Félicia Atkinson poursuit son travail de l’écoute dans le champ de l’Art. Son nouvel album met en exergue la dualité des espaces et des êtres
La musique de Felicia Atkinson place toujours l’auditeur quelque part en particulier : “en ouvrant la fenêtre, je regarde la lumière, elle me relie à quelque chose de plus vaste.” Image Language est un disque environnemental où l’on se perd dans des lieux imaginaires et réels, mettant en avant le concept de soi enchevêtré avec les douceurs et les douleurs du reste du monde ! Félicia Atkinson est une musicienne française, son travail musical est publié par Shelter Press et Mute Song…
Image Language
Deux catégories de lieux sont importantes pour l’album Image Language : la maison et le paysage, dedans et dehors, soit les différentes manières d’orienter un corps vers le monde. La musicienne a réalisé ce disque en divers lieux, aux abords du lac Léman lors d’une résidence à La Becque en Suisse, mais aussi chez elle, sur la côte sauvage de Normandie. Avec la normalisation du concept home studio, la musicienne revisite les femmes artistes du XXe siècle, plus précisément celles qui ont choisi, et qui ont été choisies par, leur maison comme lieu de travail. Par exemple, les retraites dans le désert d’Agnes Martin et de Georgia O’Keefe, la vie et la mort de Sylvia Plath…
Construire un disque, c’est comme construire une maison : une structure dans laquelle on peut se retrouver, chaque pièce une chanson avec sa propre fonction dans le projet de la vie quotidienne.
Image Language est une écoute de l’immédiat, quelque chose en rapport avec la visite d’une maison au bord de la mer, ou partager le même terrain… Le travail d’Atkinson permet de voir, d’appréhender un double sonore des lieux où ils se sont produits. La dualité, comme une paire de voix émergeant de l’obscurité primaire du piano et de l’orgue, accompagnant l’auditeur au bord d’un bassin réfléchissant tel un miroir cosmique.
L’écoute dans le champ de l’Art
Image Language s’apparente à un théâtre où l’enchevêtrement de formes vacillantes et de divers supports éclairent peu à peu l’obscurité d’où nous venons. Parfois, un orchestre noirâtre bourdonne autour d’un collage d’images vocales, l’auditeur étant alors face au temps, à l’espace et à ses subjectivités… Atkinson dit que cet album sonne comme le faux titre d’un faux film de Godard. La cinématographie fait effectivement partie du travail d’Atkinson, non pas que cela ressemble au scénario d’une œuvre connue, mais bien parce qu’il produit ses propres images, avec un langage et ses récits, dans une construction délibérée et dimensionnelle.
L’album est construit à partir d’instruments enregistrés, field recording et images sonores d’instruments évoqués à partir d’un clavier, où Atkinson traite ses instruments comme des personnages, ce qu’elle appelle “un fantasme d’un orchestre qui n’existe pas”. La voix officie telle une ancre d’écriture, un brin de présence texturale. Son discours spacieux et glissant se nourrit des profondeurs de la composition, changeant les formes, canalisant les voix d’un nombre quelconque d’êtres, de subjectivités ou d’éléments de son environnement, un peu comme son clavier midi, capable de parler comme une vaste gamme d’instruments, de s’exprimer comme nous tous·tes