Original Flow : Chapter One de Mo Kolours

Mo Kolours présente Original Flow : Chapter One

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Paru en novembre 2023 sur le label We Release Jazz, Original Flow : Chapter One, est la première partie du nouveau projet de Mo Kolours

Il y a cinq ans, Deenmamode déménage dans la campagne japonaise. Loin de toute familiarité, il contemple son lieu de vie et s’interroge sur son identité. “Je n’avais personne de mon entourage. J’ai eu le temps de trouver ce qui me fait vibrer musicalement. Le Japon m’a aidé à revenir à ces tendances subconscientes, à aller en profondeur et à refléter les aspects qui constituent mon histoire”. Joseph Deenmamode, aka Mo Kolours, présente donc une nouvelle œuvre passionnante, intitulée “Original Flow“, dont le premier chapitre est composé de dix titres…

Original Flow : Chapter One

Mo Kolours
DR Mo Kolours

A son actif, un catalogue de disques acclamés par la critique, comprenant un premier album éponyme en 2014, puis Texture Like Like Sun (2015), Inner Symbols (2018) ainsi que trois EPs complémentaires. Deenmamode est un musicien remarquable et un prodigieux vocaliste. Pitchfork a notamment vanté ses “grooves dance hypnotiques et tribaux”, DJ Mag a apprécié la “célébration colorée de la culture soundsystem”, et Resident Advisor a défendu l’idée que “personne ne sonne tout à fait comme Mo Kolours”. The Guardian a établi des analogies musicales : “Le meilleur album que Curtis Mayfield n’ait jamais fait avec A Tribe Called Quest et Lee Perry” et Mojo l’a qualifié de “Marvin Gaye produit par J Dilla… En à peine une décennie, l’artiste a imposé sa griffe, unique.

Les morceaux de ce nouveau disque ont été construits à partir de sessions, c’est-à-dire d’improvisations et d’extraits sonores, capturées au grès de ses voyages. Au cours de ces périodes, de belles contributions se sont greffées, comme celles avec les frères de Deenamode, Reginald Omas Mamode et Jeen Bassa, ainsi que Andrew Ashong, Charles Bullen, Dwaye Kilvington, Eddie Hick, Stefan Asanovic, Myele Manzanza, Ross Hughes et Tom Dreissler. Deenamode déclare : “Je suis fier du processus de création de cet album. Issu d’une tradition qui consiste à parcourir des heures de disques, je voulais créer mes propres samples, trouver la boucle parfaite sur laquelle aucun autre producteur ne pouvait mettre la main. J’ai décidé d’inviter un groupe d’amis et de connaissances, qui sont aussi d’incroyables musiciens, dans un studio de Crystal Palace pour improviser sur la base d’idées libres que j’avais. Nous avons passé la journée à tout enregistrer”.

Amateurs d’étiquettes musicales accrochez-vous, Original Flow est un album de UK street-soul nouveau, de future fusion de jazz indigène, de Rasta Segga, de jazz Nyahbinghi et de hip-hop hébreu malgache. Tout en conservant un esprit d’exploration et d’improvisation, ce travail voit surtout Deenmamode grandir et s’épanouir au-delà de la brièveté de la bande rythmique, en élargissant la composition et en étirant ses muscles musicaux pour jouer en direct avec d’autres musiciens. Les thèmes de l’autonomie, du dépassement de l’adversité et de la libération mentale coexistent avec des notes tirées de l’histoire ancienne, du futurisme et de la science, ainsi qu’avec des réflexions sur la famille et l’unité.

Magik Momentum découle d’une discussion qui figure au début de la chanson, un mentor inspirant répondant à une question de Deenmamode sur l’improvisation et le rôle qu’elle joue dans la vie lorsqu’il s’agit de planifier et de manifester l’avenir. Rockets to Mars remet en question le manque de soins apportés aux milliards de personnes qui n’ont rien, alors que les gouvernements prévoient d’explorer l’espace. “Cela m’a fait penser à une chanson de Sonny Okuson à laquelle je faisais référence lorsque je jouais. La chanson d’Okuson parlait du manque de ressources dans de nombreuses communautés dans le monde, alors que les gouvernements vont sur la lune”.

Deenamode aka Mo Kolours

Mo Kolours déclare que la musique qui se cache derrière The News These Days est probablement sa préférée de l’album. Bouclée comme un sample de jazz-fusion de la fin des années soixante, il n’y a rien ajouté et le morceau a été terminé en quelques minutes : “C’était le premier et le meilleur moment de toute la session du Crystal Palace”. Le titre de l’album, qui contraste avec l’instrumentation minimale, est joué en solo par Deenamode.

Porté par un beat britannique, des congas cubains et des inflexions nigérianes et mauriciennes, Love Vibration suit le concept selon lequel toutes les émotions ont une fréquence vibratoire et rend hommage à la fréquence de la création et au pouvoir de l’amour. En deux parties, Tatamaka raconte l’histoire des ancêtres de Deenmamode, les marrons de l’île Maurice. Nous sommes un peuple qui a réussi à fuir ses oppresseurs et à se réfugier dans un coin de l’île appelé Le Morne, où ils ne pouvaient pas nous atteindre. Un jour, ils sont venus en nombre pour nous capturer à nouveau, pour se venger. Beaucoup d’entre nous ont choisi de sauter vers la mort, plutôt que d’être ramenés à la soumission. Le poème du créole Richard Sedley Assonne dit : “Ils étaient des centaines, mais mon peuple, les marrons, a préféré le baiser de la mort aux chaînes de l’esclavage”. Tatamaka était le nom d’un célèbre chef marron qui a été assassiné pour avoir revendiqué sa liberté et celle de notre peuple. La chanson raconte le voyage imaginaire d’un ancêtre des marrons du Morne vers la fuite et la liberté”.

Né dans les West Midlands, Deenmamode a grandi avec la musique traditionnelle sega de l’île Maurice, pays de son père situé dans l’océan Indien, et des disques de Jimi Hendrix, Santana et Michael Jackson. Ses influences se sont élargies avec les soirées jungle et drum and bass de la fin des années 90 à Bristol, ses expériences à l’école d’art de Camberwell et la riche culture de Peckham, “à l’époque, nous l’appelions le quartier afro de Londres”, dit Deenmamode, qui a ajouté le hip hop, le dub, la soul et les styles de soundsystem à son son personnel.

Il explique : “J’aime la musique des tambours, des tambours à main aux 808. J’aime la musique du passé ancien, la musique du patrimoine, la musique indigène, la musique traditionnelle transmise depuis la nuit des temps. La musique du corps, les battements de mains, les grognements et les battements de pieds. La musique avec une profondeur audible, occupée, animée, très chargée. La musique de l’âme, la musique de l’au-delà. J’aime la musique des îles et des montagnes. La musique de la rue, la musique de l’agitation, les rythmes des ruelles. La musique des clubs”.

Il décrit son processus de création comme une pensée en images. “Le monde visuel et le monde sonore semblent s’entremêler dans mon processus de pensée. Lorsque je joue du tambour les yeux fermés, un monde d’images danse et bouge avec le rythme. En jouant du tambour de manière improvisée, j’ai l’impression d’écouter ce que je veux entendre, plutôt que d’essayer de jouer ce que je veux entendre. Je suis le rythme et je trouve de nouvelles voies pour marcher dans les motifs. De cette manière, j’ai souvent l’impression de n’être qu’un auditeur, plutôt qu’un joueur”. La deuxième partie de ce projet, Original Flow : Chapter Two, sortira sous la forme d’un double album en vinyle et en CD, en 2024 sur We Release Jazz.

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