L'album Magic Seeds

Avec Magic Seeds, Leifur James expérimente la renaissance

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Avec Magic Seeds, son troisième album paru le 8 novembre 2024, Leifur James dépasse les frontières de l’électronique expérimentale pour offrir une œuvre ambitieuse

Au cours des dernières années, James s’est bâti une réputation comme nouvelle voix essentielle de la musique électronique des deux côtés de l’Atlantique. Il a joué dans des salles prestigieuses à Londres, comme le Barbican et le Village Underground. Il a également fait une tournée en Europe, et a été nommé « meilleure nouvelle musique » par Pitchfork et KCRW aux États-Unis. Sa musique a été défendue par des créateurs de tendances comme Gilles Peterson, Mary Anne Hobbs, Bradley Zero et l’acteur Cillian Murphy, ainsi que par BBC 6Music et NTS… Découvrez le nouvel album de Leifur James, Magic Seeds, un disque ambitieux qui fonctionne aussi bien dans des espaces ouverts que dans des clubs humides, un collage sonore des dernières années de l’artiste…

Magic Seeds

Photo de LeifurJames
Leifur James DR

Les conventions ?  Leifur James s’en accommode au point de les défier. Son premier album, Louder Silence (2018), mélangeait habilement des influences IDM et avant-gardistes minimalistes avec une voix inspirée de Nina Simone. Il voulait immortaliser les soirées enivrantes du club Londonien Plastic People – où des DJ comme Floating Points jouaient du jazz au milieu d’un set – et l’a suivi avec un EP de remix, mettant en vedette des personnes comme Bruce, FaltyDL et Coby Sey. Un an plus tard, il sort Wurlitzer un titre crescendo inquiétant de piano néo-classique et de sub basse qui évoque Aphex Twin et Nils Frahm au Berghain, acclamé dans les festivals de cinéma grâce à son visuel réalisé par le hongrois Balázs Simon. Avec son deuxième album électronique, Angel In Disguise (2020), James a continué à développer l’aspect expérimental. L’opus a attiré l’attention du monde de la dance music, gagnant les éloges de Mixmag, CRACK et DJ Mag ; James a été invité à l’interpréter dans son intégralité sur Boiler Room.

Magic Seeds, son troisième album, est une sorte de renaissance, son projet le plus ambitieux à ce jour. Au début du processus d’enregistrement, James est allé en studio à Londres, il a joué du clavier aux côtés du batteur Leo Taylor (The Invisible), du violoniste Raven Bush (Speakers Corner Quartet) et du producteur/ingénieur Oli Bayston (dont les récents travaux incluent ceux de Kelly Lee Owens). « Nous étions juste quatre dans une pièce pendant une journée, à improviser et à profiter du plaisir de jouer ensemble. Je pensais au disque de Talk Talk, Spirit of Eden, à la façon dont ils l’ont écrit pendant des mois dans le noir, puis l’ont fortement édité par la suite. Je voulais cette sensation d’une vraie salle de musiciens, plutôt que d’utiliser des échantillons ». James s’est lancé dans une tâche gigantesque, celle qui consiste à éditer ces sessions en chansons lorsqu’il a émigré à Lisbonne en 2022. Seul, dans un nouvel endroit, il a pu se concentrer et tout réarranger avec une précision laser pendant les deux années qui ont suivi.

Les enregistrements live, ainsi que les synthétiseurs analogiques, confèrent à l’album une pulsation organique et une souplesse rythmique, tandis que son atmosphère caverneuse et ses couches granuleuses rappellent les géants du trip-hop Massive Attack, mais aussi et le producteur de hip-hop Madlib. Le morceau d’ouverture, et premier single, Smoke in the Air plante le décor, spectral, doucement hypnotique. Il y a souvent des références littéraires et artistiques dans la musique de James mais, ici, il s’agissait de Barren Romance extrait du film Portrait of a Lady on Fire. Beaucoup de chansons de Magic Seeds évoquent les merveilles du monde, la nature mais aussi la menace qui pèse sur celle-ci, soulignées par une basse granuleuse influencée par les travaux de DJ Shadow. L’album a un sentiment d’appréhension, ainsi qu’une légèreté qui vous entraîne jusqu’au bout. Cet album, fruit d’une réinvention personnelle, explore la beauté et la fragilité du monde.

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