Pour ses 25 ans, le label Neroli poursuit un mouvement entamé sans fracas : prendre le temps. Avec The Second Circle, paru le 1er décembre 2025, Volcov ne célèbre pas un anniversaire, il prolonge une écoute. Une compilation pensée comme un espace, plus que comme un objet
Avec The Second Circle, Neroli prolonge un geste entamé cinq ans plus tôt : prendre le temps, sans rupture ni emphase. Pensée comme la suite naturelle de The First Circle, cette compilation anniversaire ne cherche ni l’exhaustivité ni l’effet de signature, mais rassemble artistes fidèles et nouveaux venus autour d’une même attention portée aux textures, aux durées étirées et à une écoute sans urgence. Sous l’impulsion de Volcov, le disque s’inscrit dans une continuité assumée, où l’ambient dialogue avec des zones plus introspectives venues de Detroit, sans jamais céder à la nostalgie. Plus qu’un bilan, The Second Circle fonctionne comme un point de passage : un disque discret, cohérent, qui prolonge un cercle sans le figer et laisse la musique respirer avant la suite…
Un nom, une ligne de fuite
Volcov DR
Fondé en 2000 par Volcov, Neroli emprunte son nom à Neroli, l’album ambient publié en 1993 par Brian Eno. Une œuvre d’une heure, inspirée par l’huile essentielle de fleur d’oranger, pensée comme un environnement sonore plutôt qu’un récit. Chez Neroli, cette référence n’a jamais servi de décor. Elle a imposé une ligne : durées étirées, attention aux textures, refus de la démonstration. Une musique qui ne cherche pas à occuper l’espace, mais à l’habiter. En 2020, après vingt ans d’activité et près de cinquante sorties, Volcov pose une première borne avec The First Circle. Une compilation introspective, réunissant des artistes déjà proches du label. Pas de synthèse spectaculaire : un retour au calme, aux mélodies lentes, à une musique de suspension plutôt que de tension. Le disque ne clôt rien. Il installe un cycle.
« Je ne cherche pas à documenter une scène, mais à préserver un état d’écoute. » — Volcov, entretien Neroli Records, 2025.
Claude Young Jr, l’impulsion
Claude Young DR
La suite naît d’un geste simple. Après avoir écouté The First Circle, Claude Young Jr écrit à Volcov : s’il devait y avoir un second volume, il aimerait en être. Rien de programmatique. Juste une évidence. Son morceau sera le premier livré, et il ouvre la compilation. Une pièce ample, sans battement, héritière autant de l’ambient que des zones les plus contemplatives de Detroit. Elle fixe d’emblée la tonalité : retenue, profondeur, absence d’urgence. Un cercle élargi, sans rupture. Autour de cette impulsion, The Second Circle s’élargit naturellement. De nouveaux noms apparaissent, Jordan GCZ, Other Lands, Stephen Lopkin, Zopelar, Meftah, sans effet de contraste. En parallèle, Neroli prolonge des relations de long terme avec Nu Era, Lar Bartkuhn, Molinaro ou EDB. La présence de Joe Claussell s’impose avec la même évidence. Séduit par le premier volume, le New-Yorkais livre ici une pièce habitée, spirituelle sans emphase, parfaitement accordée à l’ensemble.
Une écoute qui glisse : à l’écoute, la compilation progresse par glissements successifs. Nappes immobiles, cordes lumineuses, électroniques obliques, zones beatless aux résonances detroit. Tout circule. The Second Circle privilégie la continuité à la démonstration. Une musique pensée pour l’écoute attentive, souvent domestique, presque intérieure. Un disque qui ne demande pas d’être compris, mais traversé. Avec The Second Circle, Neroli rappelle qu’un label peut durer sans se figer, et célébrer sans s’exhiber. Un disque discret, tenu, qui prolonge un cercle sans jamais chercher à le fermer. Et qui laisse, volontairement, la place au suivant.