De l’Atari 2600 aux cinémas indépendants, le duo dévoile les secrets d’un disque labyrinthique, entre improvisation débridée et minimalisme calculé. Mark Pritchard raconte comment Thom Yorke a enfin rejoint le légendaire label Warp – et pourquoi une vieille boîte à rythmes peut tout changer
Dans une interview exclusive pour les inrocks, Mark Pritchard, producteur et collaborateur de Thom Yorke, dévoile les secrets de leur album commun Tall Tales, sorti sous le label Warp. Pritchard souligne la volonté du duo de sortir des sentiers battus, tant sur le plan musical que visuel. Plutôt que de miser sur des clips traditionnels, ils ont opté pour une série de visualizers conçus par l’artiste Jonathan Zawada, destinés à être projetés dans des cinémas indépendants. Une approche ambitieuse à contre-courant de l’ère des playlists, mais qui, selon Pritchard, renforce l’impact émotionnel des morceaux, comme Gangsters, initialement jugé trop nerveux avant d’être réhabilité par la puissance de l’image ; découvrez Tall Tales…
Tall Tales

Entre improvisation et contraintes créatives, l’album se distingue par ses expérimentations sonores, mêlant instruments vintage et imperfections assumées. Pritchard évoque l’utilisation d’un Suzuki Omnichord ou d’un synthétiseur Atari 2600, des choix qui ont surpris Yorke mais ont nourri l’identité du projet. « C’est libérateur de travailler avec des machines instables », confie-t-il, insistant sur l’importance des limites pour stimuler la créativité. Les morceaux A Fake in a Faker’s World et The White Cliffs illustrent cette philosophie : le premier est né d’une improvisation épurée, tandis que le second a demandé un équilibre minutieux entre minimalisme et variations subtiles.

Une collaboration qui puise ses racines dans une admiration mutuelle. Si leur rencontre remonte à un concert de Radiohead en Australie, leur complicité artistique s’est affirmée au fil des échanges, malgré des premiers essais infructueux. Pritchard révèle que Happy Days a été la première piste validée par Yorke, marquant le vrai départ de Tall Tales. Il salue aussi l’expertise du chanteur en production électronique, évoquant ses murs de modules Eurorack et son approche intuitive des textures sonores. En conclusion, Pritchard cite Brian Eno, une influence majeure, pour qui « le son précède la mélodie » – une maxime qui résonne avec leur processus de création ; l’imperfection devient une force et fait de leur album un délice.