LP Re- Case Studies

Re: Case Studies : quand les machines rêvent et que la poussière répond

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Né d’un hasard heureux, Re: Case Studies réunit deux orfèvres du minimalisme sonore pour une œuvre suspendue entre abstraction numérique et poésie analogique ; un dialogue à distance d’une rare délicatesse

Fruit d’un échange différé entre Taylor Deupree et The Humble Bee, Re: Case Studies assemble textures numériques et fragments analogiques dans un dialogue tout en retenue. Né d’un projet solo inachevé, l’album devient une œuvre commune suspendue dans le temps, entre abstraction et émotion discrète. Une leçon de minimalisme poétique, qui redonne du souffle à l’ambient contemporaine ; découvrez Re: Case Studies…

Une conversation musicale différée, fragile et organique

Photo Taylor Deupree
Taylor Deupree DR

Loin d’un album pensé à deux têtes dès ses premières esquisses, Re: Case Studies est né d’un hasard, ou plutôt d’un flottement. Taylor Deupree avait composé une série de pièces abstraites fondées sur des boucles de feedback – expérimentations sonores tenues, presque auto-génératives, que l’artiste trouvait à la fois abouties… et étrangement inachevées. Plutôt que de les publier telles quelles, il choisit de les ouvrir à un autre regard, une autre oreille : celle de Craig Tattersall, alias The Humble Bee, figure de la micro-ambiance poétique et artisanale.

Le résultat n’est pas une juxtaposition, ni une simple relecture, mais une forme de collaboration différée où l’un initie un mouvement que l’autre poursuit sans trahir l’élan initial. Les textures numériques de Deupree – feutrées, minimales, oscillant entre fréquences instables et silences tactiles – trouvent chez The Humble Bee un contrepoint fragile fait de bruissements analogiques, de touches de piano désaccordées, de magnétophones à la bande usée.

Photo The Humble Bee
The Humble Bee DR

Re: Case Studies évoque un laboratoire de sons intimes, où chaque souffle, chaque résonance semble surgir d’un lieu abandonné, entre oubli et présence. C’est un disque de tension douce, où le temps semble suspendu, distendu, presque effacé. Une œuvre à écouter dans la pénombre, comme on feuillette un carnet de notes cryptées. Plutôt qu’une fusion éclatante, Deupree et Tattersall livrent une forme rare de discrétion partagée, où deux solitudes musicales se frôlent et s’accordent dans le retrait. Un album à la beauté souterraine, fidèle à l’esthétique du label 12k, mais qui s’en détache aussi par son caractère résolument introspectif et accidentel ; remarquable.

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