérarchie, au-delà du linéaire et du binaire. Nous pouvons élever les gens lorsque nous faisons cela”.

Source : Liner Notes by Emma Warren

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